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« La démission la plus attendue est celle du président », Macky Sall lâché par ses soutiens

Après l’opposition, désormais se sont les soutiens du président sénégalais Macky Sall qui remettent en question sa décision de reporter le scrutin présidentiel. Il y a même des défections au sein de l’exécutif.

Les tensions se poursuivent au Sénégal après le report au 15 décembre de l’élection présidentielle, prévue initialement fin février. Un report voté lundi, sans les députés d’opposition, exclus de l’hémicycle par la gendarmerie. La présence policière est renforcée aux abords des lieux stratégiques de Dakar, la capitale. Mais il n’y a pas eu de nouvelles manifestations, ni de débordements. La décision du président Macky Sall continue de faire réagir et d’indigner l’opposition, qui peine à trouver une stratégie.

L’union dans le camp présidentiel est également mise à mal. Certains soutiens lâchent le président, et le font savoir. Après le secrétaire général du gouvernement, c’est la ministre d’Etat Awa Marie Coll Seck qui choisit de quitter ses fonctions. « Je pense qu’en adéquation avec ses convictions personnelles, ses valeurs et son éthique, elle a un petit peu de la difficulté à accepter les dernières décisions du chef de l’État », explique son conseiller en communication Boubacar Sow.

« J’ai le sentiment qu’il y a un complot »
Mamoudou Ibra Kane est, lui, un soutien d’Amadou Ba, le Premier ministre du Sénégal et le candidat de la majorité, désigné pour succéder à Macky Sall. Mamoudou est sévère quand il évoque ce report du scrutin. « J’ai le sentiment qu’il y a une trahison, qu’il y a un complot qui est ourdi par certains cercles du pouvoir », dit-il.

Son candidat ne s’est pas exprimé sur la question. « Peut-être que d’autres démissions suivront. Mais celle qui est la plus attendue, c’est celle de monsieur le président de la République, parce qu’il n’y aura plus de légitimité. Qu’il revienne à la raison. Il ne faut pas que le peuple sénégalais lâche également l’affaire », poursuit Mamadou.

Au journal télévisé national, il n’est pas question d’évoquer ces désaccords. Mais dans une émission spéciale, un ministre est appelé pour défendre le report du scrutin. « Le président de la République n’est pas à l’origine de ce report. Il n’en est pas l’auteur, il n’en est pas l’initiateur, il n’en est pas l’inspirateur », déclare Ismaïla Madior Fall à la télévision.

Selon ce ministre, « il y a un ensemble d’ingrédients susceptibles de discréditer le processus électoral, qui font qu’on aurait pu finalement aboutir à une situation où le verdict, qui serait issu des urnes, soit un verdict contesté. Et on sait qu’un contentieux postélectoral est un facteur conflictogène. Ça peut avoir des dérapages et aboutir à une crise qui peut affecter la stabilité politique du Sénégal », explique-t-il pour justifier le report de l’élection présidentielle.

Il reste une dernière étape pour le président Macky Sall, promulguer cette loi qui prolongera donc son mandat d’un an, malgré les doutes et les appels dans sa propre majorité.

Un reportage, à Dakar, de William de Lesseux et Marc Garvenes, édité par Diane Warin. 

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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