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Dubaï lance la reconnaissance faciale dans les transports, la France y est favorable

Dubaï va mettre en place un système de reconnaissance faciale dans les transports en commun à des fins de «sécurité», ont annoncé cette semaine des responsables à l’AFP.

Utilisée dans les aéroports ou dans la téléphonie mobile, la reconnaissance faciale est une technologie d’intelligence artificielle (IA) qui permet l’identification des personnes par la captation et l’enregistrement de la physionomie du visage.

«Ce système a montré son efficacité pour identifier les individus suspects ou recherchés», a expliqué mardi à l’AFP l’amiral Obeid al-Hathbour, directeur du Département de la sécurité des transports (TSD) au sein de la police de Dubaï, lors d’une simulation d’attaque à main armée dans une fausse station de métro. «Notre ambition est (…) d’assurer un haut niveau de sécurité dans tous les transports», a-t-il ajouté.

Lors de la simulation, organisée en présence du prince héritier de Dubaï cheikh Hamdane ben Mohammed, une unité spéciale de police est intervenue et a interpellé les assaillants, repérés grâce au système de reconnaissance faciale. L’équipe d’intervention est en contact avec un centre de contrôle qui relaye les informations et données collectées.

Plusieurs technologies bientôt généralisées
Ces unités spécialisées seront notamment déployées dans la grande station de métro desservant le site de l’Exposition universelle qui se déroulera à Dubaï à partir d’octobre 2021. Considérée comme la ville la plus «intelligente» du Moyen-Orient avec ses infrastructures ultramodernes, Dubaï, l’une des sept principautés formant les Emirats arabes unis, a l’ambition de devenir un centre mondial des technologies et de l’IA.

Déjà utilisée par l’armée, la reconnaissance faciale est à son stade d’«apprentissage automatique» dans les transports publics et sera mise en place dans les prochains mois dans toutes les stations, a indiqué Jamal Ahmed Rached, responsable du dossier au TSD.

D’autres technologies de pointe, utilisées pour faire face à l’épidémie de Covid-19, vont être généralisées dans et autour des transports, à l’instar des casques et lunettes intelligents ou encore des drones. «Pour identifier une personne suspectée ou recherchée, il fallait au moins cinq heures. Maintenant, en moins d’une minute, le système vous donne des résultats complets», se réjouit M. Rached.

Plusieurs pays ont répandu l’usage de la reconnaissance faciale dans l’espace public, notamment la Chine ou Singapour. Experts et ONG mettent toutefois en avant des risques de violation de la vie privée et de surveillance de la population.

Contre le terrorisme, Jean-Baptiste Djebbari favorable à la reconnaissance faciale dans les transports
Le ministre des Transports cite l’exemple des caméras de détection de port du masque activées dans une station de métro au moment du déconfinement. L’expérience a toutefois été interrompue à la demande de la Cnil.

La France pourrait avoir recours à la reconnaissance faciale et à l’intelligence artificielle pour lutter contre le terrorisme dans les transports en commun. Sur Europe 1, Jean-Baptiste Djebbari s’est en effet dit «assez favorable» à cette proposition de la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse. Le ministre chargé des Transports a rappelé qu’une telle expérience avait été menée au moment du déconfinement.

Début mai, «on a pu détecter le nombre de personnes qui portaient le masque», explique-t-il. «C’est comme ça qu’on a pu savoir que 95% des usagers des transports portaient bien le masque», ajoute le ministre.

En effet, entre le 11 mai et le 12 juin, la RATP et Île-de-France Mobilités ont expérimenté une technologie française de détection du port des masques dans la station Châtelet-Les Halles. L’objectif était de «mesurer la part de voyageurs respectant l’obligation du port du masque dans les transports en commun», indique la RATP.

«Développée par Datakalab, startup en Intelligence Artificielle 100% française, la technologie permet d’obtenir en temps réel le nombre exact et le pourcentage de personnes masquées ou non dans les espaces concernés», explique l’exploitant des transports en commun francilien. «Il n’y avait pas de volonté de verbalisation», assure-t-il.

Dans le détail, 6 caméras de la station Châtelet-Les Halles avaient été équipées d’un détecteur de masques. Ce chiffre devait monter à 12 caméras et l’expérimentation devait initialement durer 3 mois.

«Un droit d’opposition» doit être garanti
Mais le 12 juin «la RAPT a décidé de suspendre temporairement, l’expérimentation afin de compléter le dispositif de droit d’opposition tel que demandé par la CNIL», précise le groupe. La commission nationale informatique et liberté s’inquiétait en effet du développement de ces caméras «intelligentes», qui n’est aujourd’hui encadré «par aucun texte particulier», selon un rapport publié le 17 juin.

Selon le gendarme des données personnelles, le «développement incontrôlé» de cette technologie «présente le risque de généraliser un sentiment de surveillance chez les citoyens, de créer un phénomène d’accoutumance et de banalisation de technologies intrusives, et d’engendrer une surveillance accrue, susceptible de porter atteinte au bon fonctionnement de notre société démocratique». La Cnil insiste ainsi sur «la nécessité d’apporter un encadrement textuel adéquat, qui est requis dès lors que des données sensibles sont traitées ou que le droit d’opposition ne peut pas s’appliquer en pratique dans l’espace public».

Ainsi, le recours à la reconnaissance faciale et à l’intelligence artificielle pour lutter contre le terrorisme dans les transports pourrait être confronté aux mêmes limites.

Cette fois, le projet vise à identifier «des comportements, pas des personnes», défend Jean-Baptiste Djebbari. «L’idée d’utiliser l’intelligence artificielle est de détecter des comportements suspects, et c’est mis en place dans beaucoup de pays», poursuit le ministre. La Cnil devra trancher.

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