Dakar-Echo

4473 immigrants clandestins arrivés en Espagne à la date du 5 octobre: l’UE mise sur une collaboration avec l’Etat et les acteurs de la société civile

4473 immigrants clandestins arrivés en Espagne à la date du 5 octobre: l’UE mise sur une collaboration avec l’Etat et les acteurs de la société civile

Chaque jour, des pirogues remplies de jeunes sénégalais arrivent en Espagne. Pour analyser ce retour en force de l’immigration irrégulière par la mer, nous avons contacté le bureau de l’Union européenne (UE) à Dakar qui nous livre ses impressions dans cet entretien. Officiellement, soutient-elle, 4473 Sénégalais sont arrivés en Espagne à la date du 5 octobre. L’Union européenne nous fait part aussi de ses impressions sur le regain du phénomène.

Sénégalais arrivés en Espagne
Selon les autorités policières espagnoles, à la date du 5 octobre de cette année, 4 473 Sénégalais sont arrivés en Espagne par voie maritime. Cela représente une augmentation de 93% par rapport à la même période de l’année dernière. Parmi ces migrants, 4 395 atteignent les îles Canaries.

Retour en force de l’immigration irrégulière
La migration est une question complexe et un phénomène naturel et global qui a existé de tous temps. Il n’est donc pas possible d’en faire une lecture réductrice. Ainsi, il y a aujourd’hui beaucoup de migration légale dans les espaces régionaux, dans l’espace CEDEAO en Afrique de l’Ouest comme dans l’espace Schengen en Europe. Et aussi beaucoup de mobilité régulière entre l’Afrique et l’Europe (étudiants, chercheurs, professionnels, etc.).

La migration irrégulière pose, quant à elle, aux Etats un défi particulier, car elle est plus difficile à appréhender. Elle est la résultante de facteurs variés comme l’intérêt de groupes criminels abusant de la fragilité de populations, qui, pour des raisons socio-économiques et sociologiques, sont encouragées à choisir les voies irrégulières. Celles-ci conduisent chaque année à des tragédies humaines sur mer comme sur terre.

La migration irrégulière requiert ainsi une coopération et une coordination entre les Etats afin de mettre en place les conditions d’une migration sûre, régulière et ordonnée qui protège les citoyens des abus des trafiquants et des risques que représentent les voies irrégulières de migration.

Des cadres de référence internationaux existent, comme le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières de 2018 et le Dialogue euro-africain sur la migration et le développement (Processus de Rabat). Ils constituent les bases de la coopération internationale, notamment entre l’UE et le Sénégal, en matière de migration, et visent à développer des approches conjointes qui soient efficaces, centrées sur l’humain, et dans le plein respect du droit international.

L’Union européenne partage la vision du Sénégal selon laquelle seule une stratégie holistique peut contribuer à une gouvernance transparente, sûre et efficace des questions de mobilité et de migration, au bénéfice des populations. Il est donc essentiel de ne pas concentrer notre engagement sur un seul domaine, mais de traiter les problèmes liés à la migration irrégulière à plusieurs niveaux, et à court, moyen et long terme.

C’est pourquoi l’Union européenne soutient le Sénégal, non seulement dans le renforcement de la lutte contre la traite des êtres humains et le trafic de migrants, mais aussi dans les domaines des voies légales de migration, de la protection des migrants et des réfugiés, de la réintégration et, surtout, dans sa volonté de créer des perspectives économiques plus nombreuses et meilleures au Sénégal.

Analyse de la réponse apportée au phénomène
L’UE travaille en étroite collaboration avec les autorités sénégalaises, les organisations internationales et la société civile sur les multiples dimensions de la migration, qu’il s’agisse du travail sur les causes profondes de la migration irrégulière, la lutte contre les trafics et la traite des êtres humains, la protection des migrants et des réfugiés, la réintégration ainsi que le développement de voies de migration légale. Ce travail se fait notamment à travers le dialogue politique régulier et dans la coopération dans le cadre des nombreux programmes et projets liés à la migration entre l’UE et les différents acteurs concernés au Sénégal.

L’UE a soutenu et soutient des programmes développés par le Sénégal dans tous les domaines de la migration. L’UE soutient les priorités du Gouvernement dans le cadre du Plan Sénégal Émergent (Pse). Ceci prend la forme, par exemple, de financements pour la mise en œuvre de projets portant sur l’insertion socioéconomique des jeunes, la communication ou la sensibilisation des jeunes sur les opportunités de réussir au Sénégal, de développement d’infrastructures pour faciliter l’accès à des services sociaux de base, etc. Ces projets ont bénéficié à plusieurs milliers de jeunes.

De plus, les programmes développés entre l’UE, les états membres de l’UE et le Sénégal ont permis de renforcer la migration régulière/circulaire, la protection des migrants et les capacités opérationnelles des Forces de Sécurité Intérieure du Sénégal contre les réseaux de trafics de migrants. L’augmentation récente du nombre de départs sur les voies de migration irrégulière nous appelle à renforcer encore davantage le dialogue politique ainsi que la coopération dans le cadre des programmes et projets, afin de mieux comprendre le phénomène, de réfléchir ensemble avec tous les acteurs, aux réponses qui peuvent y être apportées.

Coopération entre le Sénégal et l’Union européenne dans la lutte contre l’immigration irrégulière
La coopération entre le Sénégal et l’UE dans le domaine de la migration et, notamment, dans la lutte contre l’immigration irrégulière, est basée sur une collaboration étroite et de confiance, sachant que les défis liés à la migration ne peuvent être résolus que par une approche holistique et conjointe entre pays de départ, de transit et d’arrivée. Un exemple de coopération renforcée et de l’approche holistique est le lancement de l’Initiative Team Europe sur les routes de l’Atlantique et de la Méditerranée occidentale en décembre 2022 dans le cadre de laquelle l’Union européenne, certains États membres et des pays partenaires africains, dont le Sénégal, ont uni leurs forces pour améliorer la coordination, la cohérence et l’efficacité des actions financées par l’UE et les États membres sur ces routes.

Nécessité de repenser la coopération entre le Sénégal et l’Union européenne
L’UE reste convaincue que l’approche globale et le renforcement de la coopération à tous les niveaux (international, régional, bilatéral) entre pays de départ, de transit et d’accueil, reste la meilleure voie à suivre afin d’appréhender et de définir des réponses au phénomène complexe et global de la migration. La situation actuelle nous montre la nécessité de renforcer encore davantage ces liens de coopération sur base de cadres de référence internationaux qui mettent l’humain et le droit international au centre.

Difficultés notées dans l’obtention des visas
Le processus d’octroi de visas est de la compétence de chaque État membre de l’Union européenne. Les bases juridiques de cet octroi trouvent leur origine dans les régimes juridiques des États membres et de l’Union européenne. Ces bases juridiques offrent de nombreuses possibilités de migration légale.

L’objectif des procédures de visa est de permettre à ceux qui y ont droit de migrer légalement vers l’État membre concerné et d’éviter tout abus des voies de migration légales.

Par Fatou NDIAYE

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