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18 propositions urgentes pour la souveraineté numérique du Sénégal et la création de croissance

Dans les plus grands pays du monde des secteurs vitaux comme les télécoms, l’eau, l’énergie, la santé (surtout depuis le Covid) …etc. sont classés domaines de souveraineté nationale et font l’objet d’une gouvernance ad hoc pilotée au plus haut niveau de l’Etat, et dans tous ses démembrements.

La souveraineté se réfère notamment au pouvoir suprême et exclusif d’un État ou d’une entité politique sur son territoire et sa population, lui permettant de prendre des décisions autonomes et de faire respecter ses lois sans ingérence extérieure.

Je vais m’appesantir ici sur celui des télécoms et du numérique au Sénégal.

Les secteurs de haute technologie, notamment les télécoms et le numérique, doivent devenir un secteur régalien stratégique de souveraineté au même titre que La Défense, les affaires étrangères…etc. : les états africains, ici en l’occurrence le Sénégal, doivent mettre en place une gouvernance spécifique visionnaire, disruptive, audacieuse et courageuse des hautes technologies, initiée et pilotée au plus haut sommet de l’Etat, continuellement, sans couture, de bout en bout.

Devant un secteur qui pèse près de 10% du PIB du Sénégal, qui occupe un ratio subséquent dans les recettes budgétaires de l’Etat, et qui est devenu de par son ADN un pilier fondamental et critique du fonctionnement de l’économie :
1-Quelle est la politique générale de souveraineté de l’Etat ?
2-Quels sont les instruments/mécanismes en place pour cela ?
3-Quel est le niveau actuel de souveraineté de l’Etat ?
4-Que doit faire l’Etat pour renforcer en urgence, durablement et en permanence son degré de souveraineté ? son impact sur le développement et l’apport du secteur à l’économie du pays ?

Mes propositions, dans cette contribution, concernent davantage la 4e question.

Concrètement je propose un plan d’urgence en 18 points :
A-Souveraineté et Sécurité : Élaborer et mettre en œuvre des principes directeurs de gouvernance des télécoms, du numérique et des secteurs de hautes technologies par l’Etat
1-faire l’état des lieux (cartographie et évaluation) de l’écosystème global endogène/exogène end to end du secteur télécoms/numérique (parties prenantes, acteurs, chaîne de valeur, business models, KPIs…etc.)

2-mettre en place une entité de haut niveau hiérarchique, rattachée directement aux plus hautes autorités étatiques, chargée de concevoir, d’organiser la mise en œuvre et de piloter cette gouvernance spécifique de souveraineté et de développement des secteurs de haute technologie

3-définir les secteurs et sous-secteurs considérés comme de haute technologie et lister les entreprises éligibles ;

4-légiférer sur une obligation légale de participation minimale de l’état et de privés sénégalais/africains dans l’actionnariat de ces entreprises ; niveau variable à déterminer par entreprise mais qui doit être une minorité donnant pouvoir de blocage direct et immédiat aussi bien dans le Conseil d’Administration qu’au sein de l’Assemblée Générale des actionnaires au titre de la souveraineté nationale

5-définir une charte de souveraineté et de sécurité nationales à faire signer par l’ensemble des parties prenantes de ces entreprises (actionnaires, dirigeants, employés, fournisseurs/sous-traitants…etc.)

6-faire obligation légale pour chaque entreprise de l’existence d’une stratégie et d’un plan d’action de renforcement de la souveraineté nationale avec publication d’un rapport annuel

7-obtenir que les infrastructures, ressources et données personnelles et stratégiques vitales soient physiquement au Sénégal et non dans un pays étranger, et adéquatement protégées de toute infiltration étrangère ou de toute opération présentant un risque pour la sûreté et la sécurité nationales

8-revisiter les accords de gouvernance existants au sein des instances ad hoc (licences, accords de concession, pacte d’actionnaires, conventions…etc.)

