En réunion du Conseil des ministres d’avant-hier, mercredi 9 juin 2021, le président de la République qui a procédé une semaine auparavant au déclassement de la bande des filaos à Guediawaye, a invité le gouvernement à renforcer la protection de nos forêts à travers la poursuite des actions de classement. Ces décalages souvent notés entre certains engagements du chef de l’Etat et ses actes posent un réel problème de perception de l’objectif de la gouvernance poursuivi par le régime en place.
Qu’on le dise ou pas, il est parfois très difficile de cerner la position claire de l’actuel régime sur certaines questions à fort enjeu. Et pour cause, depuis son arrivée au pouvoir, en mars 2012, l’actuel chef de l’Etat, Macky Sall ne cesse de poser des actes qui vont parfois à l’opposé de ses engagements politiques d’imprimer une rupture dans la façon dont les choses étaient administrées.
Le cas le plus récent est sa sortie en réunion du Conseil des ministres du mercredi 9 juin dernier. En effet, saisissant l’occasion de la célébration de la Journée de l’Environnement, chaque 05 juin, le président de la République, Macky Sall, renseigne le communiqué du Conseil des ministres, à l’entame de sa communication, a réaffirmé l’engagement de l’Etat à mobiliser tous les moyens nécessaires à la préservation de la biodiversité et à la restauration des écosystèmes.
Poursuivant son propos, ajoute encore cette source, il (chef de l’Etat) a ainsi demandé au Ministre de l’Environnement et du Développement durable, « d’accentuer la sensibilisation des populations, afin de renforcer la protection de nos forêts à travers la poursuite des actions de classement de la lutte hardie contre les coupes et les trafics illicites de bois… ». A travers cette sortie, le président Sall entend ainsi passer à l’action dans la réalisation des objectifs du PSE vert qu’il avait promis notamment aux populations de Dakar, lors de sa prestation de serment le 2 avril 2019 pour un deuxième et dernier mandat présidentiel.
Seulement, il faut dire que derrière ce discours officiel du chef de l’Etat, la réalité est toute autre. Puisque le vendredi 4 juin dernier, soit la veille de cette célébration de la journée de l’environnement, il a lui-même signé le décret n°2021- 701, qui déclassifie la bande de filaos située dans la Commune de Wakhinane Nimzat livrant ainsi au bradage ce petit espace vert qui restait de la bande maritime à Guédiawaye.
Cette mesure avait d’ailleurs poussé dans la rue les responsables du Pac (pôle pour une alternative citoyenne) qui luttent pour la préservation du littoral, ainsi que la société civile. Il faut dire que l’actuel régime et son chef, le président Macky Sall ne sont pas à leur premier coup d’essai.
On se rappelle de la hausse quasi généralisée du tarif de plusieurs produits de consommation dont l’électricité, le carburant, le ciment et la baguette du pain quelques jours seulement après la réélection au premier tour de la présidentielle de 2019 du président Sall, nonobstant sa promesse faite le jour de son investiture de mettre « en œuvre la deuxième phase du PSE sur la période 2019-2024» qui permettrait de maintenir le Sénégal sur la voie de la «stabilité et continuité», le 2 avril dernier.
Toujours, dans cette liste des engagements du chef de l’Etat remis en cause par les faits, il y a le cas du patrimoine foncier de l’ancien aéroport international Léopold Sedar Senghor confié à l’armée nationale depuis l’ouverture du nouvel aéroport de Diass.
En effet, en visite sur ce site lors de la campagne électorale pour le deuxième tour de la présidentielle de 2012, le candidat Macky Sall, après avoir déploré la « boulimie foncière » de ses ex-compagnons libéraux aux affaires à l’époque, s’était engagé, une fois élu, à organiser un audit foncier national en vue de faire toute la lumière sur les conditions dans lesquelles les terres de l’aéroport de Dakar-Yoff ont été distribuées ou attribuées.
Contrairement à cet engagement, son régime est aujourd’hui pointé du doigt dans le bradage du foncier de cet aéroport. Dans sa chronique hebdomadaire du 8 juin 2020, Madiambal Diagne était monté au créneau pour dénoncer entre autres, le morcellement de la zone du hangar des pèlerins de Yoff en des centaines de parcelles de 250 m2 et le fait que «sous prétexte de donner des lots de terres de 200 mètres-carrés à 300 personnes, victimes de spéculateurs fonciers sur un projet de la cité Tobago, une superficie de 60 hectares soit morcelée sur les réserves de l’aéroport Léopold Sédar Senghor.
Et, des hauts fonctionnaires, des responsables politiques, des chefs religieux, des journalistes ont été servis». Il faut dire que la liste des cas des contradictions entre les actes et les déclarations du régime en place est loin d’être exhaustive.
Nando Cabral GOMIS
Laisser un commentaire