AfriqueAfrique de l'Ouest

L’Afrique de l’Ouest en proie à des flambées de violence

Dans des contextes très différents, ces trois pays d’Afrique connaissent actuellement des épisodes de contestation politique sanglants.

Depuis plusieurs jours, de violents affrontements secouent la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Nigeria, provoquant la mort de plusieurs dizaines de personnes. Pour les deux premiers pays, les tensions sont liées à une échéance électorale. Pour le dernier, la contestation, très suivie à l’étranger, se focalise sur les brutalités policières. Explications.

Affrontements intercommunautaires en Côte d’Ivoire
À dix jours de l’élection présidentielle, la Côte d’Ivoire est plongée dans une nouvelle crise politique. Au moins sept personnes sont mortes et une quarantaine ont été blessées dans des affrontements intercommunautaires autour de Dabou, 50 km à l’ouest d’Abidjan.

Selon des habitants, des premiers troubles ont commencé lundi et ont dégénéré en affrontements intercommunautaires mardi entre Adioukrous (ethnie locale, réputée favorable à l’opposition) et Dioulas (ethnie du Nord réputée pro-pouvoir). Le bilan pourrait encore s’alourdir. Le préfet, le maire de Dabou ainsi que des témoins ont mentionné des tirs de fusils d’assaut. Une vingtaine de personnes sont mortes depuis le mois d’août.

Le président Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2010, se présente à un troisième mandat controversé, tandis que les candidatures de plusieurs figures de l’opposition ont été invalidées. À Abidjan, l’opposition ivoirienne a estimé que la mission de médiation ouest-africaine venue à Abidjan avant la présidentielle a été un « échec » et a demandé à ses militants d’intensifier leurs actions de « désobéissance civile ». L’opposition réclame notamment une refonte de la commission électorale indépendante (CEI) et du Conseil constitutionnel qu’elle juge « inféodés au pouvoir ».

Les principaux acteurs politiques de la crise de 2010-2011 sont toujours au premier plan : l’ex-président Henri Konan Bédié, devenu chef de l’opposition, est candidat, tandis que les candidatures de Laurent Gbagbo et de l’ex-chef de la rébellion qui lui était opposée, Guillaume Soro (ex-allié d’Ouattara devenu opposant) ont été invalidées.

Emeutes post-scrutin en Guinée
Le scrutin est terminé chez le voisin guinéen, mais avant même l’annonce des résultats, des affrontements fracturent le pays. Alors que les premiers dépouillements donnent l’avantage, la journée de mercredi a été marquée par le décès d’au moins neuf personnes (huit civils et un policier).

Des journalistes de l’AFP ont été témoins de barricades enflammées sur la chaussée, de jets de pierres de jeunes partisans de l’opposition et de la riposte des forces de l’ordre à coups de frondes et de gaz lacrymogène, dans les quartiers populaires de la capitale.

Le leader de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, accuse le pouvoir d’être responsable de ces violences, et de vouloir lui voler la victoire via « une fraude à grande échelle ». L’ancien Premier ministre (2004-2006) s’était autoproclamé vainqueur dès lundi et affirme qu’il avait lui-même remporté 53 % des suffrages selon les résultats collectés par son parti. Il se dit maintenu « prisonnier » depuis mardi par un fort déploiement policier.

Sur les réseaux sociaux, ses partisans ont fait état d’un nombre plus élevé de morts, dont une fillette de trois ans et une jeune fille. Ces informations n’ont pas pu être vérifiées immédiatement de source indépendante.

Répression de manifestations pacifiques au Nigeria
Incendies, heurts, coups de feu sporadiques : la situation restait extrêmement tendue mercredi à Lagos, au lendemain de la répression de manifestations pacifiques qui ont fait 12 morts selon Amnesty.

Dix personnes sont mortes au péage de Lekki, dans le sud de Lagos, et deux à Alausa. Le péage de Lekki est l’épicentre de la contestation populaire qui secoue depuis près de deux semaines le Nigeria, première puissance économique de l’Afrique, et pays le plus peuplé du continent. Des milliers de jeunes manifestent contre les violences policières et le pouvoir en place accusé de mauvaise gouvernance. À ce jour, au moins 30 personnes, dont deux policiers, sont décédées dans ces manifestations.

La communauté internationale a condamné à l’unanimité ces violences, l’UE jugeant « crucial que les responsables de ces abus soient traduits en justice », l’ONU appelant à « la fin des brutalités et des abus policiers au Nigeria ». « Si les informations faisant état de la mise hors service de l’éclairage et des caméras de surveillance avant la fusillade devaient être confirmées, cela pourrait suggérer que cette attaque lancée contre des manifestants pacifiques était préméditée, planifiée et coordonnée », a déclaré la Haute-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet.

Mercredi la tentaculaire Lagos s’était vidée de ses 20 millions d’habitants, priés de rester chez eux alors qu’un couvre-feu total a été imposé. L’armée nigériane a nié être à l’origine de cette fusillade, dénonçant des « fake news ». Le président Muhammadu Buhari s’est lui borné à rappeler son engagement « à reformer la police », appelant de nouveau « au calme », sans un mot sur l’attaque de Lekki, déjà renommé « mardi sanglant ».

Avec Le Parisien

Digital Manager - Chef de projet chez Alixcom Dakar | E-mail: saliou@dakar-echo.com | +221 77 962 92 15

Articles Similaires

1 sur 258

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *