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L' »entêté » tient parole, Macky Sall ne briguera pas de 3e mandat

L' »entêté » tient parole, Macky Sall ne briguera pas de 3e mandat

Sur des vidéos comme dans son autobiographie, il s’était engagé à ne pas se présenter à la présidentielle de 2024. Déjouant les procès d’intention, le président sénégalais Macky Sall a annoncé lundi qu’il ne briguerait pas un troisième mandat, et polit davantage son image.

« Ma décision longuement et mûrement réfléchie est de ne pas être candidat à la prochaine élection de février 2024 (…) J’ai une claire conscience et mémoire de ce que j’ai dit, écrit et répété, ici et ailleurs, c’est à dire que le mandat de 2019 était mon second et dernier mandat », a déclaré Macky Sall dans un discours à la Nation.

« C’est ce que je réaffirme aujourd’hui. J’ai un code d’honneur et un sens de la responsabilité historique qui me commande de préserver ma dignité et ma parole », a dit Macky Sall, élu en 2012 pour sept ans et réélu pour cinq ans.

Président bâtisseur et avocat de l’Afrique à l’international pour ses partisans, coupable d’une « dérive autoritaire » pour ses pourfendeurs qui l’accusent d’avoir restreint les libertés, le président Sall balise la voie vers une sortie en beauté.

Son duel avec l’opposant Ousmane Sonko a marqué son deuxième mandat. Condamné début juin à deux ans de prison dans une affaire de moeurs et inéligible en l’état, M. Sonko affirme que Macky Sall est « un dictateur » qui veut l’écarter de la présidentielle.

Les manifestations de l’opposition, fréquemment interdites, ont engendré une violence inédite dans un pays réputé pour sa stabilité. Entre mars 2021 et juillet 2023, des troubles liés à l’affaire Sonko ont fait entre une trentaine et une cinquantaine selon les bilans.

Dans une tribune récente, des intellectuels, Mohamed Mbougar Sarr, Felwine Sarr et Boubacar Boris Diop, ont fustigé « l’hubris d’un pouvoir qui emprisonne ou exile ses opposants les plus menaçants, réprime les libertés ».

Macky Sall se présente a contrario comme garant des institutions et de la sécurité face « aux tentatives de déstabilisation » et vante son bilan en matière économique.

Grands travaux
A 61 ans, cet ingénieur géologue né à Fatick (centre) dans une famille modeste originaire du nord du pays, qui se définit comme un libéral social, après un épisode de jeunesse maoïste, veut amener le Sénégal « plus loin et plus haut », vers « l’émergence » à l’horizon 2035.

Depuis son élection en 2012 face à son ancien mentor Abdoulaye Wade, il se targue d’avoir augmenté la production agricole et poursuivi une ambitieuse politique de grands travaux: nouvel aéroport, ville nouvelle de Diamniadio, train express régional…

Autre succès à mettre à son actif, l’accalmie en Casamance (sud), en proie à une rébellion indépendantiste depuis 1982, et le départ en 2017, sous sa pression diplomatique et militaire, du président Yahya Jammeh, qui gouvernait la Gambie voisine depuis 22 ans et appuyait les rebelles.

En tant que président de l’Union africaine entre 2022 et 2023, il a porté la voix du continent dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine et milité sans relâche pour l’adhésion de l’organisation au G20.

Il s’est félicité samedi « d’avoir déjà balisé la gestion des ressources pétrolières et gazières » et conduit « une politique économique au bénéfice de nos populations », lors d’une rencontre avec des élus l’appelant à se présenter en 2024.

« Un faux doux »
Cet homme enrobé à la carrure solide, surnommé « Niangal » (visage sévère, en wolof), a eu une ascension rapide.

En 2001, il est directeur général de la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen) quand le président Wade le fait entrer au gouvernement, comme ministre de l’Energie, des Mines et de l’Hydraulique.

Il deviendra ministre de l’Intérieur, Premier ministre et directeur de campagne d’Abdoulaye Wade pour sa réélection en 2007, puis président de l’Assemblée nationale au début du second mandat de celui-ci, avant de se fâcher avec lui et de démissionner de tous ses mandats électifs en 2008.

« C’est à ce moment que ma vie a pris un tournant essentiel », raconte Macky Sall dans son autobiographie « Le Sénégal au coeur » (2019) dans laquelle il annonce solliciter « un second et dernier mandat » de cinq ans. Il commence une « longue marche » dans les régions les plus reculées du pays, et combat avec force la candidature à un troisième mandat de son ex-mentor.

« Je suis issu d’une lignée de guerriers. Ils préfèrent mourir que de perdre la face », déclarait-il lors de la présentation du livre, où il revendique deux traductions de son nom de famille: « entêté » et « qui refuse ».

De fait, sous l’allure débonnaire de ce père de deux garçons et une fille, perce un homme d’Etat madré, « un vrai timide mais un faux doux », dit de lui l’ancien journaliste Cheikh Yérim Seck, auteur d’un récent ouvrage sur le Sénégal sous Macky Sall.

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