Politique

Face à la colère des frustrés, Macky Sall va tenter de recoller les morceaux de son parti présidentiel

Le secrétariat exécutif national de l’APR (Alliance Pour la République) en mode fast-tracking ? Réponse dans quelques heures puisque le président de la République, par ailleurs leader de cette formation politique locomotive de la majorité présidentielle, a convoqué une réunion de cette instance ce lundi 15 Avril 2019. Objectif : certainement arrondir les angles des frustrations internes qui secouent ce parti suite à la formation du nouveau gouvernement. Décryptage d’une turbulence politique en plein décollage d’un second mandat !

Le choix des hommes chargés de constituer la nouvelle équipe gouvernementale a provoqué beaucoup de frustrations au sein de l’APR. Trouver les boites noires et ramasser les débris du crash de ce premier vol du Boeing MACKY2, c’est la première tâche à laquelle va s’atteler le chef de l’APR en convoquant cette réunion du secrétariat exécutif national de son parti. Ceux des responsables de cette maison mère de la mouvance présidentielle qui se disent militants de la première heure, sont dans tous
leurs états.

Depuis la formation du nouveau gouvernement, dimanche dernier, marquant le top de départ du dernier mandat du président Sall, une grogne de frustrés mine le parti présidentiel. Excipant des efforts fournis pendant la campagne pour la réélection du candidat Macky Sall mais surtout depuis les années de braises de la conquête du pouvoir entre 2011 et 2012, plusieurs « apéristes » de ces temps héroïques se considèrent comme étant trahis après n’avoir pas vu leur nom figurer sur la liste de l’équipe gouvernementale Dionne III. Pire encore pour ces frustrés, parmi les 20 ministres écartés de ce nouvel attelage de l’exécutif, les 10 font partie des membres fondateurs de l’Alliance pour la République (APR).

Ce qui a eu le don d’attiser la colère de ces militants et responsables des années de galère. Et cette colère, le secrétaire général du parti en est conscient. Mais sera-t-il capable de calmer les frustrations et d’apaiser les colères lors de la réunion d’aujourd’hui du Sen qui devrait avoir tout l’air d’une séance d’exorcisme? En tout cas, pour l’analyste politique Assane Samb, « ce ne sera pas chose aisée de régler ce genre de situations d’autant plus que, de nos jours, les gens s’engagent en politique pour avoir des responsabilités et bénéficier d’avantage d’opportunités et de privilèges.

Donc, ce n’est pas avec de simples mots qu’on va les raisonner mais plutôt avec des actes concrets ou des décrets de nomination !». Le rendez-vous des marron-beige d’aujourd’hui s’annonce donc électrique. Car, « même si le président Macky Sall le souhaite, il ne pourra pas satisfaire tout le monde étant donné qu’au-delà de son parti, il est à la tête d’une vaste coalition où chaque membre attend sa part du gâteau », explique l’analyste politique pour annoncer ce qu’il appelle « un tunnel sans fin ».

« Les cadres sont sous la pression de leur militants à la base »
Notre interlocuteur, toujours dans son diagnostic de cette agitation des responsables déçus, évoque une superposition de revendications d’ordre pécuniaires mais également de leadership.

Ainsi, pour Assane Samb, ces responsables qui ont exprimé leur mécontentement après la nomination des membres du gouvernement, agissent le plus souvent sous contrainte d’autres passagers à bord du vol Macky2. Ce qui fait dire à l’analyste politique que « les cadres sont sous pression de leur militants à la base ». Lesquels, dit-il, « ne comprennent pas que leurs leaders ne soient pas récompensés pour qu’eux-mêmes puissent en bénéficier d’où le sentiment d’urgence engendré par ce dernier mandat qui constitue l’ultime espoir de ces derniers d’avoir leur part du gâteau de l’émergence ».

Sous ce rapport, l’expert pose la problématique du fondement de la constitution des partis et mouvements politiques qu’il assimile «aux sociétés à but lucratif obéissant à des critères commerciaux ».

Retournons à la métaphore de l’aéronautique pour dire que le pilote Macky Sall va tenter de reprendre le contrôle de son appareil… politique qui se trouve en pleine zone de turbulences depuis la formation du gouvernement Mahammad Boun Abdallah Dionne version III. Pour cause, on assiste à une véritable fronde politique contre son pou- voir décisionnel.

Mais « attention aux préoccupations politiciennes prématurées, car si véritablement le président veut aller de l’avant et réaliser ses ambitions et projets de rupture, il doit impérativement mettre les hommes qu’il faut à la place qu’il faut », alerte l’analyste politique Ibrahima Bakhoum.

Premier acte politique
Par ailleurs, dans son décryptage de cette réunion convoquée suite aux sorties fracassantes de barons de l’APR frustrés de leur non nomination au nouveau gouvernement, Bakhoum souligne une « logique de calculs électoralistes qui risque d’aboutir à une éventuelle redistribution de postes pour satisfaire les mécontents ».

Par conséquent, soutient le vétéran de la presse, « dés lors que le président cédera à cette pression, le pays tendra vers un réajustement du gouvernent avec, comme toile de fond, le Parti avant la Patrie ». Autrement dit, exactement le contraire de ce que le président prétend vouloir faire ! C’est dire que les données du tableau de bord de l’appareil politique du parti présidentiel commandent le destin de tout un peuple.

Falilou MBALLO

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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