Ouganda

Démarrage meurtrier de la campagne présidentielle, au moins 37 morts selon un bilan partiel

Des violences en amont de l’élection présidentielle ont provoqué la mort de 37 personnes en Ouganda selon un bilan partiel.

Trente-sept personnes ont été tuées depuis mercredi 20 novembre en Ouganda dans les violences déclenchées par une nouvelle arrestation du député et populaire chanteur Bobi Wine, principal rival du sortant Yoweri Museveni à la présidentielle de janvier qui s’annonce très tendue.

L’entourage du président Museveni, 76 ans, au pouvoir depuis 1986, a montré ces derniers mois de nombreux signes de nervosité à l’encontre de Bobi Wine, 38 ans, arrêté ou assigné à résidence à de nombreuses reprises depuis 2018.

Elu député en 2017, le chanteur, Robert Kyagulanyi, de son vrai nom, est devenu le porte-parole d’une jeunesse ougandaise urbaine et souvent très pauvre qui ne se reconnaît pas dans le régime vieillissant du président Museveni. Il a été mercredi arrêté à Jinja (Est) où il faisait campagne, pour avoir violé les mesures de lutte contre le coronavirus lors de ses rassemblements, selon la police. Après deux jours en garde à vue, il a finalement été relâché vendredi après-midi, après avoir été inculpé d’«actes susceptibles de propager une maladie infectieuse» et infractions aux «règles sur le Covid-19».

La nouvelle de son arrestation avait suscité la colère de ses partisans qui sont descendus dans la rue et ont affronté les forces de l’ordre mercredi et jeudi à Kampala, mais également dans plusieurs autres centres urbains. «Jusqu’à présent, nous avons décompté 37 cadavres liés aux manifestations qui ont débuté mercredi», a déclaré à l’AFP l’Inspecteur général de police adjoint Moses Byaruhanga.

Plus de 300 «suspects» arrêtés
Un précédent bilan policier communiqué par le porte-parole de la police Fred Enanga faisait état de 28 morts. «Il y a encore de nombreuses personnes toujours hospitalisées, environ 45 personnes qui reçoivent des soins dans divers hôpitaux», a ajouté le porte-parole.

Selon M. Enanga, «tout indique que ces événements n’étaient pas spontanés» mais entraient dans le cadre d’une «campagne plus ou moins coordonnée» par le parti de M. Wine, la Plateforme d’Unité nationale (NUP).

«Grâce à notre réseau de renseignements, à la vidéosurveillance et à l’aide de la population, nous avons pu arrêter plus de 300 suspects, ceux qui ont pris part à des émeutes, des pillages, des caillassages de véhicules et des blocages de routes», a-t-il également annoncé.

Deux candidats, Henry Tumukunde et Gregory Mugisha Muntu, ont suspendu leur campagne électorale pour protester contre ce qu’ils ont qualifié de violence policière contre l’opposition.

«Le niveau croissant de violences si tôt dans la campagne n’augure rien de bon pour les semaines à venir avant les élections», s’est inquiété Oryem Nyeko, chercheur Afrique pour Human Rights Watch (HRW).

La police et l’armée étaient déployées en masse vendredi à Kampala et dans les principales villes du pays: outre les patrouilles pédestres et motorisées, des unités d’élite surveillaient les bâtiments gouvernementaux, a constaté un journaliste de l’AFP.

Des barrages de police étaient érigés dans plusieurs quartiers théâtres d’incidents ces dernières 48 heures et le trafic dans la capitale était moins dense qu’à son habitude, des habitants ayant décidé de rester de chez eux par peur de nouvelles violences.

Jeudi soir, des habitants de Kampala ont raconté à l’AFP s’être fait voler téléphones portables, argent et sacs à main, après avoir été arrêtés à des barrages par des hommes masqués réclamant de l’argent, prétendument pour payer les frais d’avocats de Bobi Wine.

Pendant ce temps, Yoweri Museveni, qui n’a pas commenté les événements en cours, poursuivait sa campagne électorale, comme ces derniers jours où selon HRW, il a attiré de larges foules, sans que la police ou l’armée ne s’émeuvent du relâchement des règles sanitaires.

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