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Les Etats Unis prennent au « sérieux » la menace nucléaire de Vladimir Poutine qui mobilise sa réserve

Vladimir Poutine a mobilisé mercredi des centaines de milliers de réservistes pour relancer son offensive en Ukraine et brandi la menace d’un recours à l’arme nucléaire que les Etats-Unis ont dit « prendre au sérieux ».

A la tribune de l’ONU, le président américain Joe Biden a attaqué frontalement la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, accusée d’avoir « violé de manière éhontée » les principes des Nations Unies depuis son offensive en Ukraine.

Et après que Vladimir Poutine a menacé d’utiliser l’arme atomique, le président américain a insisté: « Il est impossible de gagner une guerre nucléaire et il ne faut pas la mener ».

Quelques heures plus tôt, dans une adresse à la nation, M. Poutine s’est dit prêt à utiliser « tous les moyens » dans son arsenal face à l’Occident qu’il a accusé de vouloir « détruire » la Russie. « Ce n’est pas du bluff », a-t-il assuré.

La mobilisation de réservistes a été décrite en Europe comme un « aveu de faiblesse » de Moscou, dont l’armée a essuyé ces dernières semaines des revers face aux forces ukrainiennes.

Elle marque en tout cas une nouvelle escalade du conflit, au lendemain de l’annonce par la Russie de « référendums » visant à annexer quatre régions de l’est et du sud de l’Ukraine contrôlées en partie par Moscou.

Se gardant d’annoncer une mobilisation générale, redoutée par des millions de Russes, M. Poutine en a décrété mercredi une « partielle », mesure jugée « urgente et nécessaire ». Selon le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, 300.000 réservistes sont concernés dans un premier temps.

« Non à la guerre »
Signe de l’inquiétude de nombreux Russes, les sites des compagnies aériennes ont été pris d’assaut après l’allocution de M. Poutine et une pétition en ligne contre la mobilisation a déjà recueilli plus de 230.000 signatures.

Et au moins 364 personnes ont été arrêtées mercredi en Russie lors de manifestations improvisées contre cette mobilisation partielle, selon OVD-Info, organisation spécialisée dans le décompte des arrestations. Les mobilisations ont eu lieu dans au moins 23 villes du pays.

Les journalistes de l’AFP à Moscou on vu au moins 50 interpellations sur l’une des artères centrales de la capitale. A Saint-Pétersbourg, la deuxième ville de Russie, un bus entier d’arrêtés a été emmené par la police dans le centre. Les manifestants scandaient « Non à la guerre! » et « Pas de mobilisation! ».

« Tout le monde a peur. Je suis pour la paix et je ne veux pas avoir à tirer. Mais c’est très dangereux de sortir maintenant, sinon il y aurait eu beaucoup plus de gens », a expliqué un manifestant à Saint-Pétersbourg, Vassili Fedorov, étudiant.

« Rhétorique dangereuse »
Dans une interview à la chaîne allemande Bild TV, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a pour sa part dit « ne pas croire » à l’utilisation d’armes nucléaires par Moscou. « Je ne crois pas que le monde laissera faire », a-t-il ajouté.

Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a lui dénoncé la « rhétorique nucléaire dangereuse » de M. Poutine, ajoutant que l’alliance atlantique continuerait de « soutenir l’Ukraine ».

Avec son allocution mercredi, le maître du Kremlin a aussi franchi un nouveau palier dans son discours contre l’Occident, l’accusant de vouloir « diviser et détruire » la Russie en armant l’Ukraine et de soumettre Moscou à un « chantage nucléaire ».

Son ministre de la Défense, M. Choïgou, a lui carrément affirmé que la Russie ne combattait « pas tant l’Ukraine que l’Occident ».

De son côté, la Chine, courtisée par la Russie, a semblé prendre certaines distances en appelant au cessez-le-feu et au respect de l’intégrité territoriale des Etats, une référence au projet d’annexion russe d’une partie de l’Ukraine.

Confronté à l’essoufflement de son offensive en Ukraine, qui entre bientôt dans son huitième mois, M. Poutine tente de redresser la barre après des contre-offensives ukrainiennes dans les régions de Kharkiv (nord-est) et Kherson (sud)

Transferts de prisonniers
Avant même la mobilisation partielle, l’annonce mardi de « référendums » d’annexion dans les régions contrôlées par Moscou en Ukraine, du 23 au 27 septembre, avait signalé un durcissement.

La doctrine militaire russe prévoit la possibilité de recourir à des frappes nucléaires si des territoires considérés comme russes par Moscou sont attaqués, ce qui pourrait être le cas avec les zones annexées.

Ces scrutins se dérouleront dans les régions de Donetsk et de Lougansk, qui forment le Donbass (est), ainsi que dans les zones occupées de Kherson et de Zaporijjia, dans le sud.

Ces votes ont été critiqués par Kiev et ses alliés occidentaux, qui les ont qualifiés de « simulacres » de scrutins sans valeur juridique.

Par ailleurs, dix prisonniers de guerre de plusieurs pays dont les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont été transférés de Russie en Arabie saoudite, dans le cadre d’un échange entre Moscou et l’Ukraine, selon le ministère saoudien des Affaires étrangères. Les prisonniers sont également originaires de Suède, du Maroc et de Croatie.

Sur le terrain, la mobilisation pourrait annoncer un redoublement de violences à l’aube du 8e mois de conflit.

Les autorités ukrainiennes ont accusé la Russie d’avoir à nouveau bombardé mercredi le site de la centrale de Zaporijjia (sud de l’Ukraine), la plus grande d’Europe

A Kharkiv (nord-est), deuxième ville d’Ukraine proche de la frontière russe, Svetlana, 63 ans, exhorte les Russes à ignorer l’ordre de mobilisation et à « enfin se réveiller ».

Galina, une voisine de 50 ans, s’emporte contre les Russes qui disent vouloir la « libérer ». « Vous voulez nous libérer de quoi ? », lance-t-elle. « De nos maisons ? De nos proches ? De nos amis ? »

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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