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Ousmane Sonko, un sérieux adversaire politique du président Macky Sall

Le Sénégal s’embrase pour soutenir l’opposant Ousmane Sonko en dépit des graves accusations dont il fait l’objet. Sa popularité tient à son combat : il pointe du doigt la corruption du régime sénégalais depuis plusieurs années.

L’opposant Ousmane Sonko, dont l’arrestation est à l’origine des affrontements les plus graves qu’ait connu le Sénégal depuis 2012, a été inculpé le 8 mars 2021 dans une affaire de viols. Libre, mais placé sous contrôle judiciaire, le leader du Pastef – les Patriotes a appelé ses partisans au calme tout en les invitant à intensifier une mobilisation qui doit rester « pacifique ».

Cependant, le mouvement de contestation, dont son parti est membre et qui avait appelé à manifester « massivement » au Sénégal jusqu’au 10 mars, a annoncé la suspension de son mot d’ordre la veille. Ousmane Sonko a été officiellement arrêté pour trouble à l’ordre public, mais il est visé depuis février par une plainte pour viols déposée par une employée d’un salon de beauté dans lequel il allait se faire masser pour, dit-il, soulager ses maux de dos. Pour l’opposant, cette accusation est le résultat d' »un complot » ourdi par le pouvoir. Ce qu’a réfuté le président Macky Sall fin février 2021.

La « révolution » contre Macky Sall
« Si cette accusation était fondée, je n’aurais jamais accepté qu’il y ait ne serait-ce qu’un manifestant dehors, puisque j’aurais porté la responsabilité de toutes ces pertes et victimes. Mais leur complot pour me liquider a plongé le pays dans cette situation », a-t-il encore récemment déclaré via son compte Twitter. « Nous ne demandons pas au peuple d’aller déloger Macky Sall, même s’il est illégitime. Nous ne voulons pas prendre la responsabilité de saper notre démocratie puisqu’il est légal.

Mais entendons-nous bien, la révolution est en marche vers 2024. » Et l’une des principales revendications de celui qui s’est présenté en 2019 contre Macky Sall concerne la présidentielle de 2024. Il souhaite que le chef de l’Etat sénégalais s’engage à ne plus être candidat à sa propre succession. Le président Macky Sall, 59 ans, élu en 2012 et réélu en 2019, maintient le flou sur l’éventualité d’une candidature à un troisième mandat, malgré la limite de deux instaurée après une révision constitutionnelle approuvée en 2016.

Révoqué de la fonction publique
En quelques années, le régime de Macky Sall a fait de cet ancien inspecteur des impôts, né en 1974, un féroce adversaire politique. « En l’espace de quelques mois, le leader de la formation politique Patriotes du Sénégal pour le travail et la fraternité (Pastef) est devenu une personnalité très en vue. Et maintenant, il est parti pour devenir un martyr », prédisait en 2016 le journal sénégalais Enquête Plus. A l’époque, il venait d’être suspendu de ses fonctions par la direction générale des Impôts et Domaines à laquelle il appartenait, le résultat d’une procédure disciplinaire consécutive à un manquement à son devoir de réserve. En août 2016, le président Macky Sall avait signé son décret de révocation.

Entre Ousmane Sonko et le pouvoir, la guerre est déclarée. « Depuis le mois de mai (2016), rapporte Jeune Afrique, Sonko, également à la tête du parti Pastef-Les Patriotes, a pointé du doigt plusieurs ‘anomalies’ fiscales ou budgétaires dans le fonctionnement de l’Etat. L’information selon laquelle l’Assemblée nationale ne verserait rien au Trésor public alors que des impôts sont prélevés sur les salaires des députés ? C’est lui. Les soupçons de fraude fiscale visant Aliou Sall, le frère cadet de Macky ? Encore lui. Les accusations sur la redistribution des biens saisis à Karim Wade à des proches du président ? Toujours lui… »

Il ne s’arrêtera pas là et les révélations continueront à se multiplier, notamment dans le cadre de « la sulfureuse affaire » des 94 milliards (de FCFA) dans laquelle Ousmane Sonko porte plainte contre l’ancien directeur national des Domaines, Mamadou Mamour Diallo, entre autres, pour « escroquerie portant sur les deniers publics, faux, usage de faux et concussion », rapporte Seneweb. Elle sera classée sans suite début janvier 2021, selon le site d’informations.

Un opposant sérieux qui dispose encore de ses droits civiques
Les ennuis judiciaires d’Ousmane Sonko, dont le discours anti-système teinté de conservatisme religieux et de nationalisme africain séduit en particulier la jeunesse, font penser à ceux d’autres opposants. La plainte contre le chef du Pastef suscite ainsi des comparaisons avec les affaires de Karim Wade, fils et ancien ministre de l’ex-président Abdoulaye Wade, et de Khalifa Sall, maire déchu de Dakar, tous deux frappés par des condamnations pour des malversations financières. Ils avaient été empêchés de se présenter à la présidentielle de 2019, contrairement à Ousmane Sonko. Privés de leurs droits civiques, Karim Wade et de Khalifa Sall voient aussi leurs candidatures compromises pour 2024.

Son parti menacé de dissolution
Début janvier 2021, le Pastef a été menacé de dissolution pour avoir lancé une campagne de levée de fonds auprès de la diaspora, ce qui n’est pas conforme à la loi sur le financement des partis. La formation avait été interpellée par le ministère de l’Intérieur qui avait rappelé par voie de communiqué que « les partis politiques ne peuvent bénéficier d’autres ressources que celles provenant des cotisations, dons et legs de leurs adhérents et sympathisants nationaux et des bénéfices réalisés à l’occasion de manifestations », rapporte l’Agence de presse sénégalaise (APS).

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