Chronique

D’une alternance à l’autre

Entre Abdoulaye Wade et Abdou Diouf, ça passait du fiel aux relations fusionnelles. Deux hommes drapés d’élégance qui savaient se parler et se comprendre pour le meilleur au profit du pays.

Malgré leurs différences, ils savaient se retrouver autour de l’essentiel lorsque l’intérêt du pays le commandait.

Abdoulaye Wade a entretenu les mêmes relations avec son opposition sans jamais pousser l’animosité jusqu’à l’extrême, mis à part le séjour carcéral de son ancien Premier ministre Idrissa Seck.

Celui qui avait lu l’acte d’accusation de ce dernier est devenu entretemps, et 12 ans durant, le maitre du jeu politique de ce charmant pays.

Au lendemain de la première alternance politique survenue au Sénégal, chevaleresque, juste après la passation du pouvoir, le nouveau président de la République, Me Abdoulaye Wade, avait posé un acte de grandeur en demandant à celui auquel il venait de succéder de le représenter à un sommet Afrique-Europe et mettant à sa disposition l’avion présidentiel pour effectuer le voyage.

Il y avait eu une chasse aux sorcières, certes, mais dans des limites raisonnables. En tout cas, aucun cacique du Parti socialiste n’a porté les stigmates d’un séjour carcéral et tous ont joui de leurs privilèges acquis durant la gouvernance socialiste.

Et même quand celui qui préside aux destinées de ce pays avait été accusé d’avoir bénéficié d’un conteneur de billets de banque, la procédure s’était arrêtée à la police centrale.

Ça c’était Wade ! Puis une seconde alternance tout aussi pacifique que la première est survenue 12 ans après.

Après une belle transmission du pouvoir entre les présidents sortant et entrant, tout s’est emballé avec l’arrestation et l’incarcération de Karim Wade, fils du premier.

Le seul parmi une vingtaine de supposés grands voleurs à avoir séjourné en prison. Rebelote ! Khalifa Sall, qui lorgnait le fauteuil présidentiel, subira le même sort avec la complicité de quelques-uns de ses camarades qui continuent encore à jouir de privilèges.

Aujourd’hui, des centaines de jeunes en plus du principal leader de l’opposition, des activistes et des journalistes dorment en prison.

Les plus chanceux sont souvent libérés sans procès. C’est le charme de notre Justice dans une démocratie chahutée…

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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