Il nous a bien eus. Il avait déjà commencé par nous attendrir, jouant au garçon martyrisé par son père qui ne lui voulait pas que du bien. Incrédules, on l’a adopté.
Vous savez, l’émotion est nègre. Il se la joue misérable, on lui ouvre nos cœurs. Pour le respect de la démocratie et, surtout, contre un troisième mandat de son ancien boss qui lui avait demandé de lui rendre la chose qu’il lui avait confiée, il endosse des habits de combattant.
Lors d’un rassemblement de protestation, le misérable s’était présenté avec un matelas. Oh, pas comme ceux misérables que sa bourgeoise échangeait contre du neuf à de pauvres indigents. Personne n’ y avait vu une façon de nous endormir pour que l’on vote les yeux fermés pour le mari en quête alors d’un second mandat.
Bien joué, Madame ! Le respect de la Constitution, notre homme en avait fait son combat, appelant le peuple à prendre possession de la rue pour empêcher la forfaiture.
Le droit de marche, il en avait fait aussi son affaire. Rien que pour cet accès de colère, on lui avait fait porter de force le costume d’opposant.
Pendant que les autres se livraient à une guérilla dans la capitale, le malin avait poursuivi sa campagne à l’intérieur du pays.
Et comme par hasard, il s’était retrouvé au second tour. Le peuple lui avait donné un coup de pouce, surtout que l’on redoutait que le Vieux remette le pouvoir à son vilain fils.
Un fils que le vainqueur a réussi par la suite à éloigner du pays après. Depuis lors, il n’a cessé de nous raconter des salades.
Faut bien que l’on soit poli. Mais c’est plus que des salades. De ce qu’il nous avait promis, tout s’est évaporé. Même ses convictions.
D’une gestion sobre et vertueuse, on s’est retrouvé avec une gestion calamiteuse et d’une indécence abjecte avec un ramassis d’individus.
Assurément, nous sommes tombés bien bas ! Bien joué, Chef. Tant pis pour les Sénégalais qui doivent apprendre l’art de bien choisir un président.
