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La citoyenneté indienne élargit aux réfugiés…à condition de ne pas être musulman

Le gouvernement du très nationaliste Premier ministre Narendra Modi va faciliter l’accès à la citoyenneté indienne des réfugiés. À condition qu’ils ne soient pas musulmans…

De prime abord, c’est un vote qui ne peut que réjouir les défenseurs du droit d’asile pour les minorités persécutées d’Afghanistan, du Pakistan ou du Bangladesh. À une très large majorité (311 voix contre 80), la chambre basse du Parlement de l’Inde a adopté, dans la nuit du lundi 9 décembre au mardi 10 décembre 2019, une loi qui va permettre à ceux qui ont fui ces trois pays et qui résident en Inde depuis au moins cinq ans d’acquérir la citoyenneté.

Ce texte correspond à la tradition séculaire indienne d’assimilation et de respect des valeurs humanitaires , a fièrement déclaré le Premier ministre Narendra Modi. Sauf que ne pourront devenir Indiens que les réfugiés hindous, sikh, bouddhistes, jains, parsis et chrétiens. Les musulmans sont exclus.

Sous couvert d’humanité, le texte remet en cause le principe de laïcité inscrit dans la Constitution, en amendant la loi sur la nationalité de 1955 sur une base ethnique et religieuse. Retoqué lors du précédent mandat de Modi, faute de majorité au Sénat, le projet devrait cette fois passer sans problème.

Depuis son triomphe électoral en mai, Narendra Modi et le BJP, son parti ultranationaliste, assument pleinement la mise en œuvre de l’idéologie de l’hindouité , selon laquelle l’Inde appartient aux hindous. Et pas aux quelque 200 millions d’Indiens musulmans (environ 15 % de la population).

Le « coup de la citoyenneté » vient s’ajouter au « coup de force du Cachemire ». Le 5 août 2019, le gouvernement Modi a privé cette région de l’Himalaya, à majorité musulmane et voisine du Pakistan, de l’autonomie dont elle jouissait depuis l’indépendance.

Sous le gouvernement Modi, plusieurs villes dont le nom était perçu comme musulman ont été renommées. Des manuels scolaires ont été modifiés pour atténuer la contribution des musulmans à l’histoire du pays.

La marmite des tensions ethniques et religieuses bout de manière inquiétante. Le 9 novembre 2019, la Cour suprême avait aussi avivé le feu en autorisant la construction d’un temple sur les ruines de la mosquée d’Ayodihya, détruite en 1992 par des nationalistes hindous, dans le nord du pays. À l’époque, des émeutes avaient fait au moins 2 000 morts dans toute l’Inde.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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