9-obtenir que les instances de gouvernance de ces entreprises (Assemblée générale des actionnaires, Conseil d’administration, Comité exécutif,…etc.) soient dirigées par des sénégalais de nationalité exclusive, ne disposant donc pas d’une quelconque autre nationalité étrangère, pour lever tout soupçon de conflit d’intérêt devant les enjeux de souveraineté et de sécurité nationales, de haute probité morale, véritablement indépendants, nommés par décret Présidentiel; cela permettra d’éviter l’existence de graves et permanents enjeux et conflits d’intérêts personnels et systémiques

10-qu’il soit légalement interdit de faire entrer en bourse les activités de ces entreprises de souveraineté et de sécurité nationales, cela pour affranchir ces entreprises, du magma de la prisonnière spéculation boursière, aux objectifs exclusifs de gains court-termistes, et qui subséquemment fait entrer assez rapidement et définitivement en conflit permanent avec les intérêts à long terme de l’entreprise, empêchant ainsi l’existence de vrais projets industriels, de véritables projets d’avenir; je considère à ce titre que la bourse est un gros facteur d’influence qui transfère la souveraineté d’un État entre les mains d’un système privé exogène hors de contrôle et de spéculation financière court-termiste; c’est antinomique avec la nécessité d’une vision audacieuse, libérée et prospective de développement du Senegal et de l’Afrique

11-qu’il soit obligation légale d’investir un ratio fixe du chiffre d’affaire de l’entreprise, par le biais d’un fonds souverain de l’Etat, dans des domaines vitaux où on doit faire un rattrapage accéléré comme la souveraineté alimentaire, la lutte contre l’émigration irrégulière par les pirogues en mer, l’industrialisation, l’éducation, la formation, la santé…etc. à travers des projets sérieux, crédibles, impactants, conçus et validés avec de hautes compétences ; fertilisation croisée

12-Définir un ratio et/ou une valeur absolue maximale de plafonds et de délai de rapatriement de fonds issus de la richesse des entreprises à ne pas dépasser annuellement par les parties prenantes étrangères de l’entreprise; pour renforcer l’impact sur l’économie locale des richesses créées et éviter une logique systématique de partage rapide des richesses produites au détriment du renforcement de la liquidité et des réserves de l’entreprise pouvant éviter un cycle d’endettement préjudiciable au financement de grands projets d’avenir, de développement et de souveraineté

13-initier un plan de grand renforcement de capacités, aux standards internationaux, des personnes en place, inciter et faciliter la détection et la recrue, par l’Etat, de brillantes compétences sénégalaises de très haut niveau, où qu’ils soient dans le monde pour construire et rendre durablement opérationnel l’écosystème de gouvernance de cette souveraineté et sécurité numériques

B-CRÉER AVEC AUDACE UNE NOUVELLE CROISSANCE DIFFUSE, PARTAGÉE ET INCLUSIVE PAR LES TELECOMS ET LE NUMÉRIQUE

14-donner une 4e licence télécoms à un nouvel opérateur au Sénégal (cela pourrait apporter au moins entre 70 et 100 milliards FCFA de recettes directes et immédiates) pour donner un nouveau souffle de croissance et de compétition au bénéfice des populations ; la forte croissance démographique et d’occupation/aménagement du territoire combinée avec les grands projets de développement et le statut de pays pétrolier/gazier du Sénégal le justifient amplement ; aussi la plupart des opérateurs télécoms ayant maintenant une présence Multi pays avec des interconnexions, le marché pertinent d’intensité concurrentielle à considérer n’est plus seulement le marché local de la licence attribuée, mais plutôt l’ensemble des pays de présences car il y a des effets induits croisés de croissance et de développement; évoquer donc la taille d’un marché intérieur comme critère de détermination d’un nombre limite de licences télécoms à ne pas dépasser n’est plus d’époque;

15-faciliter et accélérer l’arrivée au Sénégal du service d’internet par satellite STARLINK d’Elon Musk pour accélérer l’aménagement numérique du territoire 16-impulser de grands projets nationaux et audacieux d’innovation technologiques à grand impact économique et social et inclusifs tels que :

• l’Intelligence Artificielle comme levier de résolution de freins au développement et à la croissance dans des domaines tels que l’agriculture, la pêche, l’élevage, la lutte préventive contre les grandes endémies; en investissant dans une infrastructure partagée ad hoc pour favoriser l’éclosion de talents et de projets utiles

• l’utilisation de la géolocalisation dans les secteurs de la pêche et de l’élevage

• l’utilisation de la géolocalisation et de capteurs IoT dans le domaine de l’agriculture

• Impression 3D pour divers secteurs de l’artisanat (menuisiers, mécaniciens, fabricants d’objets artisanaux, cordonniers…etc.)

