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Vladimir Poutine devrait rester président jusqu’en…2036

Vladimir Poutine devrait rester président jusqu’en…2036

Les autorités se sont mobilisées pour assurer au chef du Kremlin une forte participation et une large victoire du « oui », qui autoriserait notamment le chef de l’Etat à battre le record de longévité au pouvoir de la Russie moderne. Au prix, semble-t-il, de fraudes.

Le chef de l’Etat russe, Vladimir Poutine, voulait réformer par référendum la Constitution pour prolonger son règne, il a réussi son pari, sans surprise. Près de 80 % des électeurs ont voté pour la réforme de la Constitution que le chef du Kremlin a lancée il y a six mois, selon les premiers résultats venant de l’est du pays.

Le succès du « oui » fait d’autant moins de doute que, au milieu de ce vote étalé sur une semaine du 25 juin au 1er juillet, l’institut officiel de sondages Vtsiom l’avait annoncé gagnant à plus de 75 %, dès lundi. Un autre objectif du Kremlin a été atteint : la participation a tourné autour de 65 %.

Amendements sociaux et sociétaux
Le toilettage institutionnel renforce les pouvoirs du président et, surtout, permet à Vladimir Poutine de remettre ses compteurs présidentiels à zéro pour, au terme de son mandat en 2024 après un quart de siècle au pouvoir, rempiler jusqu’en 2036. Il battrait alors le record de Staline de longévité au pouvoir dans la Russie moderne.

Beaucoup d’électeurs sont allés aux urnes non pas pour ces amendements institutionnels mais pour la multitude d’amendements sociaux et sociétaux, depuis l’indexation des retraites jusqu’à l’institutionnalisation du mariage hétérosexuel.

A la veille du dernier jour de vote, Vladimir Poutine a d’ailleurs appelé ses concitoyens au nom de « la stabilité, la sécurité, la prospérité et la dignité » à voter « pour le pays dans lequel nous voulons vivre ».

Aides exceptionnelles de 10.000 roubles
Alors que la vague grandissante de mécontentement et le peu d’enthousiasme pour la réforme risquaient de mettre à mal les objectifs de participation, les autorités ont redoublé d’effort dans la dernière ligne droite pour mobiliser l’électorat et démontrer la nécessité de soutenir le régime. Au matin du dernier jour du vote, des aides exceptionnelles de 10.000 roubles (125 euros) ont été versées aux familles avec enfants. Les télévisions publiques ont multiplié les appels indirects au vote, montrant même triomphalement un cosmonaute en train de voter en ligne depuis la station spatiale internationale.

Et les commissions électorales ont tout fait pour se rapprocher des électeurs. Les bureaux de vote « délocalisés » se sont multipliés, sans respect du secret du vote ni vraie présence d’observateurs indépendants : en pleine campagne ou sur un parking, sur une table à côté d’aire de jeux ou dans le coffre de voiture, sur un terrain de football ou dans un bus… L’objectif était d’éviter l’affluence et de minimiser les risques sanitaires en cette période de coronavirus. Un moyen aussi de rendre impossible le contrôle strict et permanent sur les urnes.

Les soupçons de falsifications sont d’autant plus forts que le Kremlin avait choisi non pas la formule d’un référendum avec ses strictes procédures d’organisation, mais celle beaucoup moins contraignante d’un « vote populaire ». Le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, a qualifié mercredi soir d’ «énorme mensonge» les résultats du vote, exhortant ses partisans à se mobiliser pour les élections régionales de septembre.

Sur sa carte des fraudes, l’ONG Golos dont plusieurs experts locaux ont été intimidés par la police a recensé des cas concrets de votes multiples et de bourrage d’urnes. Pressions et contrôles n’ont jamais été aussi nombreux non seulement sur les fonctionnaires mais aussi sur les personnels d’entreprises, publiques comme privées. Un système sans faille pour assurer la victoire du Kremlin dans ce vote de confiance.

Benjamin Quénelle 

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