Madjaliwa Safari avait obtenu le statut de refugié en 2017. Il sera jugé pour «génocide et crime contre l’humanité».
Madjaliwa Safari, un Rwandais de 58 ans vivant en France a été mis en examen début juillet à Paris, notamment pour crimes contre l’humanité, soupçonné d’avoir participé à des exécutions de civils tutsis lors du génocide de 1994, ce qu’il conteste.
Madjaliwa Safari, domicilié près de Tours, «conteste fermement l’intégralité des faits qui lui sont reprochés», a réagi auprès de l’AFP son avocat, Me Abed Bendjador, qui attend de cette «information judiciaire qu’elle permette de rééquilibrer le contradictoire, d’expliquer sa situation».
Un mandat d’arrêt de 2017
Madjaliwa Safari a été mis en examen par un juge d’instruction du pôle crimes contre l’humanité du tribunal judiciaire de Paris pour génocide, crimes contre l’humanité et complicité de ces deux chefs, a indiqué à l’AFP mercredi une source judiciaire, confirmant une information du journal régional la Nouvelle République. Il a été placé en détention provisoire vendredi.
À ce stade, il est mis en examen pour la période du 6 avril à juillet 1994 et pour des faits commis notamment dans l’actuelle province rwandaise du Sud, en particulier dans les ex-préfectures de Gitarama et Butare, selon cette source.
Madjaliwa Safari aurait joué un rôle particulier sur un barrage routier appelé «Chez Premier». Certains témoins décrivent son rôle de direction et sa participation active aux arrestations et exécutions de civils sur cette «barrière».
Le Rwanda avait émis en 2017 un mandat d’arrêt international contre lui et une information judiciaire avait été ouverte à Paris le 19 novembre 2019. Les investigations sont menées par l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité (OCLCH).
«Localisé rapidement»
Selon une source proche du dossier, il a obtenu de la France une carte de séjour avec statut de réfugié en 2017 et a été localisé par les enquêteurs français «assez rapidement» après l’ouverture de l’information judiciaire.
Il vit sous sa véritable identité et se présente comme commerçant, une profession qu’il exerçait également au Rwanda au moment du génocide, selon cette source. «C’est une procédure qui a démarré depuis plusieurs années, au Rwanda et en France. Il n’avait jamais été entendu», a souligné Me Bendjador.
Le génocide au Rwanda a fait plus de 800.000 morts, selon l’ONU, essentiellement des Tutsis, exterminés entre avril et juillet 1994.
Au titre de la «compétence universelle» exercée sous certaines conditions par la France pour juger les crimes les plus graves commis hors de son sol, la justice française a déjà condamné plusieurs ressortissants rwandais.
Parmi eux, un ancien gendarme rwandais, Philippe Hategekimana, 66 ans, naturalisé français sous le nom de Philippe Manier, qui a été condamné le 28 juin dernier à Paris à la réclusion criminelle à perpétuité pour génocide et crime contre l’humanité. Il a fait appel de ce verdict.
Un autre procès lié au génocide au Rwanda est prévu à Paris en novembre et décembre, celui du médecin rwandais Sosthène Munyemana.
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