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Avec Atlantique, rêve de cinéma devenu réalité pour Amadou Mbow

Le jeune Amadou Mbow, 26 ans, est parti pour se faire une place dans le monde du 7e art, suite logique d’une passion longtemps entretenue pour le cinéma dont il va finalement goûter à la magie comme acteur, en jouant le rôle du commissaire Issa dans le long métrage « Atlantique » de la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop.

Le film de Mati Diop, récompensé par le « Grand Prix » du jury de la 72 e édition du Festival international du film de Cannes (14 au 25 mai), coïncide avec un retour remarqué du Sénégal sur la croisette après une très longue absence.

Dans « Atlantique », premier film sénégalais en compétition à cannes depuis 27 ans et le long métrage « Hyènes » de Djibril Diop Mambety, oncle justement de Mati Diop, la réalisatrice raconte la traversée d’un jeune migrant depuis les côtes sénégalaises.

Un récit d’exil et de fantôme mêlant une histoire d’amour, qui se veut également une critique fine des tares d’une société sénégalaise gangrenée par l’argent, le pouvoir, le prestige, entre autres.

Cannes 2019 a conduit le jeune acteur en herbe de l’ombre à la lumière plus qu’il ne l’espérait, une première « aventure magnifique » de laquelle Amadou Mbow est sorti conforté dans son ambition de se faire une place dans le monde du 7e art. Il veut désormais entamer une carrière de directeur artistique.

Mais pour avoir toujours été un cinéphile invétéré, mordu des films « Marvel », ce concepteur de jeux vidéo, graphic-designer et youtubeur n’était pas tout à fait étranger au cinéma et à son monde de rêve.

Il est à ce titre l’un des initiateurs du « Gorée Island Cinéma », un projet porté par le cinéaste Joe Gaye Ramaka, réalisateur de « Carmen », un film loué par la critique mais qui n’a pas eu la renommée à laquelle il pouvait prétendre au Sénégal à cause d’aspects controversés.

Au sein de « Gorée Island Cinéma », une entreprise de promotion du cinéma en Afrique lancée en 2015 et alliant projections de films, concerts et rencontres appelées « Diisoo Cinéma », Amadou Mbow a en charge la communication digitale.

Ce projet a démarré avec la projection de « Fièvre » (2014), film du Marocain Hicham Ayouch Allouch, Etalon d’or de Yennenga au Festival panafricain du cinéma et de l’audiovisuel (FESPACO) de 2015. Il s’en est suivi, au fil des ans, des rétrospectives de cinéastes sénégalais dont Djibril Diop Mambety, Ababacar Samb Makharam, Ousmane Sembène.

Amadou Mbow touche du doigt son rêve de cinéma un samedi de septembre 2017, à la faveur d’une rencontre à Dakar avec la réalisatrice Mati Diop dont il croise le chemin par hasard dans le quartier huppé des Almadies.

Mati Diop était accompagné de deux de ses collaborateurs dont le directeur artistique Fabacary Coly, qui lui proposa de figurer dans le film « La prochaine fois le feu », devenu par la suite « Atlantique ».

Sur le plateau de tournage, Amadou interprète le rôle du commissaire Issa, qui a mené une enquête rigoureuse après un incendie déclaré au domicile conjugal de Ada, principal personnage du film, marié de force à un émigré.

Le personnage interprété par Amadou Mbow est aussi possédé par Souleimane (l’amant de Ada qui s’est noyé dans l’Atlantique) et se trouve aussi fortement perturbé par la situation de jeunes partis en mer, sur fond de migration clandestine, trame de ce film.

Il met en scène Ada (Mama Sané), dans une banlieue populaire de Dakar, amoureuse de Souleiman (Ibrahima Traoré), ouvrier sur un chantier et sans salaire depuis des mois. Le jour où Souleiman décide de quitter le pays par la mer pour chercher un avenir meilleur en Europe, la vie d’Ada bascule.

Plongée dans une attente angoissante, la jeune fille, qui doit épouser un autre homme, se retrouve au bout de quelques jours au cœur de phénomènes étranges : un incendie a lieu pendant sa fête de mariage et des fièvres inexpliquées frappent les filles du quartier, tandis que certains affirment avoir vu Souleiman.

« Atlantique » allie réel et fantastique, dont une scène de transe, partie du film la plus difficile et la plus compliquée à interpréter, selon Amadou Mbow.

Mais grâce à l’aide de l’acteur Ibrahima Mbaye « Thié » du Théâtre national Daniel Sorano, Amadou Mbow a appris à se lâcher et à avoir une maîtrise de son corps.

« Beaucoup d’exercices et d’immersions faits au commissariat de Thiaroye avec le commissaire Dior et à la Section de recherche de Colobane avec le lieutenant-colonel Issa Diack et El Hadji Diouk, une complicité des autres acteurs du film et l’esprit d’ouverture de la réalisatrice et de son équipe ont facilité le travail », fait valoir Amadou Mbow.

S’y ajoute selon lui la contribution d’un officier de police durant les répétitions et pendant le tournage, un « apport remarquable » pour contrôler les attitudes et vérifier que le vocabulaire utilisé colle à l’esprit du film.

Amadou Mbow se force ainsi un nouveau destin pour un cinéma africain nouveau, dans le sillage de la réalisatrice Mati Diop qui a ouvert une nouvelle page du cinéma africain avec sa participation dans la sélection officielle du Festival de Cannes.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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