Mali

L’ex-ministre malien de la Défense Bah NDAW désigné président de transition

Le nouveau président est censé officier comme chef de l’État pendant plusieurs mois avant un retour des civils au pouvoir.

Le processus fut des plus rapides. À peine réuni depuis une heure dans le camp militaire de Kati, dans la proche banlieue de Bamako, le collège chargé de nommer le président qui dirigera le Mali après le coup d’État du 18 août a livré son verdict.

Il a remis le pouvoir à Bah N’Daw, un colonel-major à la retraite et ancien ministre de la Défense. «Un choix qui n’était pas attendu», explique le chercheur Baba Dakono, tout en soulignant que «les véritables négociations duraient sans doute depuis plusieurs jours». Moins surprenante est la nomination au poste de vice-président, un poste nouvellement créé par les putschistes. Il revient au colonel Assimi Goïta, qui dirige la junte.

Le nouveau chef de l’État, qui prendra ses fonctions le 25 septembre prochain, devrait a priori satisfaire les exigences de la CEDEAO.

L’organisation régionale, qui a placé le Mali sous sanctions depuis le coup d’État, avait exigé la semaine dernière que le pouvoir soit restitué aux civils. Une mission de la CEDEAO, dirigée par l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, est attendue mardi pour entériner cette désignation express. La junte a, elle aussi, des raisons de réjouir. Elle qui ne cachait sa frustration de ne pas pouvoir conserver les rênes du pays devrait s’entendre avec cet ancien militaire réputé rigide.

L’officier, âgé de 70 ans, a fait sa carrière sous les drapeaux. Formé essentiellement en URSS, comme beaucoup de militaires maliens de sa génération, le colonel Bah N’Daw fut un temps l’aide de camp du dictateur Moussa Traoré, un poste dont il démissionna.

Selon sa fiche officielle, il a ensuite pris la tête de l’armée de l’air et du génie, avant d’assurer la tête de la société des anciens combattants. Plus récemment, il était revenu aux affaires en étant, brièvement en 2014, ministre de la Défense du président renversé Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK. «Sa personnalité a permis de résoudre la difficile équation de désignation d’un homme qui devait satisfaire tout le monde», analyse, prudent, un diplomate.

Divergences d’appréciation
Peu connu, Bah N’Daw génère des commentaires diamétralement opposés. Quand certains, comme Baba Dakono, voient en lui un «poids léger» qui «ne sera pas à même de peser sur les décisions», donc une simple couverture «pour Assimi Goïta, qui assurera la réalité de ce pouvoir qu’il ne veut pas lâcher», d’autres imaginent en lui un «homme puissant».

«Il est derrière le coup depuis le début. C’est un homme très discret mais avec des convictions très fortes», assure un bon connaisseur de la scène malienne. Reste encore à savoir si le Mouvement du 5 juin (M5), qui durant des mois a manifesté pour exiger le départ d’IBK, va se satisfaire de cet homme en retrait voire effacé.

Ces derniers mois, Bah N’Daw se serait rapproché d’une partie du M5, les conseillant sur la stratégie à suivre, sans toutefois en faire partie. D’autres branches du M5, groupe aujourd’hui très divisé, se montrent plus surprises. Sa proximité familiale avec le général Diawara, ex-chef de la sécurité d’État d’IBK honni des manifestants, pourrait faire grincer des dents.

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