Selon Le Monde du 1er novembre 2023, le Togo s’est imposé sur la scène diplomatique africaine grâce à la « médiation et tolérance » prônée par le président Faure Gnassingbé. Pourtant, en interne, le régime s’est mué en « trompe-l’œil » autoritaire depuis 18 ans au pouvoir.
A l’occasion du Forum sur la paix à Lomé fin octobre, Gnassingbé a fait valoir sa stature de médiateur auprès des juntes maliennes, burkinabè et nigériennes, pour le plus grand plaisir de la diplomatie togolaise qui loue sa « discrétion ».
Pourtant, sitôt les invités partis, les avocats d’opposants ont été empêchés de tenir conférence de presse, témoignant du « paradoxe » Gnassingbé selon l’historien Michel Goeh-Akue: « médiation dehors, régime militaire chez lui ».
Fils du général Eyadema, premier président togolais, Faure Gnassingbé est désormais le doyen des chefs d’Etat ouest-africains avec 18 ans au pouvoir, après une répression sanglante en 2005.
Dès lors, sa diplomatie a servi sa longévité en développant des relations privilégiées avec les dirigeants sahéliens, à l’instar de sa médiation pour la libération des 49 soldats ivoiriens au Mali début 2023.
Aujourd’hui, c’est sa base aérienne de Niamtougou qui sert de « hub » aux échanges discrets avec les juntes, quand le port de Lomé voit transiter pour le Sahel plus de 15 000 conteneurs malgré les embargos ouest-africains. Un « pragmatisme » nécessaire aux intérêts togolais, plaident les autorités.
Mais en interne, le régime verrouille tout. Selon Amnesty International, « il est devenu impossible de manifester » face à la répression et à des élections « dont les résultats ne sont jamais proclamés ». Sous couvert d’unité africaine, Faure Gnassingbé entend préserver sa longévité autoritaire, au grand dam de l’opposition togolaise.
Brice Folarinwa
Laisser un commentaire