Dakar-Echo

Après Khalifa Sall et Karim Wade, Macky Sall envoie Ousmane Sonko son plus farouche opposant en prison

Après Khalifa Sall et Karim Wade, Macky Sall envoie Ousmane Sonko son plus farouche opposant en prison

Entendu lundi par le juge d’instruction Omar Maham Diallo, le plus farouche opposant à Macky Sall, Ousmane Sonko, leader de Pastef-Les Patriotes, est inculpé des huit chefs d’accusation qui suivent et placé sous mandat de dépôt.
– Appel à l’insurrection
– Atteinte à la sûreté de l’État
– Association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste
– Complot contre l’autorité de l’État
– Actes visant à compromettre la sécurité publique
– Actes visant à créer des troubles politiques graves
– Vol
– Diffusion de fausses nouvelles

Arrêté vendredi et placé en garde à vue, il est poursuivi en justice pour huit chefs d’accusation, dont celui d’appel à l’insurrection.

Il est poursuivi pour ‘’appel à l’insurrection, association de malfaiteurs, atteinte à la sureté de l’État, complot contre l’autorité de l’État, actes et manœuvres à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles politiques graves, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, mais également vol de téléphone portable’’, selon le procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance hors classe de Dakar, Abdou Karim Diop.

Ousmane Sonko est également poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles.

M. Sonko, 49 ans, investi candidat par son parti, voit ainsi s’ouvrir une troisième procédure judiciaire à son encontre, qui risque de compromettre encore davantage sa participation à la présidentielle de février 2024.

L’opposant avait été condamné le 1er juin à deux ans de prison ferme dans une affaire de mœurs, un verdict qui le rend inéligible en l’état, soulignent ses avocats et des juristes. Sa condamnation avait engendré les troubles les plus graves depuis des années au Sénégal, qui ont fait 16 morts selon les autorités, une trentaine selon l’opposition.

Ousmane Sonko « a été inculpé et placé sous mandat de dépôt » par un juge d’instruction du tribunal de Dakar qui l’a auditionné, a indiqué lundi à l’AFP Me Ousseynou Ngom.

Le procureur Abdou Karim Diop du tribunal de grande instance de Dakar l’avait accusé samedi d’« appel à l’insurrection, association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté de l’État, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, complot contre l’autorité de l’État, actes et manœuvre à compromettre la sécurité publique et vol » de téléphone portable d’une gendarme. L’infraction « diffusion de fausses nouvelles » s’est ajoutée aux autres chefs d’accusation.

« Farce »
« C’est une farce », a déclaré à la presse Ciré Clédor Ly, un autre avocat de M. Sonko, dénonçant « un dessein qui a été formé, réfléchi, planifié et qui a été exécuté ».

L’opposant poursuivait lundi sa grève de la faim qu’il a entamée dimanche, ont dit ses avocats à la presse.

Les avocats de M. Sonko n’ont pas précisé le lieu où il allait être incarcéré. Comme il s’agit de faits criminels, « la détention est illimitée », « le juge peut le retenir jusqu’à ce que le dossier soit instruit », a ajouté Me Babacar Ndiaye.

M. Sonko avait été arrêté vendredi après avoir notamment affirmé sur les réseaux sociaux que les forces de sécurité présentes devant son domicile l’avaient filmé. Il a précisé avoir « personnellement arraché le téléphone et demandé à la personne de le déverrouiller et d’effacer les images qu’elle a prises », ce que cette dernière a refusé de faire.

Des gendarmes étaient ensuite intervenus et l’avaient arrêté.

De nouveaux troubles sont désormais craints à Dakar et dans tout le Sénégal.

Les autorités sénégalaises ont coupé lundi temporairement l’accès à internet sur les téléphones mobiles en mettant en avant la « diffusion de messages haineux et subversifs » sur les réseaux sociaux, après les appels à manifester contre l’arrestation de M. Sonko.

Elles avaient déjà coupé internet de la même manière début juin lors des violences qui avaient suivi la condamnation de l’opposant.

Amnistie internationale a dénoncé cette restriction, qu’elle considère comme « une atteinte à la liberté d’information », et appelé les autorités à « rétablir l’internet », dans un message sur Twitter rebaptisé X.

Tensions
À Dakar, et aux alentours du palais de justice, un vaste dispositif sécuritaire a été déployé lundi, avec une présence accrue de policiers et des véhicules antiémeute. Peu d’incidents étaient signalés en milieu d’après-midi.

La société qui gère le train rapide reliant Dakar à sa banlieue a toutefois annoncé lundi après-midi « l’arrêt de [la] circulation sur toute la ligne en raison d’actes de malveillance » commis par des protestataires, dans un message sur X. Une partie de l’autoroute était également fermée dans la matinée en raison de manifestations spontanées.

À Ziguinchor, la grande ville du sud dont M. Sonko est le maire, des heurts ont éclaté lundi entre ses partisans et la police, a constaté un correspondant de l’AFP.

Des groupes de jeunes mobiles y ont lancé des pierres aux policiers qui ont tenté de les disperser à coup de grenades lacrymogènes. Plusieurs rues ont été barrées à l’aide notamment de blocs de pierres et de barres de fer par les manifestants, parmi lesquels des femmes, dans plusieurs quartiers de la ville.

M. Sonko crie au complot du président Macky Sall pour l’écarter de la présidentielle de 2024. Le chef de l’État sénégalais, élu en 2012 pour sept ans puis réélu en 2019 pour cinq ans, s’en est défendu. Il a annoncé le 3 juillet qu’il ne se présenterait pas à ce scrutin.

Ousmane Sonko est mis en prison après Karim Wade et Khalifa Sall qui étaient les principaux opposants de Macky Sall mais qui ont depuis rejoints le président Macky Sall avec Idrissa Seck.

Macky SALL a ainsi éliminé tous ses challengers les plus sérieux par une instrumentalisation de la justice sénégalaise

Le ministre de l’intérieur, Antoine Félix Diome a également dissout le parti de Ousmane Sonko, Pastef les Patriotes à compter du 31 juillet 2023

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