Dans le creuset de ma jeunesse, je me suis considérée comme une rebelle, une âme qui, plutôt que de s’ériger en opposante farouche à la société, choisissait l’observation lucide et détachée de son tumulte. Cette distance, je la croyais synonyme de liberté, une bulle d’indifférence dans laquelle je me drapais, non pas par mépris, mais par un choix délibéré d’exister en marge du manège social, en spectatrice consciente mais non participante. La rébellion, à mes yeux, était cette liberté suprême de ne pas adhérer, de ne pas se laisser emporter par les vagues incessantes de conformité et de contestation.
Cependant, le cours de l’histoire, les changements qui balaient notre monde et notre chère nation, le Sénégal, ont ébranlé les fondations de cette croyance et ont changé ma perception de la rébellion. La réalité politique actuelle, marquée par des tentatives de manipulation du pouvoir et une gouvernance ponctuée de manquements criants, m’a réveillée de mon indifférence.
L’indifférence et la liberté que j’idolâtrais jadis me semblent aujourd’hui un luxe inabordable, une échappatoire que nous ne pouvons plus, en toute conscience, nous permettre. Face à cette situation actuelle, l’heure n’est plus à la contemplation silencieuse. La liberté, dans son essence la plus pure, n’est pas l’absence de participation mais la participation active à la forge de notre destinée collective.
La rébellion, j’en suis venue à comprendre, ne réside pas dans le retrait, mais dans l’engagement. Elle se manifeste dans l’action civique, dans le courage de s’approcher de la société civile, non pas en tant qu’adversaire mais en tant que gardien vigilant de ses valeurs. L’engagement civique, à mes yeux, transcende désormais l’engagement politique traditionnel. Il ne s’agit pas de choisir un camp dans l’arène politique, mais de s’élever au-dessus des divisions pour défendre l’intégrité, la justice, et l’équité pour tous, indépendamment des affiliations politiques.
Cette prise de conscience m’amène à reconnaître la responsabilité qui nous incombe, à nous tous, témoins des défis de notre temps. Tout comme dans une école où sévit le harcèlement de certains élèves sur leurs pairs, le silence des témoins, leur choix de détourner le regard, alimente la terreur et la souffrance. En choisissant le silence, nous devenons complices des injustices, des abus de pouvoir, des manquements qui marquent notre époque.
Nous devons donc briser ce silence, non pas par des cris vides de sens, mais par des actions réfléchies, par une participation active à la vie civique de notre pays. Ce voile du silence, cette neutralité apparente, porte en elle une forme de complicité avec les auteurs de la terreur. Il ne suffit pas de ne pas faire partie du problème ; ne pas activement chercher à être une partie de la solution revient à accepter l’état des choses.
Aujourd’hui, je lance un appel à mes compatriotes sénégalais, non pas en tant que rebelle dans le sens traditionnel du terme, mais en tant que citoyenne résolue à reconnaître l’urgence de notre engagement civique.
Il est impératif de distinguer l’engagement politique, souvent réduit à des querelles partisanes et des ambitions personnelles, de l’engagement civique, qui est l’expression de notre responsabilité envers notre communauté, notre pays, notre avenir. L’engagement civique est l’affirmation que nous sommes tous acteurs de changement, que chaque voix peut contribuer à édifier une nation plus juste, plus équitable, et plus libre.
Nous nous trouvons à un carrefour crucial de notre histoire. La situation politique actuelle nous défie de repenser notre rôle en tant que citoyens, de transcender nos différences pour forger un Sénégal où la dignité, la justice, et la prospérité ne sont pas de vains mots, mais des piliers de notre société. L’heure est venue de transformer notre rébellion en engagement, notre indifférence en action. C’est par notre solidarité, notre vigilance, et notre participation active que nous pourrons contourner les obstacles, déjouer les tentatives de manipulation, et assurer que notre démocratie reste vivante et dynamique.
Ainsi, face à l’adversité, à l’injustice, et aux tentatives de division, élevons-nous en tant que citoyens engagés. Soyons les artisans d’un avenir où le respect de la volonté populaire, l’intégrité de notre processus démocratique et la justice sociale ne sont pas des idéaux lointains, mais la réalité tangible de notre quotidien. Que notre engagement civique soit le flambeau qui éclaire notre chemin vers un Sénégal renouvelé, où chaque citoyen est un pilier sur lequel repose la grandeur de la nation.
Dans ce combat, chaque voix compte, chaque action a son poids. Ne laissons pas la passivité ou l’indifférence décider de notre avenir. Engageons-nous, levons-nous, non pas contre, mais pour notre société, pour notre avenir. La véritable rébellion, aujourd’hui, c’est l’engagement civique.
Notre rébellion ne doit plus être celle de l’indifférence, mais celle de l’engagement passionné pour notre pays. Il s’agit de prendre conscience que notre avenir commun dépend de la volonté et de l’action de chacun d’entre nous. La véritable liberté ne réside pas dans le retrait, mais dans la participation active à la construction d’une société où les droits de tous sont respectés et promus.
Cet appel à l’engagement civique est un appel à l’espoir, à la foi dans notre capacité collective à surmonter les défis qui se dressent devant nous. Il s’agit d’un appel à la responsabilité de chacun envers notre belle nation, à la nécessité de prendre part activement à son essor. Soyons les gardiens vigilants de notre démocratie, les bâtisseurs infatigables de notre avenir commun.
Je nous invite, chers compatriotes, à rejoindre ce mouvement d’engagement civique, à œuvrer ensemble pour un Sénégal plus juste, plus prospère, et plus inclusif. Que notre rébellion soit celle de l’amour pour notre pays, de la passion pour la justice et de l’engagement inébranlable pour le bien-être de tous. Ensemble, forgeons le Sénégal de demain, un Sénégal où chaque citoyen est acteur de changement, où notre solidarité est notre force, et où notre engagement civique est le socle sur lequel repose notre avenir commun.
*#Astou Thiam#*
