CinémaCulture

Les Oscars imposent des critères de diversité pour être éligible au trophée du meilleur film

Les longs-métrages devront employer devant et derrière la caméra des talents issus des minorités ethniques et des communautés sous-représentées (LGBT, handicap). Des mesures historiques encore trop timides pour certains, révoltantes pour d’autres.

Fin juin, les Oscars ont dépassé leur objectif de doubler dans sa composition le nombre de femmes et de membres issus de minorités ethniques.

Critiquée pour son manque de diversité envers les talents issus de minorités et les femmes, l’Académie des Oscars se donne les moyens pour ne plus jamais connaître l’opprobre #OscarsSoWhite. Les organisateurs de la cérémonie la plus emblématique du septième art ont annoncé mercredi des critères historiques de diversité pour être éligible à sa récompense reine : l’Oscar du meilleur film. Les longs-métrages espérant décrocher une nomination seront soumis en 2024 à des règles strictes de diversité, derrière et devant la caméra.

Sous les nouvelles règles, appliquées pour l’édition 2024, les longs-métrages concourant pour le prix le plus prestigieux d’Hollywood devront répondre à au moins deux des quatre critères suivants numérotés de A à D.

Critère A : Mettre à l’affiche au moins un acteur principal issu de minorités ethniques et raciales, que 30% des petits rôles soient incarnés par des personnes de communautés «sous-représentées» (LGBT, personnes en situation de handicap et rôles féminins), ou que le film aborde comme thème principal les questions relatives à ces minorités.

Critère B : Avoir au sein de son équipe dirigeante ou des membres des équipes techniques en coulisses des personnes issues de groupes ethniques historiquement défavorisés, femmes, personnes LGBT et handicapées comprises.

Critère C : Proposer des stages payants ou des apprentissages aux personnes issues de ces minorités.

Critère D : Avoir dans son équipe de distribution et de marketing des personnes issues de ces minorités.

Ces critères, inspirés de ceux mis en place aux Bafta britanniques, ont vocation à «encourager à une représentation équitable à l’écran et en dehors afin de refléter au mieux la diversité de l’audience des films», assure l’Académie. «Il ne s’agit pas d’exclure des films mais d’encourager les studios à changer de mentalité, à offrir plus d’opportunités», a rappelé au Hollywood Reporter le président des Oscars David Rubin.

Les films concourant dans cette catégorie pour les éditions 2022 et 2023 ne seront pas assujettis à cette règle, mais devront fournir à l’Académie des données confidentielles sur le sujet.

Un bouleversement trop radical ou trop timoré ?

Ces annonces ont été saluées par nombre de critiques qui, depuis des années, dénoncent le peu de place réservée aux réalisatrices ou aux artistes hispaniques et asiatiques.

«Ces actions sont les plus courageuses prises par un organisme de récompenses. En tant qu’homme Latino / Noir, ce geste incarne changement que les gens de la rue réclament depuis le meurtre de George Floyd», salue Clayton Davis.

Le journaliste de Variety voit dans ses mesures le moyen de former les réalisateurs, scénaristes, directeurs de la photographie de demain et espère que des jeunes issus de milieux défavorisés n’ayant pas de pied à l’étrier puissent apprendre leur métier auprès des icônes d’aujourd’hui. «Cette réforme ne change rien à des grands films comme Les infiltrés de Scorsese.

Warner peut garder DiCaprio et Matt Damon sur l’affiche mais cherchera à se conformer aux critères C et D, et mettra en valeur des talents issus de la diversité qui auraient, sans cela, bataillé des années pour émerger».

Le New York Times fait la même démonstration avec 1917 de Sam Mendes sur l’équipée kamikaze de deux soldats blancs au travers des lignes allemandes. Il suffit d’engager un maximum de stagiaires et de responsables marketing issus de la diversité, diagnostique le quotidien américain.

Cette stratégie pour se conformer aux critères de l’Académie, est un des arguments des détracteurs de la réforme qui l’estiment trop timide puisqu’elle ne concerne qu’une seule catégorie sur la vingtaine existante et épargne les Oscars récompensant les meilleurs rôles et seconds rôles. Des catégories où la domination des acteurs blancs a justement généré la polémique #OscarsSoWhite

D’autres opposants s’inquiètent que ces critères limitent la créativité des auteurs. À l’image de la comédienne Kirstie Alley, la star d’Allo maman, ici bébé. Dans un tweet qu’elle a depuis effacé, elle osait cette comparaison : « C’est une honte pour les artistes du monde entier. Pouvez-vous imaginer raconter à Picasso ce qui devait être dans ses peintures… Vous avez perdu la tête. Contrôlez les artistes, contrôlez la pensée individuelle. OSCAR ORWELL».

Constance Jamet

Digital Manager - Chef de projet chez Alixcom Dakar | E-mail: saliou@dakar-echo.com | +221 77 962 92 15

Articles Similaires

1 sur 10

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *