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Nos données personnelles, protégeons-les !

La révolution numérique a pour effet d’exposer les données essentielles de notre vie privée à tous les abus. Commerciaux et politiques. Il est temps de sortir collectivement de l’esprit de négligence qui domine dans les comportements numériques. La protection de nos données personnelles est un enjeu de société largement sous-estimé par les usagers dans leurs pratiques quotidiennes.

Les spécialistes de l’internet le savent depuis longtemps. La protection de nos données personnelles est un enjeu de société largement sous-estimé par les usagers dans leurs pratiques quotidiennes. Plusieurs raisons expliquent ce manque de vigilance : la complexité de ce sujet, la rapidité des usages lorsque l’on est devant un écran, la banalisation des petites infractions quotidiennes. À force de devoir excogiter un mot de passe un jour sur deux, nous sommes tous tentés de baisser la garde. Par lassitude ou par empressement.

Aux raisons de cette reddition devant la fuite inexorable de nos données les plus personnelles, il faut en ajouter une autre, encore plus préoccupante : le manque d’éthique consternant de nombreux opérateurs du web. On a appris cette semaine que Facebook, le réseau social le plus répandu au monde avec plus de 2,4 milliards d’utilisateurs, traquait la géolocalisation des utilisateurs, même s’ils avaient désactivé cette fonction. Pour les gaver de publicités. Rappelons que le groupe Facebook comprend également WhatsApp, Instagram et Messenger.

Le business de la localisation
Dans son édition de jeudi, le New York Times publiait une vaste enquête sur le business de la localisation. Avec sur son site des graphiques impressionnants montrant la précision de l’espionnage de masse qui se pratique désormais sur notre dos. Le quotidien américain, grâce à des fuites et à un fort engagement du journal sur ce thème majeur, nous informe que chaque minute, chaque jour, partout sur la planète, des dizaines d’entreprises enregistrent les déplacements des détenteurs de portables.

Ces fuites ne proviennent pas d’un lanceur d’alerte d’une agence fédérale américaine ni d’un employé d’un géant du Web. Mais tout simplement d’une société de localisation de données, qui a pignon sur rue comme des centaines de sociétés similaires, et qui fait son chiffre d’affaires en exploitant les logiciels embarqués à bord de nos téléphones portables. En lisant notre vie comme un livre à ciel ouvert. Les lieux que nous fréquentons, les achats que nous faisons, les messages que nous échangeons.

Ma poupée Big Brother
Beaucoup considéreront que ces révélations ne sont pas surprenantes. Le thème n’est pas nouveau et d’autres enquêtes ont déjà levé le voile. C’est vrai. Mais le fatalisme qui nourrit souvent les dialogues sur ce thème n’est pas moins dangereux que ces atteintes systématiques à la vie privée. Car en matière de communication, on sait depuis le siècle dernier que l’apparition de technologies nouvelles peut aisément être détournée à des fins totalitaires.

Le mot serait-il trop fort ? Non. La radio et le cinéma furent de puissants moyens de propagande sous les régimes totalitaires entre les deux guerres. La surveillance de masse numérique est aujourd’hui un instrument utilisé pleinement par le régime chinois pour tenir sous contrôle la population.

Dans une campagne de sensibilisation à la veille de Noël, la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) vient de mettre en garde les parents sur les risques liés aux jouets connectés qui arrivent sur le marché. Des spots très instructifs sont diffusés sur le site de la CNIL. Sur le risque de voir, par exemple, un intrus numérique s’emparer du contrôle de la poupée connectée avec laquelle joue votre enfant. Et lui parler, alors que vous êtes dans une autre pièce. À votre insu.

Nos portables sont un peu comme ces poupées. Vulnérables. Nous devons tous nous instruire sur le sujet, et il est temps d’en parler, d’en débattre et d’agir. Car, avec la vie privée, ce sont nos libertés mêmes qui sont menacées.

Laurent MARCHAND avec Ouest France

Digital Manager - Chef de projet chez Alixcom Dakar | E-mail: saliou@dakar-echo.com | +221 77 962 92 15

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