Chronique

Grand démocrate et journalistes polis

Jamais sans doute dans l’histoire de ce charmant pays un président n’avait autant joué sur nos consciences, nos nerfs et notre patience que celui qui dit faussement qu’il va quitter le pouvoir ce 2 avril.

Plutôt qu’un président d’une démocratie, celui que l’on avait élu en 2012 et réélu sept ans plus tard, s’est comporté en monarque achevé 12 ans durant. Et surtout, défense de rire quand il se vante devant des confrères de ses qualités de démocrate.

Ces très polis confrères n’ont pas eu l’insolence de lui rappeler que c’est lui qui avait juré de réduire son Opposition à sa plus simple expression. A cette fin, il n’a pas lésiné sur les moyens : trois leaders de cette opposition — comme par hasard ceux qui étaient les mieux placés pour constituer des obstacles à sa réélection ou au triomphe de son dauphin— jetés au gnouf sous des accusations loufoques, le principal parti de cette opposition dissous, ses militants pourchassés, emprisonnés voire canardés comme des lapins.

Des dizaines de morts —dont les quatre derniers il y a deux semaines—et un millier de prisonniers plus tard, notre grand démocrate vient plastronner sur ses qualités de champion des libertés et il ne se trouve aucun journaliste parmi ses intervieweurs pour le contrarier ?

Ah, ils sont vraiment trop bien éduqués ces confrères ! Notre grand démocrate emprisonneur nous apprend également qu’il a beaucoup souffert des rappels à l’ordre de la communauté internationale, lui qui se poussait du col à chaque fois que cette même communauté internationale lui faisait des éloges.

Surtout, il a souffert du tir groupé des médias internationaux — tiens, elle n’est plus là Anne Meaux et son agence Image 7 avec ses contrats en or ? — sur sa gouvernance, feignant d’ignorer que son image a été écornée depuis fort longtemps avec des libertés piétinées, des tentatives de vouloir bâillonner son peuple, l’asphalte jonchée de dizaines de morts, avec aussi des prisons encombrées de détenus politiques dont l’élargissement par charrettes donne une idée de l’excellent boulot effectué par le duo Antoine Félix Diom-Ismaïla Madior Fall.

Pour le reste, il nous faudra ronger notre frein et attendre pour connaître la date d’une élection que décideront des dialogueurs parmi lesquels d’aucuns seront aux ordres du Chef. Bref personne ne sait le menu qu’il nous concocte.

Hier, le peuple qui l’écoutait n’espérait qu’une seule chose, qu’il nous libère et fixe une date pour qu’il élise son successeur et tourne cette très sanglante et liberticide parenthèse ouverte depuis 2021. Ce pour ouvrir une nouvelle ère et gommer les blessures dont il est à l’origine.

Quand un président attend son départ pour dire qu’il voudrait réconcilier son peuple, cela veut dire qu’il a à tout le moins échoué vu qu’il avait trouvé ce peuple en harmonie lorsque ce dernier lui confiait au pouvoir il y a 12 ans.

Par conséquent, qu’il parte, nous rende notre pays car les Sénégalais sauront bien trouver les moyens de se rabibocher !

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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