Le principal parti d’opposition au Burundi a déposé jeudi devant la Cour constitutionnelle un recours contre le résultat de l’élection présidentielle donnant le candidat du pouvoir, Évariste Ndayishimiye, vainqueur face à son dirigeant, Agathon Rwasa.
«Nous venons de déposer notre dossier de recours à la Cour constitutionnelle», a déclaré Agathon Rwasa, chef du Conseil national pour la liberté (CNL), à la sortie, affirmant avoir «produit des preuves qu’il y a eu une fraude massive». «Il y a tellement d’irrégularités, il y a des erreurs monumentales qui se remarquent un peu partout dans le pays. Il n’y a pas de colline épargnée», a-t-il ajouté, promettant de se tourner vers la Cour de justice de l’Afrique de l’Est (EACJ) si ce recours était rejeté.
« Bourrages d’urnes, intimidations des électeurs, des mandataires non membres du #CNDD_FDD chassés des bureaux de vote et d’autres Irrégularités… Ce qui démontre que les élections n’ont pas été ni crédibles ni transparentes ou démocratiques », à martelé D. #Nahimana. #Burundi 🇧🇮 pic.twitter.com/d9bVVnMtQa
— SOS Médias Burundi (@SOSMediasBDI) May 29, 2020
Agathon Rwasa a plusieurs fois dit ne se faire guère d’illusions sur l’issue de la procédure, devant la Cour qui avait validé la réélection du président Pierre Nkurunziza en 2015.
Son président, Charles Ndagijimana, est un ancien Imbonerakure, la ligue de jeunesse du parti au pouvoir (CNDD-FDD), utilisée depuis 2015 par le régime pour réprimer l’opposition. En 2015, la candidature de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat controversé avait plongé le pays dans une crise politique majeure, qui a fait au moins 1.200 morts et poussé à l’exode quelque 400.000 Burundais.
Sans blague @CeniBurundi ! On réserve hôtel, rassemble médias, diplomates, partis pô, orga int’l, etc, pr parler des « chiffres qui n’avaient pas lieu d’ê publiés » ? D’un » draft »?
L’insouciance avc laquelle c’est annoncé paraît plus inquiétante k ces résultats eux mm.#Burundi pic.twitter.com/Uhd1x9si0N
— Gilbert Bukeyeneza (@g_bukeyeneza) May 29, 2020
Le général Ndayishimiye a été déclaré lundi vainqueur de la présidentielle par la Commission électorale, avec 68,72% des voix, très loin devant Agathon Rwasa (24,19%). Le CNL a aussitôt dénoncé une «mascarade électorale», dressant la longue liste des irrégularités commises selon lui par le pouvoir, qui aurait fait pression sur les assesseurs de l’opposition et les électeurs, et multiplié les fraudes. De nombreux témoins dans tout le pays et des journalistes burundais ont confirmé à l’AFP la validité de certaines de ces accusations.
La Cour constitutionnelle a huit jours à compter du dépôt pour statuer sur le recours, avant de proclamer les résultats définitifs des élections présidentielle, législatives et communales du 20 mai.
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