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La guerre des drones en Ukraine pousse les autres armées à l’adaptation

Le rôle sans précédent joué en Ukraine par les drones, devenus des acteurs déterminants du conflit, montre selon des experts la nécessité d’adaptation des armées modernes pour s’en servir comme pour s’en protéger.

Il y a eu « d’autres conflits où les drones ont été beaucoup utilisés », comme en Syrie contre le groupe Etat islamique ou en Libye, dit à l’AFP Samuel Bendett, du centre de réflexion américain CNA. Mais « le nombre de drones et l’ampleur de leur utilisation en Ukraine l’emportent sur tous les autres conflits », ajoute-t-il.

Ce spécialiste des armements autonomes souligne « l’usage absolument sans précédent des drones commerciaux » pour les opérations de surveillance et de reconnaissance, mais aussi de combat, en Ukraine.

Pour lui, la guerre a montré que des petits drones « sont absolument essentiels à toutes les unités, à tous les niveaux », du peloton à la compagnie. « Parce qu’ils sont sacrifiables, peu durables, il faut en équiper les forces en très grande quantité », ajoute-t-il.

« Disponibles et bon marché »
Les drones jouent un rôle clé en Ukraine depuis le début du conflit.

Les forces ukrainiennes ont ainsi frappé les soldats russes à l’aide de drones Bayraktar de fabrication turque lorsqu’ils ont tenté sans succès de prendre le contrôle de Kiev.

Les deux armées ont largement utilisé des petits drones pour localiser et suivre les mouvements de l’ennemi ainsi que pour diriger les tirs d’artillerie.

Les deux pays utilisent aussi des drones kamikazes, des avions autonomes chargés d’explosifs qui se déclenchent lors de l’impact.

Pour Lauren Kahn, du Council on Foreign Relations, un centre de réflexion américain, la guerre en Ukraine se produit au moment où « beaucoup de ces technologies parviennent à maturité » et sont « disponibles et bon marché », ce qui a permis davantage d’expérimentations.

« Ils sont tellement abordables qu’on les utilise comme des armes moins précieuses », ajoute Mme Kahn, spécialiste de l’impact des technologies émergentes sur la sécurité internationale.

Le problème pour un pays attaqué, c’est quand il revient plus cher d’abattre un drone que de l’utiliser, souligne-t-elle, citant l’exemple des frappes russes contre les infrastructures électriques ukrainiennes à l’aide de drones iraniens.

« La façon de contrer plus de drones et de façon plus efficace, c’est à mon avis la prochaine phase de développement », ajoute l’experte, notant qu’il faudra trouver une solution « plus économique » qui corresponde au « prix très bas de la technologie offensive ».

Défense électronique
La guerre en Ukraine a permis de tester des technologies anti-drones, notamment pour les Etats-Unis, qui ont fourni à Kiev tout un éventail d’options, de la mitraillette aux systèmes antiaériens.

Et la défense électronique joue un rôle important pour les deux belligérants, ajoute Samuel Bendett.

« Aussi bien les Russes que les Ukrainiens disent maintenant publiquement qu’il y a des zones du front où leurs drones militaires ne peuvent pas opérer et où leurs drones du commerce peuvent être brouillés et neutralisés », dit-il.

Si les drones kamikazes ont attiré davantage l’attention, l’impact des capacités de surveillance des drones s’est révélé plus important: il est devenu plus difficile de dissimuler des troupes des yeux de l’ennemi.

Le conflit a montré qu’il est « absolument primordial d’avoir des systèmes, des technologies et une formation » à la défense anti-drone, déclare l’expert de CNA.

« Les militaires doivent s’adapter », conclut-il. « Ils doivent s’adapter au fait que tout belligérant aujourd’hui, et toute force à laquelle les Etats-Unis et leurs alliés pourraient être confrontés à l’avenir, pourront être équipés de drones du type de ceux que nous voyons en Ukraine ».

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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