Un des plus importants dirigeants de l’opposition indienne a été placé en détention provisoire vendredi après son arrestation la veille dans une affaire qui, selon ses partisans, vise à écarter les adversaires du Premier ministre Narendra Modi avant les élections générales du mois prochain.
Arvind Kejriwal, ministre en chef de la capitale Delhi, est l’un des leaders d’une alliance d’opposition formée pour rivaliser avec M. Modi, arrêté dans le cadre d’une longue enquête pour corruption.
M. Kejriwal a comparu vendredi devant un tribunal de New Delhi, qui a jugé qu’il devait rester en détention provisoire sous la garde de l’Enforcement Direction, la principale agence indienne d’enquête sur les crimes financiers, jusqu’au 28 mars au moins.
« Ma vie est consacrée au pays, que je sois à l’intérieur ou à l’extérieur », a déclaré Kejriwal aux journalistes alors qu’il était conduit dans la salle d’audience avant le début de l’audience.
Shadan Farasat, membre de l’équipe juridique de M. Kejriwal, a déclaré à l’AFP que ses collègues réfléchissaient à la ligne d’action à tenir après le placement en détention.
Son parti Aam Aadmi (AAP) affirme que M. Kejriwal n’a pas démissionné de son poste de ministre en chef malgré son arrestation.
« Nous avons clairement indiqué dès le début que si nécessaire, Arvind Kejriwal dirigerait le gouvernement depuis sa prison », a déclaré jeudi à la presse la ministre de l’Éducation de Delhi, Atishi Marlena Singh.
Il fait partie des nombreux dirigeants du bloc faisant l’objet d’une enquête criminelle et l’un de ses collègues a qualifié son arrestation de « complot politique » orchestré par le parti au pouvoir Bharatiya Janata (BJP).
Des centaines de partisans de son parti AAP sont descendus dans la rue vendredi pour protester et la police a dispersé une foule de manifestants qui tentaient de bloquer une intersection routière très fréquentée.
अखण्ड ईमानदार @ArvindKejriwal जी। 😂 pic.twitter.com/42AXVhkdlF
— Ach. Ankur Arya Official (@AchAnkurArya) March 23, 2024
Plusieurs manifestants ont été arrêtés, dont la ministre de l’Éducation de Delhi, Atishi Marlena Singh, et le ministre de la Santé, Saurabh Bhardwaj.
Le gouvernement de M. Kejriwal a été accusé de corruption dans l’attribution en 2021 de licences privées de vente d’alcool.
Cette politique de libéralisation a été interrompue en 2022 et l’enquête qui a suivi sur la corruption présumée dans l’attribution des licences a abouti à l’emprisonnement de deux membres importants de l’AAP.
M. Kejriwal, 55 ans, ministre en chef de Delhi pendant près d’une décennie, avait résisté à plusieurs convocations de la Direction de l’application des lois pour être interrogé dans le cadre de l’enquête.
Il fait partie des principaux dirigeants de l’opposition objets d’enquêtes criminelles dont les partisans affirment qu’elles sont motivées par des considérations politiques
Massive Massive protests erupted in Punjab over arrest of Arvind Kejriwal
Life has come to standstill pic.twitter.com/2J45cn5uAp
— Flt Lt Anoop Verma (Retd.) 🇮🇳 (@FltLtAnoopVerma) March 23, 2024
« Nous avons clairement indiqué dès le début que si nécessaire, Arvind Kejriwal dirigerait le gouvernement depuis sa prison », a declaré Mme Singh aux journalistes.
« Dégradation de la démocratie »
Le ministre en chef du Tamil Nadu, M.K. Staline, un autre membre du bloc d’opposition, a déclaré que l’arrestation de M. Kejriwal « ressemble à une chasse aux sorcières désespérée ».
<p>Graphique montrant les dons totaux reçus sous forme d’obligations électorales par différents partis politiques indiens entre avril 2019 et janvier 2024, selon la Commission électorale indienne</p>
Mais Rajeev Chandrashekhar, ministre du gouvernement Modi, a répondu que la réaction de l’opposition à l’arrestation de Kejriwal était « extrêmement surprenante ».
« Arvind Kejriwal devrait comprendre (…) que les conséquences de sa violation ne s’arrêtent pas simplement parce que vous êtes un leader politique », a-t-il déclaré à l’agence de presse Press Trust of India.
Les opposants politiques de M. Modi et les groupes de défense des droits internationaux tirent depuis longtemps la sonnette d’alarme sur le rétrécissement de l’espace démocratique en Inde.
Le groupe de réflexion américain sur la démocratie Freedom House a estimé cette année que le BJP avait « de plus en plus instrumentalisé les institutions gouvernementales pour cibler ses opposants politiques ».
Rahul Gandhi, membre du Congrès, principal parti d’opposition et descendant d’une dynastie qui a dominé la politique indienne pendant des décennies, a été reconnu coupable de diffamation l’an dernier à la suite d’une plainte déposée par un membre du parti de M. Modi.
L’AAP, le Congrès et une vingtaine d’autres partis ont formé une coalition d’opposition en vue du scrutin qui se déroulera entre avril et juin.
Une délégation du bloc a rencontré vendredi la commission électorale indienne pour condamner ce qu’elle a qualifié de tentatives délibérées visant à saper la campagne de l’opposition.
De nombreux analystes considèrent la réélection de Narendra Modi comme acquise, en partie en raison de la résonance de sa politique nationaliste hindoue affirmée auprès des membres de la confession majoritaire du pays.
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