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La moitié de la population mondiale vote en 2024, avec des scrutins à forts enjeux

États-Unis, Taïwan, Inde, Union européenne, Russie. L’année 2024 sera une année d’élections. Près de 4,1 milliards de personnes vont voter, plus de 30 pays choisiront leur président, une vingtaine d’autres leurs parlementaires. Et ce, dans un contexte géopolitique explosif. On vous décrypte sept scrutins parmi les plus importants de 2024.

Près de la moitié de la population mondiale est appelée à voter en 2024. Une trentaine de pays désigneront leur président, tandis que des élections parlementaires sont prévues dans une vingtaine. Ces scrutins se dérouleront dans un contexte international troublé, et pourraient modifier durablement les rapports de force entre pays autoritaires et démocratiques. On vous explique certains de ces scrutins à fort enjeux.

Taïwan, un scrutin à haut risque
Le 13 janvier, les 23 millions de Taïwanais se rendront aux urnes pour élire la personne qui succédera à la présidente de la République, Tsai Ing-wen, en fonction depuis 2016, ainsi que les membres du Parlement et de nombreuses instances régionales. Taïwan fait face à un régime chinois qui affiche de plus en plus clairement sa volonté d’en découdre pour récupérer l’île, autonome depuis 1949, le président chinois Xi Jinping lui-même ayant déclaré que la Chine était prête à utiliser « tous les moyens nécessaires » pour réaliser la réunification.

« C’est un scrutin important, estime Dominique Moïsi, expert en relations internationales, conseiller spécial à l’Institut Montaigne. Mais il faut observer qu’il n’y a pas d’homme de Pékin parmi les candidats. »

États-Unis, un vote « décisif »
Les citoyens des États-Unis voteront le 5 novembre afin d’élire le président et le vice-président des États-Unis au scrutin indirect. Si on ne connaît pas encore les candidats, un nouveau duel entre le président démocrate Joe Biden et son prédécesseur républicain Donald Trump semble inexorable.

« Il est évident que c’est a priori l’une des plus grandes dates de l’année 2024, souligne Dominique Moïsi. Ce sera un tournant décisif, qui nous permettra de relire les années précédentes. Si Donald Trump est défait, alors son premier mandat était une parenthèse populiste dans l’histoire américaine. S’il est réélu, ce sera celui de Joe Biden qui restera caduc. »

Pour l’expert des relations internationales, la démocratie américaine sera sérieusement ébranlée si Donald Trump gagne cette élection : « Son discours est bien plus autoritaire qu’avant, il est aussi fascisant. En l’entendant aujourd’hui, on entend Mussolini. Il souhaite concentrer les pouvoirs autour de sa personne, en mettant des hommes à lui dans l’administration, et mettrait ainsi en danger l’équilibre des pouvoirs. »

Le plus gros scrutin, celui du géant indien
Quelque 945 millions d’Indiens sont appelés aux urnes en mai pour des élections générales dans ce pays devenu en 2023 le plus peuplé au monde, devant la Chine.

Les partis d’opposition indiens accusent toutefois le Premier ministre, Narendra Modi, en poste depuis 2014, de saper les institutions démocratiques du pays, d’emprisonner et d’intimider les journalistes et d’utiliser les agences d’enquête de l’État pour cibler les opposants politiques.

Dirigé par Rahul Gandhi, le parti du Congrès, autrefois force dominante désormais affaibli, a tenté de former une grande coalition avec des partis d’opposition régionaux disparates pour défier le Premier ministre. Mais le BJP, parti au pouvoir, reste comme le grand vainqueur selon les sondages.

Aux élections européennes, le spectre de l’extrême droite
Quelque 400 millions d’électeurs, faisant partie des 27 États membres de l’Union européenne, sont appelés à voter, début juin, pour élire 720 eurodéputés. « Les forces populistes devraient en sortir renforcées, estime Dominique Moïsi. Ce ne peut être bon pour l’évolution de cette force régionale. »

Le populiste Geert Wilders, aux Pays-Bas en novembre, et le Parti des Finlandais, en avril 2023, ont permis à la formation d’extrême droite Identité et Démocratie du Parlement européen de remporter ses dernières victoires.

Un vote en Russie qui laisse peu de place au doute
Les Russes sont appelés à voter le 17 mars. Vladimir Poutine a annoncé être candidat pour un cinquième mandat. Président de 2000 à 2008, puis de nouveau depuis 2012, Vladimir Poutine avait mené en 2020 une révision constitutionnelle l’autorisant à être candidat encore en 2024 et 2030. Sa participation à la prochaine élection présidentielle, qui aura lieu le 17 mars prochain en Russie, ne faisait pas beaucoup de doute.

Aucun détracteur du Kremlin ne devrait être en mesure de se présenter au scrutin, les autorités écrasant depuis des années l’opposition. La quasi-totalité des opposants d’envergure, à l’exemple du militant anticorruption Alexeï Navalny, ont été emprisonnés ou poussés à l’exil. D’innombrables anonymes sont également derrière les barreaux pour avoir dénoncé l’invasion. Des ONG et des médias ont été harcelés ou bannis pour « extrémisme ».

Une élection sous tension au Sénégal
Alors qu’une dizaine de présidentielles sont prévues en 2024 en Afrique, dans une région marquée par les coups d’État à répétition (huit coups d’État en trois ans), l’élection au Sénégal, prévue le 25 février, pourrait connaître des tensions. Le pays était pourtant qualifié de démocratie « exemplaire », mais ces derniers mois, il a été plombé par les violences, la répression et la censure.

Le président Macky Sall, au pouvoir depuis 2012, a désigné en septembre son Premier ministre Amadou Ba comme candidat de son camp, choix contesté en interne.

Côté opposition, la candidature d’Ousmane Sonko, troisième de la présidentielle de 2019, reste en suspens. La justice sénégalaise a ordonné le 14 décembre sa réintégration sur les listes électorales, un nouveau rebondissement dans le feuilleton judiciaire qui l’oppose à l’État, marqué par plusieurs épisodes de contestation et de violence meurtrière.

L’opposant, emprisonné depuis juillet pour « appel à l’insurrection », avait déposé sa candidature pour se présenter à l’élection présidentielle. Mais le Conseil constitutionnel l’a rejeté, hier vendredi 5 janvier.

En Iran, 18 mois après la mort de Mahsa Amini
Des législatives se tiendront le 1er mars en Iran, dix-huit mois après la mort de Mahsa Amini. La mort de cette jeune Kurde, après son interpellation par la police pour un voile mal ajusté, a déclenché des mois de manifestations massives contre les dirigeants politiques et religieux. Un mouvement durement réprimé, avec des centaines de morts et des milliers d’arrestations.

Le précédent scrutin de 2020 avait été marqué par la disqualification massive de candidats réformateurs et modérés, réduisant quasiment l’élection à une compétition entre conservateurs et ultraconservateurs.

Benech E.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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