Faits divers

Rokia Traoré regagne le Mali par vol privé depuis l’aéroport du Bourget

La chanteuse malienne a rompu son contrôle judiciaire en France et a réussi à prendre un avion privé au Bourget, échappant à une remise à la justice belge.

C’est un nouvel épisode dans le feuilleton judiciaire impliquant Rokia Traoré qui pourrait bien embarrasser la France. Placée fin mars sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire, sous le coup d’un mandat d’arrêt européen, la chanteuse franco-malienne est pourtant parvenue à quitter l’Hexagone, par avion… et en plein confinement.

C’est l’artiste elle-même qui l’a fait savoir sur son compte Facebook, assumant la démarche et remerciant ses nombreux soutiens : « De retour à Bamako, la quête de justice continue », a-t-elle écrit le 12 mai. Incompréhensible pour son ancien compagnon, le belge Jan Goossens avec qui elle est en conflit ouvert depuis de longs mois au sujet de la garde de leur fille de 5 ans. « C’est une véritable provocation, un pied de nez envers les justices françaises et belges ! », s’emporte son avocat Me Frank Berton, sidéré que Rokia Traoré ait pu s’envoler ainsi « au nez et à la barbe des autorités judiciaires ».

Mise en examen pour « enlèvement » par un juge bruxellois qui lui reproche d’avoir sciemment ignoré des jugements successifs ordonnant la garde partagée de la fillette, l’artiste avait été interpellée à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle le 10 mars dernier, en vue de sa remise aux autorités belges. Elle avait alors entamé une grève de la faim, justifiant ses refus par des accusations d’attouchements visant son ex-compagnon — accusations qu’il nie, et qui ont été classées sans suite en Belgique. Deux autres plaintes ont été déposées en France, et au Mali.

« J’ai pris un avion privé tout à fait légalement »
Rokia Traoré avait finalement été libérée le 25 mars en raison de l’épidémie du coronavirus, avec l’appui des autorités maliennes et l’obligation de pointer chaque semaine dans un commissariat de la région parisienne. Ce qu’elle a d’ailleurs fait le 8 mai dernier… avant de s’envoler, dès le lendemain, depuis l’aéroport du Bourget, selon les informations recueillies par le Parisien.

« Je suis une mère qui protège ses enfants. Alors, j’ai fait mes bagages, je me suis dirigée vers l’aéroport, j’ai pris un avion privé tout à fait légalement. En vertu de la protection que me confère mon passeport diplomatique malien, j’ai pu quitter la France. Six heures après, j’étais à Bamako chez moi auprès de mes enfants », explique la chanteuse, toujours sur son compte Facebook.

« Légalement » ? Le mot fait tiquer Me Berton, qui réclame une enquête policière, et compare volontiers ce départ à la fuite rocambolesque du Japon de Carlos Ghosn, PDG de Renault-Nissan. D’après les informations recueillies par le Parisien, Rokiatou Traoré, de son vrai nom, n’était en effet pas inscrite au Ficher des personnes recherchées (FPR) comme elle aurait dû l’être, ce qui explique qu’elle ait pu passer sous les radars de la Police aux frontières (PAF) lors de son départ du Bourget.

La France dans une position délicate
Un fâcheux oubli qui met la France dans une position délicate, alors que l’affaire Rokia Traoré envenime déjà les relations diplomatiques entre la Belgique et le Mali. Star internationale, l’artiste bénéficie d’énormes soutiens dans son pays, et bien au-delà.

« Nous contestons la validité du mandat d’arrêt européen », détaille ainsi son avocat, Me Kenneth Feliho, qui a saisi la Cour de cassation en ce sens. « Son arrestation le 10 mars s’est faite en violation manifeste de son statut diplomatique, alors qu’elle était chargée d’une mission culturelle pour le Mali et se rendait à Bruxelles pour répondre à une convocation du juge de la famille », argumente l’avocat, qui juge « disproportionnées » les poursuites dont fait l’objet sa cliente en Belgique.

Rokia Traoré, qui aurait dû « pointer » à nouveau vendredi 15 mai, s’expose en tout cas à l’émission d’un nouveau mandat d’arrêt par les autorités françaises en raison de la violation de son contrôle judiciaire… et lui interdit, sous peine de retour par la case prison, tout retour en Europe. Une manœuvre qu’elle qualifie sur Facebook de « chantage prenant en otage [sa] carrière internationale » dans un nouveau post publié vendredi et intitulé : « Je ne suis pas une terroriste ».

Louise Colcombet et Jean-Michel Décugis avec Le Parisien

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