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La pression monte sur l’opposition Ivoirienne avec l’ouverture d’enquêtes judiciaires contre plusieurs de ses dirigeants

La pression est encore montée d’un cran vendredi sur l’opposition ivoirienne, qui conteste la réélection du président Alassane Ouattara, avec l’annonce d’enquêtes judiciaires contre plusieurs de ses dirigeants, apparemment isolés tant au plan national qu’international.

Trois des principaux dirigeants de l’opposition, qui avaient appelé à la «désobéissance civile» avant l’élection du 31 octobre, puis avaient déclaré l’institution d’un pouvoir parallèle dit de «transition» après le scrutin qu’ils ont boycotté, font l’objet d’enquêtes pour «complot contre l’autorité de l’État», «mouvement insurrectionnel», «assassinat» et «actes de terrorisme», a déclaré le procureur d’Abidjan, Richard Adou.

Il s’agit de Maurice Kakou Guikahué, numéro deux du principal parti d’opposition, «interpellé le 3 novembre», du porte-parole de l’opposition et ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan, et de l’ancien ministre Abdallah Mabri Toikeusse. Ces deux derniers sont «en fuite et activement recherchés», selon le procureur.

M. Mabri Toikeusse se dit pourtant bloqué à son domicile par les forces de l’ordre. Quant à Pascal Affi N’Guessan, dont la résidence a été fouillée jeudi sans succès par la police selon un de ses proches, il «n’est pas en fuite», mais «a dû se retirer de son domicile pour des questions de sécurité», d’après son porte-parole Issiaka Sangaré.

L’ancien chef de l’État Henri Konan Bédié, proclamé par l’opposition «président» de son «Conseil national de transition» (CNT) lundi, «n’est pas en état d’arrestation», ni assigné à résidence, a indiqué le procureur, précisant que les forces de l’ordre ont bloqué son domicile pour «mettre fin au trouble à l’ordre public». «Bédié est ménagé parce qu’il est une icône pour les Baoulé», un des principaux peuples de Côte d’Ivoire, a expliqué à l’AFP une source proche du pouvoir.

«Les actes perpétrés et commandités par les promoteurs de cet organe (le CNT) avaient pour finalité d’attenter à l’autorité de l’État afin de parvenir au renversement des institutions de la République», a estimé le procureur, précisant en être «encore au stade de l’enquête préliminaire et de l’information judiciaire», aucune inculpation n’ayant été prononcée à ce stade.

Alassane Ouattara, 78 ans, a été proclamé mardi réélu pour un troisième mandat par la commission électorale. Mais l’opposition, dirigée par M. Bédié, conteste ce troisième mandat qu’elle juge inconstitutionnel.

«Réalité parallèle»
Le chapelet d’accusations déroulé par Richard Adou vise les violences commises avant et après l’élection présidentielle, qui ont fait au total une quarantaine de morts, notamment dans des affrontements interethniques.

L’opposition, qui n’a toujours pas baissé la garde dans son combat face au régime Ouattara, semblait vendredi de plus en plus isolée, selon des analystes. «Le CNT est vraiment isolé. Il n’y a pas eu de manifestation de militants contre le blocus des dirigeants. Ils ne sont pas suivis par la communauté internationale», qui a appelé l’opposition à respecter l’ordre constitutionnel, «leur démarche est perçue comme une aventure sans issue», selon l’analyste politique Sylvain N’Guessan.

«Il n’est pas sûr qu’ils n’aient aucun soutien populaire», tempère l’analyste Rodrigue Koné, «mais la population ne veut pas revivre la crise post-électorale de 2010-11 avec deux présidents et deux gouvernements», qui avait abouti à une guerre civile de quatre mois avec 3.000 morts.

Selon des sources diplomatique et proche du pouvoir, aucune avancée n’a été enregistrée vendredi dans les négociations en coulisses entre pouvoir et opposition. «L’opposition semble évoluer dans une réalité parallèle», a déploré la source diplomatique.

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