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Le Mexique rompt ses relations diplomatiques avec l’Equateur, après une irruption policière dans son ambassade

La crise diplomatique est ouverte entre l’Equateur et le Mexique, qui a rompu ses relations avec Quito après l’irruption vendredi de policiers dans l’ambassade mexicaine pour y arrêter l’ancien vice-président équatorien Jorge Glas, recherché par la justice, qui s’y était réfugié.

Des images diffusées par des médias locaux montrent l’entrée de policiers en uniforme dans l’ambassade, dans le nord de la capitale équatorienne, où ils ont arrêté M. Glas auquel Mexico venait d’accorder l’asile.

Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a dénoncé une « violation flagrante du droit international et de la souveraineté du Mexique », dans un message sur le réseau social X.

« Le Mexique annonce la rupture immédiate des relations diplomatiques avec l’Equateur », a écrit dans la foulée la ministre des Affaires étrangères Alicia Barcena, sur X, précisant que le personnel diplomatique allait quitter immédiatement Quito.

Elle a demandé « les garanties nécessaires de la part de l’Equateur pour la sortie du personnel (diplomatique) mexicain », selon un communiqué.

Samedi matin, l’ambassade mexicaine était encerclée par la police et le drapeau national avait été retiré de son mat dans la cour du bâtiment, a constaté un photographe de l’AFP.

La veille, la cheffe de la diplomatie mexicaine avait indiqué attendre une réponse des autorités équatoriennes pour envoyer un avion afin d’évacuer ses diplomates.

« Un scandale! »
Des médias locaux ont diffusé des images de l’irruption des policiers dans l’ambassade. On y voit le chef de la mission diplomatique mexicaine, Roberto Canseco crier « c’est un scandale! », en courant après des véhicules quittant son ambassade. S’en suit une bousculade, au cours de laquelle M. Canseco tombe à terre.

Mme Barcena a estimé, dans des déclarations télévisées, que « l’agression physique » du chef de la mission diplomatique était « clairement perceptible », mais qu’il allait « bien » tout comme le reste du personnel.

Le Mexique avait accordé vendredi l’asile à Jorge Glas, réfugié depuis le 17 décembre dans son ambassade à Quito et visé par un mandat d’arrêt pour corruption présumée.

Quito avait dans la foulée qualifié cette décision d' »illégale ».

« Chaque ambassade a un objectif unique : servir d’espace diplomatique dans le but de renforcer les relations entre les pays », a commenté le ministère équatorien de la Communication, en ajoutant qu' »aucun criminel ne peut être considéré comme une personne politiquement persécutée ».

L’ancien vice-président « Jorge Glas a fait l’objet d’une condamnation exécutoire et d’un mandat d’arrêt émis par les autorités compétentes », a-t-il précisé.

L’octroi de l’asile à M. Glas était intervenu au lendemain de la décision de l’Equateur d’expulser l’ambassadrice mexicaine à Quito, à la suite de critiques émises par le président mexicain sur la conduite de la présidentielle équatorienne de 2023.

Mercredi, M. Lopez Obrador avait accusé les autorités équatoriennes d’avoir exploité l’assassinat du candidat d’opposition Fernando Villavicencio, le 9 août 2023, pour favoriser l’élection du libéral Daniel Noboa à la présidence de l’Equateur, au détriment de la candidate de gauche Luisa González.

Fernando Villavicencio a été abattu après un meeting de campagne dans le nord de Quito à quelques jours de l’élection du 20 août. Sept suspects ont été arrêtés pour ce crime, mais ont été tués en prison.

Le gouvernement équatorien avait jugé ces propos offensants et précisé que le pays était encore endeuillé par la mort de Fernando Villavicencio, féroce opposant à la corruption.

Glas sorti de prison en novembre
Jorge Glas, ancien vice-président entre 2013 et 2017 sous l’ancien président socialiste Rafael Correa (2007-2017), est accusé d’avoir détourné des fonds publics destinés à la reconstruction de villes côtières après un séisme dévastateur en 2016.

Dans une autre affaire, M. Glas avait été condamné en décembre 2017 à six ans de prison pour corruption dans un vaste scandale impliquant le géant de la construction brésilien Odebrecht. Il avait été relâché de prison en novembre dernier.

L’ancien président Rafael Correa, fugitif condamné à huit ans de prison pour corruption, a écrit sur X que « même dans les pires dictatures, l’ambassade d’un pays n’a pas été violée ».

« Nous tenons Daniel Noboa pour responsable de la sécurité et de l’intégrité physique et psychologique de l’ancien vice-président Jorge Glas », a ajouté M. Correa.

Ces dernières années, le Mexique a accordé l’asile ou le refuge à d’anciens partisans de Correa.

Jean Louis Verdier - Rédacteur en Chef Digital - Paris- Dubaï - Hong Kong dakarecho@gmail.com - Tél (+00) 33 6 17 86 36 34 + 852 6586 2047

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