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Du journalisme sans se cacher – Par Jean Meissa Diop

Un journal sans adresse fixe – Cette illégalité aura valu à votre serviteur une descente à son domicile, de la Dic samedi 30 juin au petit matin – Mais, alors, comment cela a-t-il été possible ?

Tout simplement parce que le directeur de publication d’un journal – pas du fantôme – aura favorisé une confusion d’adresses de domicile ! Mais, alors, comment cela a-t-il été possible ?

Que fait l’Etat de la loi sur les publications exigeant que soit porté dans chaque édition de toute publication ce petit espace appelé ‘’ourse’’ et comportant des informations sur l’adresse exacte de la publication, le nom de son éditeur, ceux de l’imprimerie sur les presses desquelles a été tiré le titre, le distributeur de ce dernier et tant d’autres points ?

Ajoutez à cela l’obligation du dépôt légal, c’est-à-dire déposer cinq exemplaires du même titre au bureau du procureur, cinq à la Direction de la surveillance du territoire (Dst) du ministère de l’Intérieur, cinq aux Archives nationales… Il nous souvient qu’alors rédacteur en chef de ‘’Wal Fadjri’’, mon directeur de publication, Abdourahmane Camara, moi, de même tous les responsables de journaux paraissant au Sénégal, avons été convoqués à la Dst.

Là, le commissaire Negri nous informa que désormais, avant toute mise en vente, tout journal devra faire le dépôt légal, avant 7 h du matin. Au vu de tout ce dispositif règlementaire, un journal a pu avoir pignon sur… kiosque, depuis deux ans, paraît-il, et être ‘’sans adresse fixe’’ et connue de la police.

Cette dernière, n’ayant pu retrouver le directeur de publication du ‘’journal fantôme’’, – mais pas tant que ça – s’est lancée dans une opération de recherche hasardeuse, vexante et, au bout du compte, infructueuse. Il n’y a pas que l’Etat à questionner dans cette affaire. Il y a aussi à interroger sur qui est journaliste, qui est directeur de publication et tant d’autres critères et exigences qui, semble-t-il, trouvent réponse et satisfaction dans les dispositions du Nouveau code de la presse sénégalaise.

Le Justin Ndoye, ‘’directeur de publication’’ du sulfureux ‘’L’Exclusif’’, journal par lequel tout est arrivé, faux nom derrière lequel se cache un ancien collaborateur de ‘’Walf’’, ne nous semble pas satisfaire aux exigences d’un directeur de publication ayant un sens professionnel et des responsabilités à tout point de vue.

Et il y a cet usage du pseudonyme par un journaliste. Un usage au sujet duquel le Code de déontologie du journalisme est sans ambages : ‘’Le journaliste prend la responsabilité de ses écrits, même anonymes’’ (Charte des devoirs des journalistes professionnels, Paris 1918).

Le recours à un pseudonyme ce n’est pas pour se défausser, ni pour agir en toute impunité et se débiner à la moindre incartade qu’aura provoqué la fausse signature et les écrits en faute. C’est sous ce nom d’emprunt qu’a été écrit un article rapportant des propos du député Farba Ngom révélant la vénalité de patrons de presse à qui la présidence de la République du Sénégal aurait distribué des mallettes d’argent contenant entre 10 et 20 millions de francs.

On ne fait pas une affirmation aussi grave qu’énorme pour se réfugier ‘’courageusement’’ derrière une fausse identité et sans avoir mal à la conscience professionnelle. Avec les conséquences et désagréments que nous avons endurés.

La troisième considération est que, dans ce Sénégal, un journaliste peut être recherché selon des méthodes applicables aux grands malfaiteurs par un service de police aussi ‘’lourd’’, aussi redouté, aussi connoté que la Division des investigations criminelles. Avec, pour ainsi dire, un carrousel de véhicules, une escouade d’agents agissant sans mandat (il paraît que cela s’appelle ‘’perquisition illégale’’) quoique sur ordre du procureur, les uns en civil avec un look de ‘’baye fall’’.

En un mot comme en cent, et pour revenir et finir sur ce point, l’Etat et les autorités compétentes, de même que les instances de régulation et d’autorégulation de la presse, doivent prendre à cœur l’obligation pour les organes de presse de se conformer aux dispositions légales concernant les publications.

Afin que la presse ne soit plus un moyen pour régler des comptes et se croire à l’abri des sanctions prévues contre l’imposture et la lâcheté sous couvert d’exercice de la profession de journaliste.

Post-scriptum : Je voudrais dire un vibrant merci à tous ceux et celles qui m’ont, par téléphone, de vive voix, par message, par autres réseaux sociaux, témoigné soutien, réconfort, encouragement à la suite de l’épreuve qui a été imposée à moi et à ma famille par la police. Ce soutien et ces témoignages émouvants pèsent de tout leur poids sur ma détermination et mes convictions professionnelles et autres. Je vous suis reconnaissant !

Jean Meissa Diop

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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