AfriqueMali

Nouvelle tuerie à Ogossagou (Mali) où 160 Peuls avaient été massacrés en 2019

Une trentaine d’hommes armés ont donné l’assaut et semé la mort dans la nuit de jeudi à vendredi à Ogossagou, dans le centre du Mali, faisant une vingtaine de victimes. Quelques heures après, huit soldats ont péri et quatre autres ont été blessés dans un guet-apens tendu à Bintia, dans la région de Gao.

pris dans une spirale de violences intercommunautaires et jihadistes a connu une nouvelle journée sanglante avec la mort de 21 civils dans un village déjà visé par une attaque meurtrière un an plus tôt et celle de huit soldats tombés dans une embuscade, également dans le centre du pays.

Une trentaine d’hommes armés ont donné l’assaut et semé la mort dans la nuit de jeudi à vendredi à Ogossagou (centre), où 160 Peuls avaient été massacrés en mars 2019, a dit à l’AFP le chef du village, Aly Ousmane Barry.

Huit soldats morts
Quelques heures après, huit soldats ont péri et quatre autres ont été blessés dans un guet-apens tendu à Bintia, dans la région de Gao (centre), a annoncé l’armée sur les réseaux sociaux.

Un autre soldat a trouvé la mort dans une attaque distincte à Mondoro.

Les chasseurs traditionnels dogon, déjà incriminés en 2019, ont à nouveau été montrés du doigt par des responsables locaux à Ogossagou sans que rien ne permette de corroborer indépendamment le caractère communautaire de l’attaque dans cette zone reculée frontalière du Burkina Faso. L’armée, soumise ces derniers mois à une succession d’attaques jihadistes, n’a pas désigné ses assaillants à Bintia.

Les autorités ont, elles, été mises en cause en raison du retrait de l’armée d’Ogossagou quelques heures avant le carnage.

Attaques
« On avait dit aux militaires de ne pas partir et ils sont partis. Ce qui a encouragé les chasseurs traditionnels à revenir », a dit un élu local s’exprimant sous le couvert de l’anonymat pour des raisons de sécurité.

Vendredi, le chef du village a procédé au « décompte en présence des militaires et des services de santé. Nous avons 20 morts, certains étaient calcinés ». Le gouvernement a fait état pour sa part de 21 morts.

D’autres villageois, dont le nombre diffère selon les sources, sont portés disparus.

Ogossagou avait été visée le 23 mars 2019 par une attaque qui avait coûté la vie à 160 civils. Attribuée à des chasseurs dogon, elle avait été le point culminant de violences intercommunautaires alors en cours dans le centre.

Cycle de représailles
Cette région est prise dans un tourbillon de violences depuis 2015 et l’apparition d’un groupe jihadiste emmené par le prédicateur peul Amadou Koufa, qui a largement recruté parmi sa communauté, et rejoint le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), principale alliance jihadiste du Sahel affiliée à Al-Qaïda, dès sa création en 2017.

Les affrontements se sont multipliés entre les Peuls, majoritairement éleveurs, et les ethnies bambara et dogon, qui pratiquent essentiellement l’agriculture. Ces dernières ont créé des groupes d’autodéfense en s’appuyant sur les chasseurs traditionnels dozos.

La principale association de chasseurs dogon, Dan Nan Ambassagou, avait été officiellement dissoute au lendemain du massacre à Ogossagou, mais elle n’a jamais cessé d’opérer.

500 civils tués en 2019
Si le rythme des attaques d’envergure a ralenti, les actes de violences quotidiennes n’ont jamais cessé dans la région.

Outre ces exactions et représailles communautaires, le Mali est en proie à une poussée jihadiste qui, partie du nord, a atteint le centre du pays puis le Burkina et le Niger voisins. Dans cette spirale s’est inscrite une explosion de la criminalité de droit commun et du brigandage. Depuis 2012, les violences ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.

Quelque 500 civils ont été tués dans le centre rien qu’en 2019, année la plus mortelle pour les civils depuis 2012, selon l’ONG Human Rights Watch.

Mondoro à nouveau attaqué
L’armée malienne, quant à elle, a perdu des dizaines de soldats dans une série d’opérations jihadistes ces derniers mois. Elle a procédé à un repositionnement de ses forces, s’exposant à l’accusation de livrer à elles-mêmes certaines populations civiles.

L’un de ses camps, Mondoro, déjà pris pour cible en septembre avec celui voisin de Boulkessi dans une double attaque qui avait fait 40 morts, a de nouveau été attaqué dans la nuit de jeudi à vendredi. Un garde national a été tué, a-t-on appris de sources sécuritaires.

Mercredi, un militaire malien a également été tué dans une attaque jihadiste à Dialloubé, également dans le centre, a annoncé l’armée. Cinq jihadistes ont été tués, a-t-elle dit.

Le chef de la Mission de l’Onu au Mali, Mahamat Saleh Annadif, a relevé dans un communiqué que l’attaque d’Ogossagou survenait alors que l’armée malienne venait d’accomplir dans le Nord un acte d’affirmation de l’autorité étatique sur le territoire en revenant jeudi à Kidal, contrôlée par les ex-rebelles touareg.

« Il est urgent de briser cette spirale de la violence », a-t-il dit.

Digital Manager - Chef de projet chez Alixcom Dakar | E-mail: saliou@dakar-echo.com | +221 77 962 92 15

Articles Similaires

1 sur 258

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *