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Seydina Fall Bougazelli, itinéraire d’un touche-à-tout

Pur produit de l’école coranique, Seydina Fall alias Bougazelli a longtemps trimé avant de devenir un député à l’Assemblée nationale. Un poste qu’il vient de quitter il y a quelques jours après avoir rendu sa démission, suite à l’éclatement de l’affaire des faux billets. Avant de franchir les portes de l’Hémicycle, en 2012, le député de Guédiawaye a presque touché à tout : faux-lion, joueur de football dans son quartier de Fith Mith, vendeur de tickets au poste de santé ou encore membre du comité qui est chargé de faire la quête pour la mosquée du quartier.

Le Baye Fall de Macky Sall qui a passé, hier, sa première nuit en prison manquera à l’Assemblée nationale lors du marathon budgétaire au cours duquel il répliquait à chaque attaque venant de l’opposition. A l’Assemblée nationale, il est connu comme un des plus grands défenseurs de son patron, le président de la République, mais aussi des ministres qui passent devant les députés lors du vote annuel des différents budgets. Ses prises de parole sont toujours marquées par des attaques envers les députés de l’opposition.

Seydina Fall, plus connu sous le surnom de Bougazelli qu’il tient de l’ancien joueur et gardien de but de l’Espoir de Bignona, Léopold Bougazelli, n’hésite pas à imiter la manière dont parlent certains députés lors de ses interventions. Lors d’une séance plénière à l’Assemblée nationale, c’est le député Mamadou Diop Decroix qui a été victime du côté comédien de l’élu. Ce qui avait fait rire ses camarades de la majorité.

En 2017, lors du vote du Code de la presse, ce militant de l’Alliance pour la République avait passé ses minutes de temps de parole à imiter un célèbre « revueur » de presse d’une radio de la place. Natif de Guédiawaye il y a cinquante ans, l’élu de la majorité est décrit comme un homme qui sait tout faire. «Il a presque touché à tout», nous a dit un habitant du quartier où a grandi Seydina Fall alias Bougazelli.

De joueur de football, il a longtemps animé ce quartier de la commune et bien d’autres de la banlieue avec les séances de «Simb», ou faux-Lion, dans la troupe de Sadio Ndiaye. «Il a été vendeur de tickets au dispensaire du quartier, joueur de football, animateur lors des soirées musicales ou « foureul » et dirigé les quêtes pour la mosquée du quartier », ajoute notre interlocuteur. Pour d’autres, c’est un homme qui a toujours été obnubilé par le luxe. C’est pour cette raison qu’il a l’habitude de fréquenter des gens plus riches que lui, comme des Directeurs Généraux, des ministres et autres hommes d’affaires. C’est sans doute ce qui le pousse souvent à porter des combats d’autrui contre des hommes du camp de l’opposition ou même du parti au pouvoir. C’est ce qui lui a valu d’être surnommé le Baye Fall de ces derniers, dont le président de la République qu’il prend toujours de défendre devant chaque attaque venant des adversaires, notamment de l’opposition.

Récemment, malgré l’interdiction de parler du troisième mandat par le président de l’Alliance pour la République, Macky Sall, il est monté au front pour prendre le contre-pied de Moustapha Diakhaté et Sory Kaba, limogés pour avoir soutenu que le chef de l’Etat entame son dernier mandat. Pour «Bouga » comme l’appellent les intimes, son patron a le droit de briguer un troisième mandat sans même expliquer le fondement de ses propos.

Son statut de défenseur des responsables du parti au pouvoir fait dire à certains qu’il est un courtier politique, car monnayant toujours ses prises de position. Marié à deux femmes et père de cinq enfants, le député est considéré par le voisinage comme un homme au caractère jovial et accessible, malgré son statut de député et responsable de l’Alliance pour la République dans le département de Guédiawaye. Ils sont nombreux ces sénégalais devenus El Hadj ou Adja grâce à lui pour leur avoir offert des billets pour la Mecque.

Seydina Fall Bougazelli, qui a démissionné du Parti Démocratique Sénégalais le même jour que son patron Macky Sall en 2008, s’est toujours imposé comme responsable malgré la présence d’autres ténors du parti militant dans la localité. Depuis 2012 il a toujours fait partie des listes pour les élections législatives. Il est à son deuxième mandat de député à l’Assemblée nationale.

Fin défenseur des ministres lors des plénières pour le vote du budget, il sera un défenseur de moins pour ces derniers et manquera beaucoup à ses collègues, car il a démissionné de son poste dès l’éclatement de cette affaire de faux billets de banque et a déjà passé, hier, sa première nuit à Rebeuss, qu’il connaît pour y avoir séjourné en 1988, au lendemain de l’élection présidentielle. Mandataire pour le Pds, il avait saccagé une urne.

Amadou Thiam

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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