Cryptomonnaie

Le bitcoin fait une percée au Nigeria, devenu le troisième pays utilisateur de crypto-monnaie dans le monde

Face à la crise économique et à l’inflation que connaît le pays, les Nigérians se tournent de plus en plus vers les monnaies virtuelles.

De plus en plus de Nigérians investissent dans les monnaies virtuelles, hissant leur pays parmi les leaders africains des usagers de bitcoins, avec l’Afrique du Sud et le Kenya. 4% des transactions en bitcoins dans le monde proviennent aujourd’hui du Nigeria. Plus de 400 millions de dollars ont été échangés en crypto-monnaies dans ce pays en 2020, faisant du géant ouest-africain le troisième utilisateur de monnaies virtuelles au monde après les Etats-Unis et la Russie, selon une étude du cabinet de recherche spécialisée Statista.

« Ce n’est pas surprenant », estime Andrew Nevin, économiste et directeur pays de PricewaterhouseCoopers. « Le naira (la monnaie nigériane, NDLR) est une devise très instable », poursuit-il, en référence aux régulières dévaluations de la monnaie nationale. Laquelle perd de sa valeur à chaque baisse du prix du pétrole, qui représente 90% de ses apports en devises étrangères.

Pénuries de dollars
La Banque centrale du Nigeria (CBN), étranglée par des pénuries de dollars dans les caisses de l’Etat, bloque régulièrement les paiements à l’étranger, empêchant les Nigérians de faire des achats en ligne ou de payer leurs études dans les universités du monde entier. Pendant que le naira poursuit sa chute, le bitcoin continue son ascension : +90% depuis le début de l’année. La monnaie numérique est devenue très prisée et s’est imposée en « valeur refuge » face à l’inflation.

Déjà adeptes du mobile money (transaction bancaire par smartphone), « les Nigérians sont en général très en avance sur tout ce qui est technologie, et la jeunesse est prête à adopter des méthodes de paiement et d’investissement alternatives, surtout dans un contexte où il y a de nombreux freins à l’entrepreneuriat », explique à l’AFP Charlie Robertson, économiste pour le cabinet Renaissance Capital.

Au Nigeria, le bitcoin est particulièrement attractif pour la jeunesse, qui s’en est notamment servie pour récolter des fonds pendant les grandes manifestations contre les violences policières d’octobre 2020.

La Banque centrale nigériane met régulièrement en garde les usagers de bitcoins à propos de sa volatilité. Elle a gelé des comptes approvisionnés en bitcoins, accusés de financer des flots d’argent illicite, des arnaques en ligne ou le blanchiment d’argent dans ce pays gangréné par les trafics et la corruption.

Elle a récemment interdit à toute banque locale les opérations sur devises virtuelles, provoquant une levée de boucliers de sa jeunesse. Mais rien n’y fait. Tout passe entre les mailles des contrôles, mais « les crypto-monnaies sont essentiellement spéculatives, anonymes et invisibles », en a conclu la CBN.

« Les pays devraient créer un cadre légal aux crypto-monnaies et former des jeunes à commercer dans ces devises », ajoute ce chercheur en intelligences artificielles basé à Dallas.

Monnaie anonyme et invisible
Le réseau bitcoin est basé sur une structure décentralisée. Des plateformes proposent de mettre en relation les acheteurs et les vendeurs intéressés, sans avoir à récolter des données personnelles qui permettraient à l’Etat de contrôler les transactions.

Il est possible d’acheter des bitcoins en ligne sur des plateformes spécialisées, ou en échange de n’importe quel bien ou service avec une personne en possédant déjà. La transaction peut se faire de smartphone à smartphone.

L’évolution constante de ces innovations pourrait, malgré leur aspects spéculatifs, convaincre de plus en plus d’Africains de se tourner vers ces devises virtuelles, surtout si ces pays connaissent une grave crise économique.

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