Tribune

Une France-Afrique honnie

Après le Niger dernièrement, le Gabon vient d’être contaminé par l’épidémie de putschs qui sévit dernièrement en Afrique

Et de six. Le Gabon s’ajoute à la liste des pays contaminés par l’épidémie de putschs qui sévit ces temps-ci en Afrique. L’on sentait perler les symptômes de cette maladie grave, après le coup de force électoral perpétré par le régime d’Ali Bongo.

Quand cela va-t-il s’arrêter? Personne ne le sait. La contamination de cette maladie qui fait fureur en Afrique a déjà touché la Guinée (septembre 2021), le Tchad (2021), le Burkina Faso (janvier et septembre 2022), le Mali (août 2020) et le Niger (2023). Tous ces pays ont comme dénominateur commun d’être des ex-colonies françaises.

Or dans tous ces pays, le sentiment anti-français est devenu un baromètre de taille pour mesurer le fossé qu’il y a entre les opinions publiques, le ressenti réel des populations et la mise en œuvre des politiques publiques menées par les différents régimes, réputés comme proches du gouvernement français. Mais dans tout cela, la France, amie ou ennemie de l’ex-président gabonais Ali Bongo, est-elle perdante ou gagnante? Plus que jamais, le président Macron doit se calmer. Les vents qui soufflent jusque sur le boulevard Triomphal de Libreville, siège de la présidence gabonaise, ne signent nullement un retour en grâce d’une France-Afrique honnie, éculée.

«A qui le prochain tour?»
La France demeure le principal artisan du ressac ou du reflux de son influence en Afrique de l’Ouest. Et au rythme où vont les choses, la chronique locale africaine se demande: «A qui le prochain tour?»

Au Sénégal, on tente de se faire une bonne conscience, de se féliciter du professionnalisme des forces armées sénégalaises… Tout de même, ici ou ailleurs, le mécontentement est général ou presque. Les prix des denrées de première nécessité (riz, huile, sucre…) ne cessent de grimper.

Des jeunes touchés par la crise endémique qui sévit dans des contrées éloignées des préoccupations de la capitale prennent des pirogues pour tenter un périlleux voyage vers un avenir meilleur, espagnol ou occidental. Faisant de l’Atlantique un véritable cimetière marin.

Rien ne va plus en Afrique, et les narcotrafiquants et les terroristes surfent sur ce vent de désespoir pour enrôler des jeunes. La révolution, comme celle de Jasmin naguère en Tunisie, est en marche en Afrique et elle sera difficile à contenir, tant les élites politiques ont du mal à satisfaire les attentes des jeunes, qui représentent près de 70% de la population globale.

Depuis quelque temps, on jette aux gémonies des dirigeants corrompus à la solde de l’Occident, de la France particulièrement. Si l’on reproche à ces dirigeants d’être corrompus, sont-ils les seuls à l’être? Les sociétés dites «civiles» ne le sont-elles pas?

Une transformation très rapide
Au cours de ces dernières années, l’Afrique a connu une transformation sociale et politique très rapide, sans doute l’effet d’internet y étant pour quelque chose. Ce réveil brutal de la conscience africaine a commencé à bouleverser les perceptions traditionnelles de l’Europe.

Dans ce réveil des consciences, les jeunes demandent plus de démocratie, et un partage juste et équitable des ressources, plutôt que de céder les immenses richesses des pays africains aux Occidentaux. Les coups d’Etat enregistrés dernièrement révèlent le besoin de démocratie et de transparence. Ils donnent un signal fort à la fin de l’hégémonie occidentale dans les pays des ex-colonies françaises.

Groggy, Ali Bongo demande à ses partisans de faire du bruit. Il n’a toujours pas compris la gifle qui vient de lui être administrée.

Mor Talla Gaye

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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