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Comment la Chine a pu construire deux hôpitaux en dix jours afin de lutter contre le coronavirus ?

Pour faire face à l’épidémie qui a déjà causé la mort de plus de 250 personnes, des centaines d’ouvriers chinois sont mobilisés à temps plein pour construire deux bâtiments pouvant accueillir 2500 patients.

Dix jours après son lancement, le compte à rebours s’achève. Les 3 et 5 février, deux hôpitaux bâtis en un temps record doivent ouvrir dans la ville chinoise de Wuhan, foyer d’origine supposé de l’épidémie de coronavirus. Ces établissements, sortis de terre à une vitesse sidérante, permettront de soulager les autres hôpitaux de la ville, débordés par l’afflux de malades, et qui ont déjà réservé 4000 lits aux patients infectés.

Baptisé « Hôpital du dieu du feu », le premier bâtiment, d’une capacité de 1000 lits, doit être opérationnel lundi. L’autre, qui rend hommage au « dieu de la foudre », est un peu plus grand et dispose de 1500 places. Il est censé ouvrir deux jours plus tard.

Les chantiers ont été lancés les 23 et 24 janvier, soit douze jours à peine pour construire ces bâtiments médicalisés. Ils accueilleront une bonne partie des patients malades ou présentant des symptômes. Pour aboutir à cet exploit, le gouvernement chinois a employé les grands moyens : quatre entreprises de construction ont été sollicitées et des centaines d’ouvriers mobilisés.

En pleine période du Nouvel An chinois, ces travailleurs ont dû faire une croix sur leurs vacances et se relaient, 24 heures sur 24, pour assurer la construction des établissements. Près de 700 cadres et 4000 ouvriers du bâtiment officient sur le site du premier hôpital, précise le quotidien chinois Economic Daily. Environ 4900 personnes et 1000 engins de chantier s’attellent à la construction du second.

Il a d’abord fallu terrasser 55 000 m² de surface au sol (25 000 et 30 000 m² pour chacun des deux hôpitaux). Les images de dizaines de tractopelles et de pelleteuses ont fasciné le monde entier, au point que la chaîne de télévision China Daily a ouvert un flux vidéo pour suivre en direct l’évolution des deux chantiers.

Les Chinois ont utilisé des bâtiments en préfabriqué qui reposent sur des poutres, posées sur des structures en béton. « C’est comme quand on recycle des anciens conteneurs pour les transformer en logement, ça permet d’aller très vite », nous explique l’un des géants français de la construction. D’autant que « les travaux d’ingénierie, c’est ce que la Chine fait de mieux », a rappelé à la BBC Yanzhong Huang, expert en santé publique. « Ils ont la réputation de construire des gratte-ciel à grande vitesse. C’est très difficile à imaginer pour les Occidentaux », selon ce spécialiste des politiques sanitaires chinoises.

En parallèle, les ouvriers chinois ont mis en place les tuyaux d’alimentation en eau, les systèmes électriques et les antennes 5G. A priori, il ne sera pas nécessaire d’installer la climatisation, puisque nous sommes à la fin de l’hiver. Il fait, en ce moment, à peine plus de 10 degrés en pleine journée à Wuhan, contre 25 degrés à Pékin en avril et mai.

Pression négative dans les chambres

Dernière étape, l’installation des équipements médicaux. L’hôpital qui doit sortir de terre lundi comprendra notamment une unité de soins intensifs, des services de soins aux patients et des salles de consultation, énumère la télévision centrale de Chine.

Des services de quarantaine distincts seront construits pour minimiser les risques d’infection croisée. Les chambres seront à pression négative, c’est-à-dire qu’elles aspireront l’air et permettront ainsi d’éviter que le virus ou des agents contaminants ne s’échappent à l’extérieur.

Médecins, infirmiers, aides-soignants… Ils seront plus de 2000 à intégrer le plus grand des deux nouveaux hôpitaux, celui censé ouvrir le 5 février, a déclaré l’un des opérateurs du projet.

Ce n’est pas la première fois que la Chine construit un hôpital dans un temps record. Fin avril 2003, lors de l’épidémie du Syndrome respiratoire aigu sévère (Sras) apparue dans le pays en 2002, six sociétés avaient été réquisitionnées pour bâtir un établissement… en sept jours.

L’hôpital, qui avait « doucement été abandonné à la fin de l’épidémie », selon l’expert en santé publique Yanzhong Huang à la BBC, a commencé à être rénové, relatait jeudi l’agence de presse officielle Chine nouvelle. Sa mise en service dépendra de l’évolution future de l’épidémie. 99 % des patients qui avaient été accueillis dans cet établissement avaient guéri, toujours selon Chine nouvelle. Une performance que les autorités chinoises espèrent rééditer.

Nicolas Berrod et Juliette Pousson

Digital Manager - Chef de projet chez Alixcom Dakar | E-mail: saliou@dakar-echo.com | +221 77 962 92 15

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