17-l’Etat doit être un acteur fintech digital avec sa propre monnaie électronique et ses services financiers au service direct des populations pour fluidifier les échanges et accélérer l’inclusion financière; en effet les opérateurs privés se donneront toujours une limite liée aux impératifs élevés de croissance et de rentabilité propres; l’Etat pourrait aussi voir comment avoir l’exclusivité et la souveraineté sur la monnaie électronique et installer un régime de licence/concessions à de privés avec cahier des charges comme sur les autres services de
grande utilité publique (télécoms, internet, énergie, eau…etc.)

18-développer une véritable Silicon Valley (USA) ou Shenzhen (CHINE) à la sénégalaise panafricaine; pépinière intégrée de startups; l’objectif étant d’y faire éclore les Bill Gates, Steve Jobs ou Elon Musk sénégalais africains de demain; en faire une ville, Hub de haut niveau en savoir, innovation, recherche, conception/design, production, dans laquelle seront attirées de grands cerveaux notamment sénégalais et africains dans tout l’écosystème et la chaîne de valeur du savoir et de la création/production de haut niveau; et dans lequel seront aussi développés des partenariats avec de grandes entreprises internationales innovantes et disruptives du monde de la haute technologie

J’ai la forte conviction, et ce depuis longtemps, que nous sénégalais, africains, devons avoir l’audace et le courage, non pas de rattraper un quelconque retard, mais plutôt d’avoir l’ambition ferme de faire un saut quantique pour inventer un futur âge d’or dans lequel nous serons leader.

Les dragons asiatiques l’ont fait : alors pourquoi pas nous !

La plupart de ces dragons asiatiques étaient moins développés que nous au moment des indépendances !
En 2050 l’Afrique représentera 1/4 de la population mondiale !

2050 semble loin, 26 ans la séparent de 2024 ;

Mais en 2050, la génération qui en sera la trentenaire et la quadra et qui représente actuellement 40% de la population africaine a aujourd’hui entre 4 et 14 ans !

C’est donc maintenant qu’il faut impulser les grandes transformations, les grands changements, les grandes innovations, les grandes disruptions, les grands switchs de paradigmes ! les grands sauts quantiques !

Pour que cette génération qui a aujourd’hui entre 4 et 14 ans soit celle des grands leaders d’un âge d’or sénégalais et africain de 2050 quand 1 habitant de la terre sur 4 sera africain !

Le Sénégal est dans un continent, l’Afrique, dont la surface est supérieure à celle, réunie, des pays USA, Chine, Inde et d’une bonne partie de l’Europe.

Nous devons rendre possible la réalisation d’un véritable saut quantique dans les télécoms et le numérique afin d’en faire un univers futuriste, pérenne, producteur dynamique et durable de richesses et d’emplois, fortement impulseur et contributeur de croissance dans un développement multidimensionnel accéléré du Sénégal avec un état d’esprit de :
-Patriotisme sincère et profond
-Ouverture panoramique (!) sur le monde
-Culture du résultat
-Esprit d’équipe et entraide
-Courage
-Audace
-Innovation
-Ténacité (dem ba diekh ba mou diekh)
C’est possible !

Gaidy NDAW
-Cadre Dirigeant et Consultant International télécoms/numérique/fintech
-Ingénieur télécoms/numérique classes prépa maths sup/maths spé + grandes écoles françaises
-Ex Directeur Général de Sonatel Multimédia
-Ex Administrateur à Sonatel Mobiles
-Ex Directeur Exécutif à Sonatel Orange (Gouvernance d’entreprise, Technologies, Stratégie, Marketing, Commercial)

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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