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Les «vigiles de quartier» montent en puissance en Turquie

Les vigiles ou gardiens de quartier, qui patrouillent la nuit pour signaler cambriolages et troubles à l’ordre public, disposeront presque des mêmes pouvoirs que les policiers.

Le Parlement turc a adopté tôt jeudi un projet de loi controversé qui renforce considérablement les pouvoirs de «vigiles de quartier». Des opposants du président Recep Tayyip Erdogan l’accusent de vouloir bâtir une «milice».

«Le projet de loi sur les vigiles de quartier a été accepté», a déclaré le Parlement sur son compte Twitter. Aux termes du texte adopté, les vigiles ou gardiens de quartier («bekçi», en turc), qui patrouillent la nuit pour signaler cambriolages et troubles à l’ordre public, disposeront presque des mêmes pouvoirs que les policiers.

Ils pourront en effet désormais porter et faire usage d’une arme à feu en cas de besoin et stopper des individus pour contrôler leur identité ou les fouiller.

Vieille de plus d’un siècle, cette institution rattachée au ministère de l’Intérieur s’est considérablement développée après une tentative de coup d’Etat en juillet 2016 contre M. Erdogan. La Turquie compte aujourd’hui plus de 28’000 vigiles de quartier.

L’étude du projet de loi à l’hémicycle a donné lieu à des débats virulents, des députés en venant même aux mains lors d’une séance agitée mardi.

«Affaiblir l’Etat de droit»
Le parti islamo-conservateur AKP de M. Erdogan, qui a présenté le texte, affirme que ces nouvelles règles permettront aux vigiles d’assister plus efficacement les forces de l’ordre en déjouant des cambriolages et en empêchant des agressions dans la rue.

Dans les vieux films turcs, ces vigiles sont présentés comme des oncles bienveillants patrouillant les rues avec un sifflet entre les lèvres, à l’affût de fauteurs de troubles.

Mais l’opposition soupçonne aujourd’hui M. Erdogan, accusé de dérive autoritaire, de chercher à mettre en place une force armée loyale. «Ils utilisent l’institution des vigiles de quartier pour mettre en place une milice», a déclaré mardi Mahir Polat, un député du principal parti d’opposition CHP (social-démocrate).

«S’il existe un problème lié à la sécurité dans ce pays, alors il faut renforcer la police ou la gendarmerie», a-t-il ajouté. «En renforçant les vigiles, ils créent les conditions pour accroître la pression sur la société, assurer le maintien du pouvoir en place et affaiblir davantage l’Etat de droit», a estimé mardi le député Hakki Saruhan Oluç, du parti prokurde HDP.

(ATS/NXP)

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