Chronique

Gloire aux « jamais gagnants » !

On rêvait de la coupe continentale, on y croyait même fermement. Nos sorciers, mages, marabouts, charlatans etc. nous avaient assuré, en jurant sur tous leurs glorieux ancêtres, que la coupe viendrait à Dakar.

Finalement, le trophée nous a fait faux bond. On s’est contenté d’une seconde place et la populace est contente. Le Chef, qui avait même perdu le sourire depuis un certain scandale à 12 milliards de dollars, n’espérait pas le retrouver aussi vite.

Rassurez-vous, nous sommes un peuple bien spécial, le seul qui célèbre une défaite. Une défaite honteuse, humiliante face à une équipe bricolée à la hâte en 11 mois alors que nous, sommes fraichement auréolés d’une brillante participation en Coupe du Monde, cette défaite, donc, est une victoire pour nous !

Elle ne choque personne. Journalistes, communicateurs traditionnels et quelques intellectuels justifient même cette flétrissure. Y avait de la rage à voir ces jeunes survoltés, courant et gesticulant derrière la caravane des loosers, certains brandissant même un trophée de pacotille.

Ailleurs, dans le monde, ces images ont dû faire sourire. Ah, ces Sénégalais ! Chez nous, on bande les muscles, s’accrochant à un prétendu patriotisme. Mon œil ! A moins de quelques heures du coup d’envoi de la finale, le peuple algérien, comme chaque vendredi depuis plus de trois mois, était dans la rue pour exiger plus de démocratie.

Chez nous, l’heure était à la fête avant la grande désillusion. A voir les artisans de la défaite dans leur voiture bombant le torse, y a vraiment à désespérer de ce peuple qui a perdu toute capacité d’indignation jusqu’à célébrer une déculottée.

Mais pour ce coup, le pouvoir a encore bien joué. Cette messe était bien planifiée depuis des jours dans les laboratoires du pouvoir. Plutôt que de Diass, il fallait rapprocher la foule qui ne pense pas de l’aéroport Léopold Sédar Senghor avec cent bus de la société « Dakar Dem Dik » mis à la disposition de pauvres hères en plus d’autres extras.

Mais que ne ferait-on pas pour faire oublier l’odeur du pétrole et du gaz ? Mais pour combien de temps ? Réponse dans les prochains jours après le show « Sargal » des perdants animé par le ministre « Mbandkat » à ses heures d’oisiveté. Charmant pays, non ?

PS : On devrait sûrement psychanalyser ce pays où ceux qui sont classés deuxièmes sont plus célébrés que les premiers de la classe, les premiers de cordée ou les chevaux qui franchissent en premier la ligne d’arrivée. Ainsi, pour le marché de l’eau, par exemple, c’est SUEZ, classé deuxième en matière d’offre financière ou de prix producteur, qui a remporté le marché au détriment de la SDE pourtant mieux-disante en matière d’offre financière. Célébrons les deuxièmes, les vice-champions, les Raymond Poulidor, les jamais-gagnants et ne visons jamais, surtout, la première place. Et pourquoi donc la chercherions-nous puisque la deuxième place du peloton nous convient si bien ?

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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