Commerce

Vers un plan de départs d’au moins un millier de salariés chez Auchan France

Selon les informations du journal Le Parisien, l’enseigne nordiste, en difficulté avec ses grands hypermarchés, devrait présenter à ses syndicats à la mi-janvier un important plan de départs volontaires.

La casse sociale n’est pas terminée dans la grande distribution, un secteur en profonde mutation qui emploie 750 000 salariés en France. Après Carrefour, qui a mis en branle deux plans de départs volontaires en 2018 et 2019 (plus de 5000 salariés concernés), ainsi qu’un plan de sauvegarde de l’emploi visant 1300 postes après la vente de ses magasins Dia; après Conforama, engagé depuis juillet 2019 dans un vaste plan social touchant 1900 postes, ce sera bientôt au tour d’Auchan Retail d’entrer dans une zone de turbulences.

En avril, l’enseigne fondée par Gérard Mulliez en 1961 à Roubaix a annoncé la fermeture de 21 sites, dont l’hypermarché de Villetaneuse, visant potentiellement 700 à 800 salariés. Le groupe, toujours détenu par la famille Mulliez, s’apprêterait à faire de nouvelles annonces. Selon nos informations, les syndicats devraient recevoir début janvier une convocation pour un comité social et économique d’établissement (CSE) qui devrait se tenir le 14 janvier prochain. Un important plan de départs volontaires, touchant au moins mille salariés, voire davantage, devrait leur être alors présenté, dans le cadre du projet 2022. À ce jour, quelque 50 000 salariés travaillent pour Auchan Retail France. Sollicitée, l’enseigne ne fait aucun commentaire.

Plus d’un milliard d’euros de perte en 2018
Il faut dire qu’Auchan va mal : la holding du distributeur (qui regroupe le commerce alimentaire, mais aussi, dans une moindre mesure, des activités bancaires et immobilières) a essuyé une perte nette de 1,145 milliard d’euros pour l’année 2018. Arrivé aux manettes fin 2018, après de nombreux changements de gouvernance en peu de temps, le président d’Auchan Retail, Edgar Bonte, doit redresser une enseigne passée cette année sous la barre des 10 % de parts de marché… Auchan est désormais au coude-à-coude avec Système U et Casino, loin derrière Leclerc, Carrefour et Intermarché. Rien qu’en octobre, le groupe a perdu 127 000 clients, selon l’institut Kantar.

Raison majeure de la crise actuelle : le modèle des hypermarchés d’antan a vécu. « Or, Auchan réalise la majorité de son chiffre d’affaires via de très gros hypermarchés, de parfois 10 voire 15 000 m2 », décrypte Cédric Ducrocq, le patron de la société de conseil Diamart. Et ce sont précisément ces mastodontes de la distribution qui souffrent le plus aujourd’hui : quel intérêt y a-t-il désormais à acheter une robe, un lave-vaisselle ou un téléviseur dans les rayons d’une grande surface? Pour tous ces articles, les clients plébiscitent désormais les enseignes spécialisées, quand ils ne commandent pas tout simplement en ligne.

Des hésitations stratégiques
Certes, à l’instar de ses concurrents, Auchan a bien tenté de se mettre aux « shops in shop » : l’idée est d’installer des enseignes spécialisées au sein même de ses rayons, afin de proposer une offre complémentaire. Carrefour a ainsi commencé à accueillir des Fnac-Darty, Casino des Cdiscount (les deux enseignes appartiennent au même groupe). Signe des hésitations stratégiques de ces derniers mois au sein de la direction, le groupe Auchan, lui, a plusieurs fois changé d’avis avant de finalement se lancer en septembre, notamment en accueillant un Electro Dépôt dans l’un de ses magasins. « Mais il n’est pas évident que ce modèle des corners shops soit rentable pour les enseignes », estime David de Matteis, du cabinet OC & C.

« C’est évident, 2019 a été une année décevante, on n’a pas senti de nouvelle dynamique, on a piétiné », reconnaît Bruno Delaye, le délégué syndical central de la CFTC, première organisation d’Auchan Retail, qui attend donc la mise en œuvre du plan 2022. « Simplification de l’offre, développement des marques propres… en interne, les managers commencent à être mis dans la boucle », abonde un syndicaliste, pour qui « ce plan nécessitera une prochaine consultation des instances, car il comporte des conséquences économiques et sociales, et pas seulement commerciales ».

Dans cette maison où un ancien décrit « une vraie culture du respect des équipes », et dont 7 % du capital est détenu par les salariés, « la farouche volonté de ne pas se séparer des employés a peut-être retardé de douloureuses décisions », estime un expert.

Odile Plichon avec Sylvie De Macedo pour le Parisien

Digital Manager - Chef de projet chez Alixcom Dakar | E-mail: saliou@dakar-echo.com | +221 77 962 92 15

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