La mesure de restriction de l’accès à Internet via les données mobiles a ralenti l’activité des agences de voyages, vendeurs d’appareils informatiques, livreurs et professionnels du commerce électronique, a constaté un journaliste de l’APS, à Dakar.
‘’L’Etat du Sénégal, en toute souveraineté, a décidé de suspendre temporairement l’usage de certaines applications digitales par lesquelles se font les appels à la violence et à la haine’’, a déclaré le ministère de l’Intérieur, vendredi 2 juin.
Cette décision des autorités sénégalaises a entravé l’utilisation faite d’Internet et des médias sociaux par des millions d’usagers au Sénégal pendant cinq jours (2-7 juin).
Ceux qui utilisent Internet via les données mobiles ont été les principales victimes de cette décision.
De nombreux usagers ont essayé d’accéder à Internet et aux médias sociaux en utilisant les VPN et d’autres moyens pour la contourner.
Mansour Cissé, gérant d’une agence de voyages située sur l’avenue Lamine-Gueye, à Dakar, déplore une forte baisse de ses commandes. C’est une conséquence de la restriction de l’accès à Internet, dit-il.
‘’Je vendais en moyenne 70 billets d’avion sur une centaine de billets mis en vente par jour’’, affirme M. Cissé, déplorant n’en vendre que 30 par jour, faute d’une bonne connexion Internet.
Une célèbre enseigne dakaroise de vente d’ordinateurs et d’accessoires informatiques déclare être victime, elle aussi, de la mesure de restriction d’Internet et des applications digitales. Ses commandes ont chuté de 90 % pendant la durée d’exécution de la décision gouvernementale, affirme Amadou Seck, son responsable marketing et communication.
‘’Nous ne pouvions presque rien faire parce que nos clients ne pouvaient plus accéder à notre site Internet’’, s’inquiète M. Seck, soulignant que les pertes sont d’autant plus importantes que 95 % des clients de l’entreprise se trouvent au Sénégal.
Pour Sophie Dioma Ndiaye, qui vend des habits via Internet, les pertes causées par la restriction de l’accès à Internet et aux applications digitales sont ‘’incalculables’’.
‘’Presque chaque fois qu’il fallait confirmer les commandes, l’Internet était coupé. On n’arrivait pas à montrer nos modèles à la clientèle’’, se désole Mme Ndiaye.
‘’Je n’ai pas pu envoyer un acompte pour une commande que j’ai passée à l’étranger’’, déplore-t-elle.
Assane Thiam gagne sa vie à Dakar en exerçant le métier de livreur. ‘’Mes revenus ont chuté de près de 80 %’’, regrette-t-il, ajoutant : ‘’Mes clients faisaient généralement des commandes via Internet et me demandaient ensuite d’assurer le service après-vente.’’
‘’Il faut prier pour que le Sénégal sorte très vite de cette situation’’, s’empresse-t-il de dire.
Famara Ibrahima Cissé, le président de l’Association des clients et sociétaires des institutions financières (ACSIF), est d’avis que ‘’les start-up et les très petites entreprises […] ont payé le plus lourd tribut à la restriction de l’accès à Internet’’.
‘’Avec la digitalisation, les usagers des banques utilisent Internet pour accéder à leur compte ou pour recevoir des produits’’, rappelle-t-il, laissant entendre que les usagers des banques n’ont pas échappé aux désagréments causés.
Lorsque les conséquences du faible accès à Internet sont évoquées, le président de l’ASCIF dit penser surtout aux étudiants sénégalais suivant des enseignements à distance dans des universités étrangères.
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