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La stratégie gagnante de Hong Kong face à la pandémie du coronavirus

Le territoire chinois ne compte que 157 cas et quatre morts. Grâce à une méthode souple et une détermination collective, forgées par le sras de 2003.

S’il y a une leçon à retenir de la pandémie de Covid-19, c’est qu’il n’y a pas de fatalité. Et Hong Kong en est la preuve. Cette métropole chinoise semi-autonome semblait vouée à être frappée de plein fouet, comme en 2003 par le sras (syndrome respiratoire aigu sévère, un cousin du nouveau coronavirus). Malgré des flux de voyageurs considérables avec la Chine continentale, la densité urbaine la plus élevée du monde, ses appartements dortoirs insalubres et bondés de travailleurs pauvres, l’ancienne colonie britannique ne compte aujourd’hui que 157 cas et quatre morts, un bilan exceptionnel vu son exposition.

Au début de l’année, quand la nouvelle d’une pneumonie d’origine inconnue a commencé à faire surface à Wuhan, 200’000 personnes venues de Chine pénétraient encore chaque jour au travers des quatorze points frontaliers avec le continent. Dès le 3 janvier, réagissant à la rumeur d’un «nouveau sras», les autorités hongkongaises ont déployé des contrôles systématiques de température à ces points d’accès et sur certains axes clés du réseau de métro. Une mesure jugée superflue en Europe. C’est pourtant par ces thermomètres et scanners que sera détecté le premier cas, ainsi que plusieurs autres.

À la pointe de la recherche
Les autorités hongkongaises étaient en fait très bien conseillées. Depuis la création en 1972 par le chercheur australien Kennedy Shortridge du département de microbiologie de l’Université de Hong Kong, la ville est à la pointe de la recherche sur les épidémies. Elle a renforcé sa prééminence en affrontant le sras, qui y a fait plus de 200 morts. Un traumatisme collectif devenu un atout pour mobiliser l’opinion en cas d’alerte.

Les médecins vétérans de ce premier coronavirus sont aujourd’hui aux commandes. Alerté par son intuition, le professeur Yuen Kwok-yung, qui occupe la chaire de maladies infectieuses, s’est rendu en personne à Wuhan dès le 17 janvier et a contribué à faire éclater la vérité sur la contagiosité très élevée du nouveau virus. Et dès le 27 janvier, son collègue épidémiologiste Gabriel Leung publiait une prédiction mathématique alarmante, établissant le risque d’une pandémie de grande ampleur.

Ces «sentinelles» ont mis la ville sur le branle-bas de combat, alors que le reste du monde était dans l’expectative. Sans pour autant imposer un confinement total comme en Chine continentale: le télétravail s’est généralisé et les écoles sont fermées jusqu’au 20 avril, mais les commerces sont toujours restés ouverts et la population demeure libre de se déplacer. Tous les postes-frontières ont eux été fermés début février, sauf un, réduisant à quelques centaines d’entrées par jour les flux depuis le continent, décision difficile à prendre contre l’avis de Pékin. Et face à la multiplication des foyers, à partir de jeudi 20 mars tous les voyageurs, quelle que soit leur provenance, se verront imposer une quatorzaine à domicile à l’entrée sur le territoire.

Les Hongkongais ont réduit d’eux-mêmes leurs sorties et portent des masques systématiquement en public. À contre-courant des autorités sanitaires occidentales, Yuen Kwok-yung n’en démord pas et le justifie dans une récente interview: «Portez un masque pour vous protéger non seulement vous-mêmes, mais aussi les autres, parce que si vous êtes infectés mais asymptomatiques, vous pourriez toujours arrêter de diffuser le virus en portant un masque.»

Le port du masque illustre en fait l’engagement de tous à lutter contre l’épidémie. «Tous nos citoyens sont conscients de la menace du virus et tout le monde porte un masque», justifie ainsi Ivan Hung, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Queen Mary et professeur de l’Université de Hong Kong, interviewé fin février dans son bureau. «Nous avons développé le télétravail, les cours à distance. Et peu de gens sortent pour aller dîner, ce qui est le plus grand risque, parce que quand vous enlevez votre masque, vous pouvez transmettre le virus.»

«Testez, testez, testez!»
L’autre clé est la traque quotidienne des chaînes de transmission, en enquêtant pour retrouver tous ceux que les nouveaux cas identifiés ont pu infecter. «La rapidité du diagnostic est décisive», rappelle ce médecin, qui avait été décoré pour sa bravoure en 2003. «Dès que nous sentons que quelque chose ne va pas, nous isolons les patients et nous conduisons des tests d’urgence. Si vous avez un traitement précoce, le taux de guérison est très élevé.» Une différence de plus avec les pays occidentaux, aujourd’hui submergés par l’épidémie, qui ont cru qu’il suffisait de ne tester et détecter que les cas les plus graves. C’est cette leçon qu’a tirée lundi le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, en martelant en conférence de presse à Genève: «Nous avons un message simple pour tous les pays: testez, testez, testez!»

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