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Soupçonné du meurtre de son ex-épouse, le Premier ministre du Lesotho, Thomas Thabane est «parti» en Afrique du Sud

Officiellement, Thomas Thabane est parti en Afrique du Sud jeudi pour « raison médicale ». C’est en tout cas la raison avancée par le secrétaire du Premier ministre du Lesotho. Une version suscitant bien des doutes quand on sait que Thabane devait être inculpé ce vendredi pour le meurtre de sa précédente épouse il y a trois ans.

L’affaire remonte au 14 juin 2017. Alors que Thomas Thabane et sa femme Lipolelo, 58 ans, sont en instance de divorce, celle-ci est assassinée alors qu’elle rentre chez elle en voiture dans la capitale Maseru.

Le crime se produit deux jours avant que Thomas Thabane ne prête serment au poste de Premier ministre du petit royaume austral à l’histoire politique instable. Lors de sa prise de fonctions, Thabane est assis aux côtés d’une autre femme, Maesaih. Cette femme de 43 ans devient deux mois plus tard la nouvelle épouse du Premier ministre.

Une démission d’ici fin juillet
Pendant deux ans, l’enquête sur la mort de Lipolelo Thabane piétine. Mais depuis quelques semaines, les coups de théâtre succèdent. Début février, Maesaiah Thabane est inculpée du meurtre de sa rivale. Elle est désormais en liberté sous caution.

Thomas Thabane était pour sa part censé comparaître ce vendredi devant la justice pour être formellement inculpé de meurtre. « Cela a été convenu avec son avocat », assurait jeudi le numéro 2 de la police Paseka Mokete. « Cela ne signifie pas nécessairement qu’il était présent (NDLR : sur le lieu du crime) mais qu’il agissait de concert » avec le ou les meurtriers, a-t-il ajouté.

Au même moment, Thomas Thabane annonçait sa démission au plus tard le 31 juillet. « Je quitterai effectivement le poste de Premier ministre à la fin juillet de cette année ou plus tôt si les préparatifs nécessaires à mon départ sont terminés », a-t-il déclaré sur la radio publique.

« Au-delà de cette date, je serai disponible pour donner des conseils à mon successeur », a-t-il ajouté. L’annonce de son départ n’est pas une grande surprise puisque mi-janvier, Thomas Thabane, 80 ans, avait prévenu qu’il démissionnerait à une date qui restait encore à préciser. Il avait justifié sa décision par son âge avancé.

Un appel téléphonique suspicieux
La réalité est que son parti, la Convention de tous les Basotho (ABC), fatigué par cette affaire, le presse depuis des semaines de partir. Lundi, l’ABC a même frappé du poing sur la table en lui ordonnant de démissionner d’ici jeudi. Un ultimatum que le Premier ministre a donc ignoré.

La population du Lesotho, pays enclavé dans l’Afrique du Sud, s’est dite abasourdie par l’annonce de Thomas Thabane. « Cela défie tout logique qu’il veuille rester au pouvoir malgré la controverse », a réagi une vendeuse de rue dans la capitale, Malefa Mpobole, âgée de 52 ans. « Ce vieil homme devrait partir tant qu’il peut encore le faire. Il nous a déçus […]. Il devrait partir, avec sa femme », a estimé une autre habitante de Maseru, Lenka Ntjabane.

En janvier, la police avait interrogé le chef du gouvernement dans le cadre de l’enquête sur le meurtre de sa précédente épouse. Dans une déclaration sous serment transmise à la justice, le chef de la police Holomo Molibeli avait accusé Thomas Thabane d’être « impliqué » dans le crime. Il avait fait état d’un appel téléphonique suspicieux localisé à l’endroit du meurtre et passé depuis le téléphone portable du Premier ministre.

Le Premier ministre va-t-il retourner dans son pays après son « contrôle médical » en Afrique du Sud ? Thabo Thakalekoala, son secrétaire, affirme que oui. « Quand les médecins estimeront qu’il va bien, ils le laisseront partir », a-t-il assuré.

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