HistoireKaffrineSociété

En mémoire de la saga des ndaocounda sur la terre de la bravoure

VOYAGE DANS L’ANCIENNE PROVINCE DU NDOUCOUMANE

Après la dislocation de l’Empire du Gabou, les guerriers Ndaocounda ont migré, suivant les siècles, vers toute la Casamance, le Sénégal oriental, passant par Niani Sandougou, Niani Wouli, Niani Kalankadougou, «Namandirou ou Njarmeew». Retour sur le périple de Namandirou au Ndoukoumaane, en passant par le Djolof, le modèle d’organisation des Ndaocounda, le règne des Beuleup, etc.

Ndoucoumane, terre de bravoure. L’évocation de cette ville ou cette province du Saloum convoque l’histoire marquée par les Ndao qui portaient le titre de « Beuleup ».Selon Mamadou Gaye, professeur d’histoire et de Géographie, le Ndoucoumane était constitué de Nguer, Birkelane, Pakala, Bambouck, de Mandakh et Hoddar.

« La première capitale du Ndoukumaane était Mbellbouck. Puis, en 1896, ce fut Kaffrine (fondée en 1602) dépendant de Kahone qui était à l’époque la capitale du Saloum. Le nom de Kaffrine, qui signifie « non croyant » en langue arabe et socé, lui a été donné du fait du refus de ses habitants d’embrasser la religion musulmane », explique-t-il.

Les rois qui régnaient au trône portaient le titre de Beuleup Ndoucouman ou roi du Ndoucouman. Selon Abdoulaye Faye Ndao, professeur d’histoire, les Ndao, venant du village de Karta situé entre le Guidimakha et le Fouta- Toro, avec à leur suite les Peulhs du Thinore, les Top, les Thiobane, les Dioum et d’autres ethnies, s’étaient regroupés dans une contrée au Nord-est du Sénégal et y fondèrent le village dénommé Namandirou.

« Après avoir vécu pendant très longtemps sans enregistrer aucun décès ou signe de vieillissement, les Ndaocounda prirent alors la décision de quitter le Namandirou. C’est alors que commença un long et tragique exode marqué par la fa- mine, la soif, la pauvreté, la maladie, la mort », raconte-t-il.

Après plusieurs errements à Péthie-Péthie, Mandéra, Nébakh- Nébakh, Nébakhatou, Demba Fourou, explique-t-il, ils rebroussèrent chemin. Avec les interminables guerres fratricides, Waly Mbéry Mbacké Ndao et les siens, souligne ce professeur d’histoire, se résolurent à quitter définitivement le Namandirou. Ainsi le patriarche Waly Mbéry Mbacké Ndao et son fils Sangoulé Yeguéne Diaw Ndao s’installèrent au Djolof.

EN BONS TERMES AVEC LE SALOUM

Ses fils Tagouthie Waly Ndao et Diagone Waly se fixèrent à Ndoucoumane (qui est une déformation de l’expression sérére « Ndok fa Mac » qui signifie « la grande du roi », selon Mamadou Ndao Seune ou encore « Dougou Meune », expression wolof qui signifie « vainqueur dans toute épreuve », selon feu Ndiock Faye). Pour M. Ndao, la création du Ndoucoumane est fixée entre 1519 et 1543.

Satisfait du travail accompli par les guerriers Ndao conduits par Tagouthie Waly Ndao et Diagone Waly, Lat Mengué Dieulène Ndiaye donna aux Ndaocounda toute la contrée située entre le Nguer, le Bambouck, Colobane, Pakala jusqu’au Fleuve Gambie.

Ceux-ci créèrent le royaume de Ndoucoumane dont la capitale prit le nom de Mbelbouck avant de devenir Kaffrine en 1896, qui est la traduction littérale de l’expression mandingue«awkafri»qui veut dire:« soyez les bienvenus, installez-vous, vous êtes chez vous ».

Installés à Kaffrine, les Ndaocounda donnèrent très vite une expansion phénoménale à leurs bases. Ils bénéficiaient d’une attention enviable auprès du roi du Saloum et de son peuple. La preuve, ces derniers ne faisaient rien sans y associer le roi du Ndoucoumane. Celui- là porte le titre de « Beuleup », comme ailleurs le roi porte le titre de «Brack ».

Quand il se passait quelque chose d’important dans le territoire du Saloum et qui nécessitait la prise d’une importante décision, elle pouvait être prise dès que le « Beuleup » faisait acte de présence dans l’assemblée.

INGENIOSITE ET EFFICACITE A TOUTE EPREUVE

Lorsque l’armée du Saloum était en guerre, là aussi, le « Beuleup» n’avait nullement besoin d’annoncer qu’il va y prendre part avec ses troupes. Il vient directement se jeter dans la bataille. On peut dire donc à juste raison que le «Beuleup» jouissait d’une prééminence incontestée dans l’administration du Saloum, et pour cause.

Le roi de Kaffrine était la synthèse des qualités de son peuple, qui se déclinent en ingéniosité et efficacité à toute épreuve. C’est pourquoi certains attribuent le nom Ndoukoumaan à l’expression wolof «Dougoumane », ce qui veut dire « lou gnou dougou rek gno thiamane ». Ce qui signifie tout simplement qu’ils sont meilleurs dans tout ce qu’ils entreprennent avec les autres.

Il est important de rappeler que le nom du territoire, à savoir Ndoucoumane, ainsi que le titre de « Beuleup », sont les principales marques de reconnaissance des Ndao de Kaffrine. Les « Beuleup », du premier, c’est-à-dire Tagouthie, au dernier, Kimintang ou Ibrahima Ndao, dont le début de règne remonte à 1901, sont au nombre de 46.

Les plus populaires des 46 Beuleup sont : Beuleup Fary Awa Diop Ndao, Beuleup Gale Maïssa Ndao, Beuleup Gnoukhy Ndao, Beuleup Ndéné Ndiaye Marone Ndao (premier Beuleup au trône du royaume de Saloum), Beuleup Biram Khourédia Tiek Ndao (second Beuleup à accéder au trône du royaume de Saloum de 1732-1734) Beuleup Ndéné Ndiaye Bigué Ndao (autre Beuleup qui restera Bour Saloum pendant 19 ans (1734-1753) Beuleup Sandéné Kodou Bigué Ndao (Bour Saloum de 1767- 1769), Beuleup Sandéné Kodou Fall Ndao (Bour Saloum dont le règne dura 9 ans de 1778-1787), Beuleup Balé Ndoungou Khourédia Ndao (Bour Saloum de 1823 à 1851) Beuleup Ndiémé Diénoum Ndao (quarante-quatrième souverain du Saloum, 3 ans de règne de 1899 à 1902) et Beuleup Ibrahima Ndao.

Amath Sigui Ndiaye

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

Articles Similaires

1 sur 211

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *