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Appel au dialogue politique: Ousmane Sonko disqualifie Macky Sall

En point de presse tenu hier, lundi 1er mai 2023, Ousmane Sonko a soutenu mordicus, que le dialogue esquissé par Macky Sall vise deux objectifs : « liquider ou isoler Ousmane Sonko et le Pastef », et également «valider une troisième candidature anticonstitutionnelle».

Sous rapport, le leader de Pastef appelle toutes les forces vives, le F24 en particulier, Yewwi Askan Wi, la société civile et tous ceux qui se battent pour des principes à ne pas accepter cette «tentative d’avilissement» de l’engagement politique.

«A chaque fois que Macky Sall appelle à un dialogue politique, c’est qu’il a des objectifs », dixit Ousmane Sonko, en conférence de presse hier, lundi 1er mai 2023.

Selon lui, « Macky Sall a dit qu’il n’y a aucun problème au Sénégal. Qu’il n’y a pas de prisonniers politiques. Pourquoi dialoguer ? Qu’à cela ne tienne, on lui accorde cela. Mais la première question que je pose, c’est que que sont devenues les conclusions des dialogues précédents ? Nous ne sommes pas des amnésiques », soutient-il, avant d’interpeller l’opposition.

« Macky Sall se dit que dans l’opposition, il y’en a qui sont obnubilés par le parrainage, donc je vais leur faire miroite le parrainage. Venez au dialogue, je fais des réaménagements sur le parrainage. C’est son calcul à lui. A d’autres, il promet une amnistie. Il parait que des gens travaillent d’arrache-pied d’ailleurs.

Il y a des gens qui crient partout mais nous savons qu’ils sont en train de finaliser et de travailler sur l’amnistie».

Poursuivant, le leader de Pastef dira : « Quand il s’agit maintenant de Pastef de Ousmane Sonko, il se dit: je vais faire le maximum de prisonniers politiques et je vais lui ouvrir un tas de dossiers judiciaires pour lui dire « bo gnowoul sa yaye aayé » mais il se trompe. Nous, on ne subit jamais de chantage. Et on n’en négociera jamais avec un pistolet à la trempe.

C’est une question de dignité et d’honneur. Tout ce qu’il est en train de faire, c’était pour avoir une monnaie d’échange, en se disant que s’ils viennent, je libère les prisonniers, je dis aux gens de lever le coude un peu par rapport au dossier judiciaire. Nous, on ne fonctionne pas comme ça ».

Et le chef de Pastef de dire sans fioritures : «L’appel au dialogue actuellement pour le peu qu’on en sait, sur ce format actuel du côté de Macky Sall, est un appel au dialogue pour liquider ou isoler Ousmane Sonko et le Pastef premièrement. Essayer de casser l’opposition en donnant un bonbon à chacun pour isoler Ousmane Sonko». Qui plus est, estime le maire de Ziguinchor, « Le dialogue tel qu’il est conçu pour le moment est un dialogue pour valider une troisième candidature anticonstitutionnelle ».

Selon Sonko, pour arriver à ces deux objectifs, Macky Sall essaie de faire miroiter des concessions à la classe politique sénégalaise.

Certifiant que ces « deals d’un autre âge » ont coûté trop cher au pays, Ousmane Sonko finira par lancer « un appel à toutes les forces vives regroupées au sein du F24, à notre coalition, à tous les Sénégalais, à tous ces Sénégalais debout dans leurs domaines, à vous la jeunesse sénégalaise, pour que nous ne rations pas encore ce virage, pour nous soyons debout pour ce pays, pour que nous soyons prêts à faire les sacrifices qu’il faut pour sauver notre pays de la cupidité, de la boulimie, de l’amour inconsidéré pour le pouvoir. Cela relève de la volonté de chacun et de chacune de nous tous sénégalais », conclut l’opposant.

Ousmane Sonko affirme avoir été visé par «un gaz toxique mortel»
L’opposant sénégalais Ousmane Sonko a affirmé lundi que des analyses de laboratoires étrangers ont révélé le caractère «toxique et mortel» du produit qui, selon lui, lui a été aspergé mi-mars par les forces de l’ordre qu’il accuse d’avoir tenté de l’assassiner.

Ousmane Sonko avait mi-mars déclaré s’être senti mal à cause d’un gaz lacrymogène envoyé selon lui par les forces de l’ordre lors de son transfert forcé vers le tribunal de Dakar où se tenait un procès en diffamation contre le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, reprogrammé le 8 mai après plusieurs renvois.

L’opposant avait dit, après cet incident, avoir passé cinq jours dans une clinique privée de Dakar pour des soins. Il avait indiqué que des prélèvements avaient été faits sur ses habits et envoyés à l’étranger pour vérifier leur teneur.

«Toxicité»
«Nous avons envoyé les éléments (prélevés sur ses habits) dans deux laboratoires hors» du Sénégal et «dans deux pays dont la France pour une expertise toxicologique», a dit Ousmane Sonko, sans plus de détails, lors d’une conférence de presse à Dakar.

Les analyses ont «conclu à la présence d’un gaz utilisé comme un anti-émeutes», a dit Ousmane Sonko qui s’est exprimé en français puis en ouolof. «C’est un produit qui présente une toxicité» et qui peut provoquer «une mort immédiate, une intoxication, une infection cutanée, une irritation oculaire» et des «voies respiratoires», a-t-il ajouté, se fondant, selon lui, sur des avis d’experts.

«L’ensemble des éléments sont encore dans (un) laboratoire et bien gardés. Le juge pourra écrire (aux laboratoires) pour une contre-expertise. Il y a eu une tentative d’assassinat. Je considère que c’était prémédité», a poursuivi Ousmane Sonko qui avait annoncé la semaine dernière une plainte en rapport avec cette affaire.

«Même dans les pires dictatures»
Le porte-parole du gouvernement sénégalais, le ministre du Commerce Abdou Karim Fofana, avait le 26 avril démenti Ousmane Sonko qui, selon lui, accuse «sans en apporter la preuve» les forces de l’ordre. «Même dans les pires dictatures, on n’empoisonne pas les opposants en direct sur les téléphones et les médias», avait-il écrit sur Twitter.

Ousmane Sonko, candidat à l’élection présidentielle de 2024, doit aussi être jugé pour «viols et menaces de mort» présumés le 16 mai à la suite d’une plainte d’une employée d’un salon de beauté, a indiqué samedi à l’AFP un avocat de la plaignante Me El Hadji Diouf.

L’opposant dénonce «un complot» visant à l’écarter du scrutin, ce que nie le pouvoir qui lui reproche de provoquer des manifestations pour se soustraire à la justice.


Ousmane Goudiaby

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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