GabonOpinionPoint de vue

Pourquoi est-ce-que la situation au Gabon est un ras-le-bol et non un coup d’etat !

1. Le peuple gabonais est réputé pour être un peuple de jouisseurs, profondément républicains par ailleurs.
Les Gabonais ont un grand sens de la patrie, du devoir et de l’honneur a tel enseigne qu’ils n’ont jamais été enclins à céder à des situations qui peuvent freiner la bonne marche de leurs institutions. Qu’ils en viennent donc aujourd’hui à valider une prise de pouvoir différente de celles qu’ils ont connu par le passé, témoigne du ras le bol qui anime la population.

2. Omar Bongo a fait plus de 40 ans au pouvoir. Son fils, Ali en était déjà à 14.
Presque 55 ans de règne d’une seule famille, ça fait beaucoup, quoi qu’on dise! Qu’il y ait des générations et des générations de Gabonais qui n’ont connu que les Bongo Ondimba, ça lasse. Et ça a lassé au sein même du pré-carré du Président puisque ce sont les officiers de la Garde républicaine ( la garde présidentielle), qui ont organisé la révolte. Sentiment anti français ou pas, les Gabonais en avaient marre et ils l’ont fait savoir.

3. Depuis Son AVC en 2019, « Ya Ali » (affectueusement appelé ainsi) etait diminué. Pour quelqu’un qui a basé l’essentiel de son action politique sur l’énergie et la fin de l’inertie, la perte d’une partie de ses facultés physiques a été un grand coup au moral. Cela l’a d’ailleurs contraint à limiter ses apparitions en public (À cet effet, la légende raconte qu’on lui avait trouvé un sosie pour des cérémonies officielles!).

Mais sentant la présidentielle approcher, Ali a recommencé à faire surface s’imposant à lui-même ainsi qu’au peuple gabonais, un véritable supplice; En effet, le Président marchait à peine! Appuyé sur une canne, il se faisait encore quand-même porter par ses gardes du corps. Il avait aussi de la peine à articuler et à prononcer correctement ses discours.

C’était horrible!! Les Gabonais, peuple si fier, ne pouvaient supportaient de voir cela longtemps. Ils ont attendu les élections, se sont masés derrière un seul et unique candidat représentant l’opposition, pensant que le Président aurait compris que le vent avait tourné. Que non, malheureusement!

4. Le ras le bol ou le coup de grâce, c’est certainement cette victoire fabriquée après des élections obscures (organisées sans observateurs étrangers et sans internet).
Mais on ne peut ne pas signaler la querelle en mondovision entre Ali Bongo et son épouse, le 17 août dernier, jour de fête nationale gabonaise. Cet épisode a renforcé le dégoût des Gabonais et celui de l’opinion internationale.

Le Chef de l’Etat et sa femme qui se chamaillent en public. C’est fort! Et avant la petite chamaille, il y a eu une « mise en bouche ». Devant les caméras du monde entier, on vu le Président tendant son cou et son oreille (parce que n’arrivant plus à tourner son buste correctement), pour essayer de capter quelques mots de la conversation que Sylvia Bongo avait avec son aide de camp!!!

Des images abominables qui sont venues confirmer que le Président ne dirigeait plus. Il etair fini comel on dit trivialement. Et que même le règne, c’est à dire le respect qu’on devait au moins rendre à un chef, en public, avait définitivement foutu le camp au sein même du clan Bongo.

5. Et en parlant de la puissante famille Bongo, il n’est pas superflu de dire qu’elle était depuis quelques années, en froid avec Ali, qu’elle s’était finalement résolue de soutenir en 2009, lors de la crise qui l’a violemment secoué après le départ du patriarche Omar. Désormais donc le clan Bongo avait lâché Ali, prenant faits et causes pour Omar Denis Bongo Ondimba, fils d’Omar et Édith Bongo et petit-fils de Denis Sassou Nguesso.

Notons que les ambitions d’Omar Denis de remplacer son grand frère de plus en plus prononcées, avaient contraint « Ya Ali » à l’expulser du Gabon. Omar Denis avait trouvé refuge à Brazzaville chez son grand-père auprès de qui il occupe des fonctions stratégiques lui permettant de piloter beaucoup de choses.

CONCLUSION
L’histoire du Gabon parle. Elle nous parle. Si l’Afrique centrale pensait jusqu’ici que les révolutions que l’on vit en Afrique de l’Ouest étaient loin d’elle, elle va apprendre ces prochains jours, à mieux apprécier l’actualité. On peut tromper un peuple pendant quelques temps mais on ne peut pas le tromper et le bâillonner éternellement.

Par Hervé MENOM- Journaliste

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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