Société

Saisie de 760 kg de cocaïne par la Marine Nationale: Les failles d’une belle prise

Dans la lutte contre la criminalité maritime, l’Armée sénégalaise par le biais de sa Marine a réalisé sa plus belle opération depuis des décennies. Il s’agit de la saisie de 750 kg de cocaïne d’une valeur de 60 milliards de nos francs.

La saisie a a eu lieu à bord de deux vedettes au large de nos cotes. Une opération au crédit de nos braves marins.

Malheureusement un manque de collaboration immédiate et spontanée entre marins, douaniers, policiers et gendarmes a fait remonter à la surface de l’eau les failles d’une belle prise. Des failles qui risquent de remettre en question le dispositif de collaboration.

Dans la nuit du mercredi au jeudi 31 octobre 2019, deux vedettes transportant 750 kg de cocaïne ont été arraisonnées par la Marine nationale. L’opération a eu lieu en haute mer, juste au moment où les deux embarcations venaient de quitter les eaux gambiennes. Jusque là, rien à signaler si ce n’est de féliciter la Marine nationale qui a, encore une fois, accompli avec brio sa mission régalienne visant à assurer la sécurité et la protection de notre espace maritime.

Ce faisant, elle prouvait par la même occasion qu’elle demeure un dispositif incontournable dans la lutte contre le transport maritime de stupéfiants. Même si, ces dix dernières années, le dispositif renforcé de la Marine nationale en haute mer entre dans le cadre de l’opération Frontex (Frontières extérieures) ayant pour mission de lutter contre les bateaux et autres embarcations transportant des migrants illégaux en direction des cotes européennes. C’est dans ce cadre, d’ailleurs, que de nouveaux patrouilleurs rapides de surveillance maritime ont été acquis, avec l’aide de l’Union européenne, pour augmenter les capacités d’action de nos braves marins.

Dans la nuit du 31 octobre dernier, donc, les convoyeurs de cocaïne ont eu le malheur de tomber au mauvais endroit et au mauvais moment où les patrouilleurs de la Marine sénégalaise avaient déjà reçu des renseignements selon lesquels des vedettes transportant de la drogue ont levé l’ancre à partir des eaux gambiennes en direction des cotes espagnoles. Les vedettes des trafiquants se sont donc retrouvées cernées par une section de la Marine nationale qui a agi en commando.

Un assaut en mer d’un grand professionnalisme puisque non seulement les deux vedettes ont été interceptées mais tous les passagers ont été arrêtés sans aucune perte de vie humaine, ni cas de noyade. Jusque-là, encore une fois, il n’y avait rien à reprocher à la Marine nationale dont l’opération s’est effectuée dans le cadre de la mission qui lui a été confiée. Ce, dans le respect total des règles militaires. Ensuite, les trafiquants et leur cargaison de drogue ont été ramenés sur la terre ferme. Encore, rien d’anormal !

Juste une erreur de communication !
Malheureusement, le communiqué de la Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa) a ouvert une première faille dans cette belle prise. En effet, la Dirpa a fait état dans son communiqué d’une importante quantité de cocaïne saisie « estimée » à 1260 kilogrammes. Ce alors que la quantité saisie s’établissait exactement à 750 kilogrammes de cocaïne. En fait, l’Armée a trop voulu bien faire en jouant la transparence absolue au risque de se tromper sur la quantité réelle de la poudre blanche saisie par la Marine.

En se précipitant pour annoncer la nouvelle de la saisie, la Dirpa a cédé aux exigences d’une communication préventive ou en temps réel devenue aujourd’hui au centre des préoccupations de la presse et de l’opinion nationale. Un exercice risqué pour une opération aussi sensible qu’une saisie de drogue. En livrant une quantité erronée supérieure de 500 grammes à la saisie réellement effectuée par les marins, la Dirpa a commis une erreur de communication même si elle a pris le soin de parler d’ « estimation » c’est-à- dire une évaluation approximative voire imprécise d’une quantité — de drogue pour ce cas précis. Une surévaluation ou surestimation qui n’enlève rien au mérite de la Marine nationale. Et ne devrait pas conduire à jeter la pierre sur la Dirpa qui fait un excellent travail dont se félicitent tous les professionnels de la presse.

L’autre faille à déplorer, c’est l’absence de coordination juste après l’opération efficacement menée par la Marine nationale. Car, dans ce genre de saisie, l’Armée (Marine) devait immédiatement alerter avant tout communiqué la Police scientifique dotée de balance numérique de haute précision pour la pesée de la drogue. Ce aux fins de déterminer la quantité, la qualité et les caractéristiques de la cocaïne afin de pouvoir remonter la filière. D’ailleurs, on nous confie que si la Marine avait alerté la Police ou la Gendarmerie juste après l’arraisonnement des deux vedettes, il serait fort possible de faire immédiatement d’une pierre deux coups. Autrement dit, traquer le navire où les vedettes se sont ravitaillées.

Si ce n’est démanteler le réseau terrestre d’approvisionnement, quitte à mettre à contribution la Police ou la Marine gambienne. Mais rien de tout cela ! Et pourtant, une unité mixte de coordination de la lutte contre la drogue a été mise en place par les autorités Elle regroupe des agents de la Douane et de la Police ainsi que les éléments de la Gendarmerie et normalement ceux de l’Armée. Il est vrai que dans cette lutte contre les stupéfiants, la Police et la Douane sont les principales unités intervenantes qui ont qui ont pour mission, entre autres, de maximiser ou multiplier les saisies à l’entrée sur le territoire national pour les douaniers et désorganiser ou affaiblir les réseaux d’approvisionnement et autres cartels pour les policiers et gendarmes.

Une chose est sûre, la lutte contre la drogue est un éternel recommencement. Donc « Le Témoin » est convaincu que marins, douaniers, gendarmes et policiers vont tirer des leçons de cette saisie en mer quelque peu chahutée par des problèmes de communication dès lors qu’ils sont tous mus par un seul et unique objectif : servir la patrie !

Pape Ndiaye

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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