Chronique

Salif Sadio, un maitre chanteur sort du bois…

Très attendu à la réunion qu’il avait convoquée samedi dernier dans le village de Koudjoughor, département de Bignona, le chef rebelle Salif Sadio a fait faux bond à ses invités.

Après avoir annoncé sa présence, il a envoyé des émissaires. Dans le message porté par ces derniers, le chef du front Nord du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) a dénoncé la lenteur des négociations avec l’Etat avant de réitérer l’inéluctabilité, selon lui, de l’indépendance de la Casamance.

Selon lui, par la bouche d’un de ses émissaires, « si les choses continuent comme elles sont, nous serons obligés de reprendre les armes » !

Aveu que cette rébellion ne combat plus depuis longtemps et vit de petits et grands trafics. Il convient de dénoncer là une faiblesse coupable de la part de l’Etat du Sénégal qui ne devrait même pas céder à ce coupeur de route un pouce du territoire pour qu’il puisse s’exprimer librement !

Porté disparu suite aux multiples traques de la part de nos vaillants soldats, le chef rebelle Salif Sadio est sorti de son trou. Et d’une triste manière ! Ou, plutôt, il s’est terré davantage et a envoyé au front cinq pauvres émissaires.

Attendu samedi dernier 27 avril dernier au village de Koudjoughor où il devait faire, avait-il promis, une importante déclaration sur les négociations Etat- MFDC, Salif Sadio a posé un lapin à tout le monde.

Dans une déclaration remise à l’un de ses émissaires et recueillie par l’AFP, Salif Sadio a accusé l’Etat de ne manifester aucune volonté de respecter ses engagements. et de soutenir que les négociations (ndlr, avec l’Etat par le biais de la communauté de Sant’Egidio en Italie) avancent à pas lents certes « mais elles avancent à pas sûrs vers l’indépendance de la Casamance » !

Le chef rebelle du MFDC, qui vit dans la clandestinité, s’est exprimé, en français et en mandingue, depuis un village proche de la frontière gambienne.

Ce qui est regrettable, c’est le fait de voir Salif Sadio s’exprimer librement en territoire sénégalais ou dans un village frontalier avec la Gambie d’Adama Barro jusqu’à pouvoir réitérer sa revendication d’indépendance de la Casamance.

De là, on se demande où se trouvent les forces de défense et de sécurité censées ne laisser squatter aucun pouce du territoire national occupé des bandits ou rebelles armés ?

En tout cas, depuis la tuerie sauvage de Boffa, l’armée poursuivait ses opérations de ratissage dans la Casamance des profondeurs.

Outre les nombreuses arrestations effectuées par les gendarmes, les militaires avaient pulvérisé à l’artillerie lourde les bastions et zones tampons où s’étaient retranchés des groupes de rebelles. Lesquels persécutaient, tuaient, volaient et pillaient les populations locales.

Et depuis presque 40 ans ! Une rébellion qui a fait depuis son début en 1982 des centaines de morts et causé des dizaines de milliards de francs de dégâts. Malgré tout, sa cause indépendantiste n’a jamais évolué.

Conscients du fait qu’ils n’obtiendront jamais cette indépendance, beaucoup de rebelles ont d’ailleurs déposé les armes et rejoint la société des honnêtes citoyens. Les autres se sont reconvertis dans le grand banditisme transfrontalier, histoire d’évoluer comme des poissons dans l’eau, à la lisière des frontières poreuses séparant le Sénégal des pays voisins comme la Gambie et la Guinée-Bissau.

Des rebelles en errance qui se sont payé le « luxe » de s’organiser en associations de malfaiteurs jusqu’à se spécialiser dans les braquages, les cambriolages à main armée, les trafics d’armes légères, les embuscades, les trafics de drogue, le commerce de noix d’anacarde etc.

Ces dernières années, ce sont ces bandes de malfaiteurs qui sévissent impunément en Casamance. Et ce sont ces malfaiteurs que l’Etat a invités autour d’une table de négociations qui n’est autre qu’une tribune de chantage.

Souhaitons que le président de la république Macky Sall, un homme épris de paix mais connu pour sa fermeté, ne cèdera pas aux oukases de ces maitres chanteurs du genre Salif Sadio !

Pape Ndiaye

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

Articles Similaires

1 sur 47

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *