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En campagne électorale, Donald Trump fait huer les élues visées par ses tweets « racistes »

De retour sur les estrades de campagne, Donald Trump a poursuivi jeudi ses attaques contre les démocrates qui « détestent » l’Amérique, au lendemain de la dénonciation par le Congrès de ses tweets « racistes ».

« Ces idéologues de gauche (…) veulent détruire notre Constitution, supprimer les valeurs sur lesquelles notre magnifique pays a été bâti », a-t-il lancé depuis Greenville, en Caroline du Nord.

« Ce soir, nous renouvelons notre détermination à ne pas voir l’Amérique devenir un pays socialiste », a-t-il ajouté.

Devant une marée de casquettes rouges « Make America Great Again », il a cité les quatre élues démocrates issues de minorités auxquelles il avait conseillé dans un tweet de « retourner » chacune dans son pays d’origine.

« Renvoyez-la! Renvoyez-la! » s’est mise à scander la foule lorsque M. Trump a évoqué Ilhan Omar, l’une des deux premières femmes musulmanes élues au Congrès, qui a créé la controverse avec des commentaires sur Israël jugés antisémites par de nombreux élus.


Très agressif vis-à-vis des quatre femmes qu’il qualifie désormais de « méchantes jeunes élues socialistes », M. Trump s’est montré particulièrement ironique en évoquant Alexandria Ocasio-Cortez, jeune représentante de New York.

« Je n’ai pas le temps de prononcer trois noms, on va l’appeler Cortez… », a lancé le président des Etats-Unis.

La très médiatique « AOC », benjamine de la Chambre des représentants, a déclenché une polémique mi-juin en comparant les camps de rétention pour migrants érigés à la frontière sud des Etats-Unis à des « camps de concentration ».

Projet ridicule » de destitution

S’il galvanise sa base électorale, le milliardaire républicain fait un pari risqué en alimentant les tensions raciales et idéologiques et en creusant la division de l’Amérique.

Ce faisant, il renonce clairement à se poser en rassembleur et mise plus que jamais sur la mobilisation de l’électorat blanc.

Pour les quatre élues démocrates, interrogées ensemble sur CBS, tout ceci est d’abord une manoeuvre politique de la part du président américain.

« C’est une manière de faire diversion (…) pour ne pas parler des questions qui préoccupent véritablement les Américains », a souligné Ayanna Pressley.

Le milliardaire républicain de 73 ans, qui visera en novembre 2020 un second mandat de quatre ans, s’est aussi réjoui lors de son meeting mercredi soir de l’échec au Congrès, un peu plus tôt dans la journée, d’une motion appelant au lancement d’une procédure de destitution contre lui.

Cette motion a été rejetée à la Chambre des représentants contrôlée par les démocrates, illustrant la division qui règne au sein de l’opposition sur cette question.

Le locataire de la Maison Blanche a salué l’échec de cette résolution, « le projet le plus ridicule qui soit ».

La Chambre des représentants a également adopté mardi soir une motion condamnant des propos « racistes » du président américain.

Si le vote avait une portée symbolique forte, M. Trump sait qu’il peut compter sur le soutien des ténors républicains du Congrès.

Car si, ici et là, des élus du « Grand Old Party » ont dénoncé les tweets présidentiels, ils sont dans l’ensemble très prudents dans leurs critiques envers celui qui sera –sauf énorme surprise– leur candidat en 2020.

Et seuls quatre élus républicains à la Chambre des représentants ont voté pour le texte de la majorité démocrate.


Mitch McConnell, chef de la majorité républicaine au Sénat, s’en est tenu à une déclaration très générale. « Nous avons tous une responsabilité (…), nos mots sont importants », a-t-il simplement affirmé, avant d’ajouter, en réponse à une question, que le président n’était, à ses yeux, « pas un raciste ».

« Quatre ans de plus »

Les tweets controversés ne semblent pas nuire à la popularité de M. Trump chez les électeurs républicains: son taux d’approbation a gagné cinq points, à 72%, selon un sondage Reuters/Ipsos réalisé lundi et mardi.

Par rapport à la semaine dernière, sa cote de popularité dans l’ensemble de la population est restée stable, à 41%.

Et la question de l’immigration, un marqueur de sa campagne de 2016 qu’il compte réutiliser, fait mouche.

Selon une enquête du centre de recherche Pew publiée mercredi, 57% des républicains estiment que les Américains « risquent de perdre leur identité en tant que nation » si le pays est « trop ouvert » aux immigrants.

Revenant longuement sur sa victoire de 2016, « une des soirées les plus extraordinaires de l’histoire de la télévision », M. Trump a lancé: « Nous devons la refaire », face à une foule enthousiaste qui a réagi en scandant « Quatre ans de plus ».

Dakarecho avec AFP

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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