Europe

Les 27 de l’Union Européenne s’accordent sur un plan de relance post-Coronavirus

Les 27 dirigeants européens ont finalement trouvé un accord sur le plan de relance post-coronavirus ce mardi au petit matin, après cinq jours d’un sommet marathon et d’une bataille acharnée entre les pays « frugaux » et le couple franco-allemand.

Il aura fallu quatre jours et quatre nuits et de multiples prises de bec, mais les 27 dirigeants de l’Union Européenne ont trouvé un accord, tôt ce mardi matin, sur un plan historique destiné à soutenir leurs économies frappées par la crise du coronavirus, basé pour la première fois sur une dette commune.

« Deal ! », a annoncé en anglais le Belge francophone Charles Michel, président du conseil européen, sur son compte Twitter.

« Jour historique pour l’Europe ! », a assuré dans la foulée Emmanuel Macron sur le même canal.

« Le plan de relance fondé sur cette solidarité européenne, c’est un changement historique de notre Europe et de notre zone euro. C’est la première fois que nous mettons en place cette capacité budgétaire commune, à ce niveau-là », a déclaré le président français lors d’une conférence de presse en visioconférence aux côtés de la chancelière allemande, Angela Merkel. Sans l’Allemagne et la France ensemble, « rien n’est possible », a-t-il souligné.

« Je suis convaincu que ce plan, ce budget sont de nature à répondre aux défis sanitaires, économiques et sociaux qui sont aujourd’hui devant nous dans chacun de nos pays, et que décider de ne pas y répondre, s’eut été décider de dépenser beaucoup dans quelques mois ou quelques années », a poursuivi Emmanuel Macron.

« Structurer une solidarité commune »
Alors que la France a dû faire des concessions, notamment sur le montant des subventions, il dit n’avoir « aucun esprit chagrin à propos de cet accord ». Avant d’ajouter : « Nous sommes en train de structurer une solidarité commune, de consolider l’euro comme une vraie monnaie internationale ».

« Nous avons un accord. Et un bon accord ! Avec un budget 2021-2027 de 1 074 milliards et un plan de relance de 750 milliards, jamais l’Union européenne n’avait décidé d’investir de manière aussi ambitieuse dans l’avenir », a expliqué de son côté la Première ministre belge Sophie Wilmes.

Un fonds de 750 milliards d’euros
Pour soutenir l’économie européenne qui affronte une récession historique, le plan prévoit un fonds de 750 milliards d’euros, qui pourront être empruntés par la Commission sur les marchés. Il se décompose en 390 milliards de subventions, qui seront allouées aux États les plus frappés par la pandémie. Ce sera la dette commune à rembourser par les 27.

Cette émission de dette commune, une première, repose sur une proposition franco-allemande, qui suscitait une farouche opposition de la part des pays dits « frugaux » (Pays-Bas, Autriche, Danemark, Suède) rejoints par la Finlande.

Outre ces subventions, 360 milliards d’euros seront disponibles pour des prêts, remboursables par le pays demandeur. Le plan est adossé au budget à long terme de l’UE (2021-2027), qui prévoit une dotation de 1 074 milliards d’euros, soit 154 milliards d’euros par an.

Fournir des gages
À plusieurs reprises, les pays « frugaux », taxés par certains de « radins », ont menacé de faire capoter ce plan massif de soutien à l’économie, qui profiterait avant tout aux pays du Sud comme l’Italie et l’Espagne. Ces pays les plus touchés par l’épidémie sont aussi jugés trop laxistes en matière budgétaire par leurs partenaires du Nord.

Pour vaincre leurs réticences, le président du Conseil européen, Charles Michel, a dû revoir sa proposition initiale et leur fournir des gages.

Notamment en révisant à la baisse les 500 milliards de subventions prévues au départ et défendues par Berlin et Paris. Mais aussi en augmentant de façon substantielle les rabais accordés à ces pays, qui jugent leurs contributions nettes au budget de l’UE disproportionnées. La correction accordée à l’Allemagne reste stable.

Par rapport à la proposition initiale de Charles Michel, ces hausses des rabais vont de 22 % pour les Pays-Bas à 138 % pour l’Autriche. Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, le plus difficile à convaincre, avait reconnu que des progrès avaient été faits en sa direction.

Un budget lié aux objectifs climatiques
« Pour la première fois dans l’histoire européenne, le budget est lié aux objectifs climatiques, pour la première fois, de respect de l’État de droit devient une condition pour l’octroi des fonds », a annoncé Charles Michel.

Cette condition rencontrait une forte opposition de la Pologne et la Hongrie, deux pays dans le collimateur de la Commission et du Parlement européen qui ont enclenché une procédure à leur encontre pour des violations de l’État de droit.

Viktor Orban, qui avait fait planer des menaces de veto au sommet, a réclamé la fin de cette procédure dite de « l’article 7 » à l’encontre de son pays, qui peut en théorie déboucher sur des sanctions. La presse hongroise pro-Orban a salué une « grande victoire ».

Les sources de tension n’ont pas manqué au cours de ce sommet marathon. Emmanuel Macron a notamment haussé le ton pour dénoncer la mauvaise volonté et les « incohérences » des frugaux.

Mais le sommet a aussi été l’occasion d’une relance spectaculaire du couple franco-allemand, après des mois d’impatience et de frustrations réciproques, et du même coup du projet européen, ébranlé par la crise du Covid-19.

Digital Manager - Chef de projet chez Alixcom Dakar | E-mail: saliou@dakar-echo.com | +221 77 962 92 15

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